Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
bric à bracs d'ailleurs et d'ici

theatre

Et quoi l'éternité ?

7 Octobre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #album, #cahiers de l'égaré, #développement personnel, #pour toujours, #spectacle, #écriture- lecture, #théâtre

flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse

flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse

Un concepteur : Dominique Lardenois

Deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

pensées particulières avant la traversée 
pour Cyril, Michel dont le maire, Ange Musso, nous avait annoncé la disparition le 28 septembre 2001, à 17 H sur le palier
pour les 81 ans de JP, le 29 septembre
pour Annie, partie le 29 novembre 2010
pour V. P. en traitement de choc pour un cancer généralisé
pour Katheline, en train de partir en unité de soins palliatifs à Lyon
(elle sera très présente dans la prochaine oeuvre poétique de Nouria Rabeh : Ode à l'humanité suivie de Territoires de la Joie)
pour Alain, en traitement pour un cancer, depuis ce 29 septembre
NB : je n'ai pas corrigé les maladresses du document livré; elles font partie du moment partagé
dispositif scénique, les deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

dispositif scénique, les deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

ET QUOI L’ ETERNITE ?

UNE TRAVERSEE DANS L’ŒUVRE DE JCG-VITA NOVA

Choix des textes Dominique Lardenois

Interprétation : Katia Ponomavera, Dominique Lardenois

Lecture réalisée le vendredi 29 septembre à la Maison des Comoni ( Le

Revest-les-Eaux)

Lardenois

Présentation de la soirée :

Bonsoir à toutes, bonsoir à tous, bonsoir Monsieur le Maire du Revest les Eaux.

Merci beaucoup d’être en notre compagnie pour partager notre traversée dans

les écrits de Jean-Claude Grosse.

Bonsoir Katia

Bonsoir Jean-Claude.

Comme tu l’as souhaité, tu vas donc découvrir en même temps que notre

public les textes que nous avons choisis pour faire notre traversée.

Mais avant de commencer un petit récapitulatif de tes activités littéraires.

Tu interviens si j’ai oublié quelque chose d’important !

Donc entre 1997 et 2021, tu as, publié 15 livres, Théâtre, poésie, essais, poème

récit,

Et puis, en février 2022, tu publies un seizième livre que tu intitules : Et ton

livre d’éternité ?

Quel livre !

Un roman polyphonique de six cent soixante six pages que tu as écrit durant

deux années.

Tu publies sur tes blogs qui sont consacrés aux questions politiques et sociales,

au développement personnel et à l'éveil spirituel, de très nombreuses notes de

lecture puis tu n’hésites pas à fait part de tes réflexions et de tes prises de

positions sur des domaines très variés.

1Jean-Claude , on peut te voir faire des choses que l’on dit ordinaires comme

par exemple faire tes courses en préférant les circuits courts, boire un café, te

promener dans la garrigue ou conduire ta voiture …

Mais lorsque tu écrits, tu te métamorphoses !

Lorsque tu écrits tu deviens E. Say Salé (ton hétéronyme africain) ou JCG,

(celui qu’on appelle communément J.C) ou Lui-Je, hiérosolymitain d’Avers sous

les eaux depuis le Déluge et d’Avers sur les eaux Et de Corps ça vie ou Vita

Nova.

Je ne connaissais évidement pas le mot Hiérosolymitain et j’ai regardé dans le

dictionnaire, alors : Hiérosolymitain nom masculin qui signifie habitant de

Jérusalem

Dans tes écrits comme dans ta vie, tu traces un chemin très singulier et

atypique avec une démarche profonde, sérieuse argumentée et engagée.

Ce qui n’empêche pas l’humour.

Cette traversée sera subjective, chacune et chacun d’entre vous pourrait en

proposer d’autres, elle ne pourra pas rendre – compte de tout ce que tu as

écrit. Merci de nous le pardonner !

Elle est (sauf coup de tonnerre) prévue pour une durée d’une heure.

Pour conclure cette soirée de manière amicale un pot vous est offert par la

municipalité du Revest-les-Eaux

Vous pourrez aussi, si vous le souhaitez, vous procurer les ouvrages de Jean-

Claude. J’ai cru comprendre qu’il serait à prix réduit ? Tu confirmes Jean-

Claude ?

Vous dire enfin que cette soirée est soutenue par Les Cahiers de l’Égaré, Les

quatre 4 Saisons du Revest et d’ailleurs, La Municipalité du

Revest-les Eaux. En partenariat et avec le soutien de TPM et du Pôle.

Merci beaucoup à eux

Merci à l’équipe technique de la Maison des Comoni qui nous ont très bien

accueillis.

N’oubliez pas tout à l’heure de rallumer vos téléphones portables.

Bonne soirée

2Jean-Claude est-ce que tu une idée du texte avec lequel nous allons commencer

notre traversée ?

On va commencer avec un poème

Il fait partie des 92 poèmes que tu as écrit entre 1958 et 2000 et qui sont

regroupés dans La Parole éprouvée.

C’est un poème que tu as écrit en 1999 pour Les 4 Saisons de Revest aventure

de théâtre et de poésie depuis 1983 et pour L’Agora de La Maison des Comoni

espace de pensée libre, gratuit depuis 1995

Il est dédicacé à Florence, Michelle, Jacqueline, Malika, Jean-Louis, Alex, Cyril,

Rachid, Philippe, Joël, Paul, Michel, Florence, Jacques et Béatrice.

Il a pour titre

(DES) APPRENTISSAGE DE LA BÊTISE, DE LA MAÎTRISE

C’est un poème autobiographique

J’ai commencé le 25 octobre 1940,

jour de ma naissance criée

en maternité-celle des fleurs-du côté d’Ollioules.

menue maman sans son homme

-mon père-du côté de Dakar.

Il faisait nuit-une heure du matin-

c’était minuit dans le siècle de Trotsky assassiné,

nuit et brouillard sur l’Europe nettoyée par Hitler.

Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier.

Grandissant, on apprend. Coupable, on devient.

De parents coupables d’innocence.

Nous vivions en zone libre, au temps des restrictions,

dans une France coupée en deux et collabo.

27 novembre 1942. Sabordage de la Flotte.

Un obus dans ma chambre à Rodeilhac. -Maman m’a raconté-

Un obus dans ma chambre qui n’a pas explosé. J’eus la vie sauve,

perdis l’usage d’un œil le gauche

jusqu’à la Libération où je fus rétabli dans ma vision.

3Avant ma longue errance dans le labyrinthe de l’Histoire, je jouais à des jeux

touchants.

Il faisait un temps de guerre froide sur le monde coupé en deux.

Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier

que les coupables torturés, abattus, enfermés au goulag étaient innocents.

Moi, je jouais ici en démocratie quatrième République, sans savoir ce que c’est,

du côté de Castres.

Là-bas, d’autres enfants jouaient du côté de Moscou, de Pékin aux mêmes jeux

touchants, dans des démocraties populaires à régime totalitaire sans savoir ce

que c’est.

Après l’effondrement du mur de Berlin

quand après les deux mondes il n’y en eut qu’un

je compris que les dictatures à langage unique s’effondrent

quand les démocraties à pensée unique perdurent.

Avant mon séjour prolongé dans le labyrinthe du Politique

où sévit le Minotaure Libéral qui bouffera nos enfants,

j’appris l’élémentaire, le primaire, le secondaire et le supérieur.

Quelle adolescence du désastre chez les enfants de troupe !

Et à Saint- Cyr Coëtquidan, terre de fondrières et d’effondrements,

L’entrée en poésie pour tenter d’en sortir.

Ecriture appliquée sur des cahiers d’égaré.

Du mot qui dénomme croit faire apparaître la chose dans sa lumière

au mot qui monte, pense faire voir le plein de la chose

jusqu’au mot -mais y arriverai-je à cet ultime ?- jusqu’au mot investi par les

vides et les pénombres de la chose.

Car plus je passe, moins j’explique, moins je comprends : l’expérience me

désapprend le monde et l’homme.

4De la poésie fascinée par l’absence de ce qui n’est pas, de la poésie comme

plainte et révolte à la poésie de la présence et de l’acquiescement à ce qui

apparait et disparait.

De la poésie comme volonté de puissance pour désembourber l’avenir

A la poésie comme humilité pour chuchoter ce qui nous ramifie.

Et ce fut le temps de la paix en Algérie.

A l’Algérie française j’avais cru et je suis arrivé dans ce pays libéré de moi/de

mes pieds noirs, de mon Etat

sans être inquiété ou haï.

Prise de conscience des tromperies de tous bords.

Crise de conscience. Démission de l’armée.

Reprise des études en Sorbonne, à Nanterre.

Professeur de letres et de philosophie dans le Nord

aimé d’une élève, l’aimant en retour

ah la légère, l’aérienne ! Etoile et danse !

Vivre d’aimer au temps de Mourir d’aimer.

Mariages civil et religieux, nous athées,

Au beau milieu de l’année.

Une fille nous est venue le jour du deuxième tour des élections de 68.

Après l’exaltation du 13 mai au 6 juin,

Entré en politique avec le souci de transformer le monde

par la vérité et la lutte des classes.

J’ai perdu de vue notre fille et ma femme.

Le militant, 12 ans durant, a oublié d’être mari et père.

30 ans après, on revient là-dessus.

A vu le jour notre deuxième, 3 ans après.

A vu le jour après avoir failli être perdu !

Homme d’écriture et de théâtre comme moi et comme sa sœur.

Du Nord au Sud, ce que nous avons gagné en soleil, nous l’avons perdu en

chaleur.

5Après la révolution mondiale pour changer la vie,

Echec patent

l’action municipale, 12 ans durant,

pour faire du village du Revest, une agora rayonnante,

Pari tenu.

Vie depuis consacré au théâtre, art de la parole et du silence,

Art du dit, du non-dit, du mi-dit

Art de la voix, du regard, du corps,

Art de la présence et du partage

Cet art du rassemblement me tient en éveil, en alerte,

capteur d’inattendu bouleversant

en marge de la déception qui me saisit quand ce qui se passe sur scène est en

représentation.

Me soumettant à l’impératif de l’essentiel, que me faut-il maintenant

entreprendre entre le franchissement de l’an 2000 et le passage à vide ?

Ecouter la symphonie des nuages qui dérivent au dessus de ton toit.

Voir depuis chez moi le théâtre des vents alternes dans l’olivaie.

Commentaire :

Cher Jean-Claude tu as écrit ce poème-portrait à l’aube de l’an 2000. Vingt-trois

années on va se rendre-compte que tu ne t’es pas contenter d’écouter la

symphonie des nuages et voir le théâtre des vents dans l’olivaie.

(Temps)

Lardenois

Puisque nous sommes en automne nous avons choisis de poursuivre notre

traversée avec un texte que vous trouverez dans

ET TON LIVRE D’ETERNITE ?

Il a pour titre :

Vivre les saisons au féminin que tu sois femme ou homme

6Katia

Quand vient l’automne,

Je repense à ces fleurs qui sont nées.

Qui ont parfumé nos âmes.

Je repense à ces fruits délicieux,

Que nous avons cueilli ensemble

Dans notre arbre âme.

Oh mon amour, j’ai tellement de reconnaissance

Pour toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits

Que tu as fait pousser en moi, à travers moi,

A travers d’autres.

J’ai tellement de reconnaisse pour

Toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits,

Que nous avons créés ensemble,

Au bout de nos sourires, de nos regards, de nos mains d’oiseaux, de nos danses

colorées, de nos souffles, de nos joies partagées.

Quand vient l’automne,

Je repense à toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits, toutes ces

graines,

Qui vont tomber en terre.

Et je ressens la sève qui descend,

7Les feuilles qui lentement se rétractent, se détachent des branches.

Tout devient plus craquant et plus sec,

Alors je pense, mon amour, à ce besoin

De retrouver la TERRE

A ce besoin de fondre dans l’humus- amant,

De fondre, à nouveau dans l’obscurité et la chaleur de sa douce présence.

Et je pense à ce temps de recueillement,

Ce lâcher prise après l’été ardent

Et je laisse la sève revenir à la TERRE,

Je laisse mon amour revenir en mon centre plus présent et plus fort.

Ressourcement, transformation

Passage de la lumière à l’obscurité

De l’extérieur à l’intérieur.

Mon cœur porte cet élan des saisons avec moi,

Et je sais que mon amour a autant besoin de fruits mûrs que de branches

d’hiver.

Mon amour, tes belles feuilles toutes gorgées d’été et de chaleur,

Vont ralentir leur activité

Pour nourrir le bois, les directions nues qui se trament au bout des branches,

dans le corps de ton tronc, dans la conscience nue,

Et je pense à ce besoin de renouvellement, de régénérescence.

8Dans la douce fin d’été si sucrée,

Je pense à ma capacité à mourir pour renaître encore,

Je pense au phénix et je pense à l’oiseau

Et je laisse mes plumes se suspendre un instant.

Une profonde introspection commence.

Ce besoin d’être à l’intérieur,

Ce besoin d’habiter l’intérieur,

Ce besoin de prière.

Âme du monde je te reconnais.

Je te reconnais dans ton foisonnement, ta générosité, je te reconnais dans ta

nudité, ton abandon.

Et je descends dans ton essence pour effleurer avec toi l’âme plus grande qui

nous berce toi et moi et nous demande d’écarter encore nos antennes célestes

Pour propager, cultiver cette atmosphère du souffle

Dans chaque recoin du monde,

Avec ce souffle amoureux,

D’un espoir à trouver, d’une paix à toucher.

fin de traversée

fin de traversée

(Temps)

Lardenois

DANS

LES ENFANTS DU BAÎKAL

Il était une fois le Baïkal et une goutte d’eau

9Katia

C’est un conte !

Un dialogue entre un Grand-père et sa Petite Fille qu’il appelle sa Fetite Pille.

Lardenois

Le Grand Père : Tu veux voyager ?

Katia

La Fetite Pille : Oui loin !

Lardenois

Alors on est parti !

Katia

Où ça ?

Lardenois

Au lac Baïkal

Katia

C’est où ?

Lardenois

Vers l’est, à 10 000 kilomètres de la Méditerranée.

Katia

Comment on y va ?

Lardenois

Par l’imagination

Katia

Oui, mais en vrai ?

Lardenois

En vrai, avec le Méditerranée-Baïkal un train pour les rêveurs.

Katia

10On part quand ?

Lardenois

Le 28 juillet à 7 heures du matin.

Katia

Combien on passe de jours dans le Méditerranée-Baïkal ?

Lardenois

7 jours pour Oulan- Oudé

Katia

Qu’est ce qu’on y fait ?

Lardenois

On voit de nouveaux visages, de nouveaux paysages, on traverse des rivières,

on passe sous des montagnes, on entend la musique des roues…

Katia

C’est bien voir de nouveaux visages ?

Lardenois

C’est ce qui est le plus passionnant, chaque visage raconte son histoire.

Katia

Moi, j’entends rien quand je regarde.

Lardenois

Il faut voir avec les yeux du cœur pour entendre l’histoire muette d’un visage !

Katia

Raconte-moi les arrêts sur image.

Lardenois

On commence par lequel ?

Katia

11Oulan- Oude c’est la qu’on descend pour aller au lac. Comment on va au lac ?

Lardenois

Un mini bus puis en bateau pour aller à Baklany. C’est une plage de sable ocre

réservée à deux poètes. Dasha et Lisa.

Katia

Elles vivent comment ?

Lardenois

Seules, dans une isba en bois, elles pêchent, chassent, cueillent des baies

Katia

Elles n’aiment pas les gens ?

Lardenois

Si, mais elles les aiment trop ! Les gens sont toujours décevants quand tu les

aimes trop !

Katia

Je t’aime beaucoup alors tu me déçois ?

Lardenois

Sans doute, je ne suis pas à la hauteur des histoires que je veux te raconter.

Katia

Ca c’est vrai : le minibus, le bateau, tu peux faire mieux ! Dis- moi quelque

chose qui me parle…

(temps)

Lardenois

Il était une fois une goutte d’eau sur une feuille de bouleau Elle s’appelait

Baïkala . C’était une goutte de rosée qui comme toutes les gouttes de rosées

accrochées à des branches, devait tomber dans le lac.

12Pourquoi refusa-t-elle ce destin ? Elle savait, vieux savoir, que si elle tombait

elle perdrait sa singularité, qu’elle se fondrait dans la masse. Elle se croyait

unique.

Le bargouzine avait beau souffler, la petite goutte d’eau résistait, et s’accrochait

à la feuille.

Ce n’est pas le vent qui eut raison d’elle mais le soleil. C’était en août. Elle

s’évapora.

Liquide, elle était devenue vapeur.

Lourde elle était devenue légère.

Elle avait rejoint un nuage, elle avait changé d’état.

Les gouttes de nuage c’est comme des semences. Quand elles tombent en

pluie sur la terre, tout ce qui attend de naître se met à pousser.

Ca lui plaisait d’être la semence universelle, de faire naître, de faire grandir, de

faire vivre.

FP : moi, j’ai envie de grandir ! Est ce que je pourrai rencontrer Baïkala ?

GP : Bien sûr ! On part au Baïkal ; on attend la prochaine pluie et Baïkala, la

goutte d’eau, tombée du ciel descendra spécialement pour toi et viendra se

loger…….. dans ton nombril.

Katia :

Dans mon nombril ?

Lardenois

Oui dans ton nombril ! Le nombril d’or, l’omphalos c’est ici dans ton nombril

que se relient les eaux utérines donnant naissance et les eaux torrentielles

donnant la vie.

Tu es une manifestation sacrée de la Vie !

Katia

Ah bon ?

Tu délires pas un peu avec mon nombril ?

Maman dit que t’es un putain de nombriliste.

13Pardon pour putain c’est son mot.

(Temps)

Lardenois

Commentaire : Le premier vers de ton poème autobiographique débute par «

J’ai commencé », alors que dire sur le commencement ?

DANS

JOURNAL D’UN EGARE

QUE DIRE SUR LE COMMENCEMENT ?

Katia

Que dire sur le commencement ?

Quand un commencement commence

Un chemin se met à cheminer

Jusqu’à une fin

Qui y met fin.

Lardenois

Le commencement contient-ils le chemin et la fin ?

Il y a des tenants de cet abrutissement.

Si le commencement ne contient rien

Et si la fin ne dit rien

Y a-t-il encore chemin ?

Katia

DESTIN ?

14Lardenois

HASARD ?

Katia

Tout commencement est arbitraire.

Il n’y a pas de point zéro

Le point zéro de tout big bang est inaccessible,

Tu ne peux tout réinventer, tout recréer

Pars de ce qui t’est donné

Et que tu ne peux refuser.

Pars de cette violence qui t’est faite

Et que tu peux organiser.

Dieu nous a donné la Terre.

Nous la lui rendrons retournée, cultivée.

Il a fait l’animal humain

Nous lui rendrons l’Homme.

Lardenois

50 années plus tard tu relis Jean-Claude, ces quatre derniers vers

Réécoutons-les !

Katia

Dieu nous a donné la Terre.

Nous la lui rendrons retournée, cultivée.

Il a fait l’animal humain

Nous lui rendrons l’Homme.

Lardenois

Tu relis donc ces quatre vers et tu écris :

15J’ai osé écrire cela il y a 50 ans en 1966 ?

J’ai osé mêler Dieu à notre aventure terrestre et cosmique.

J’ai aussi osé évoquer par trois fois un « Nous

»

: espoir d’unité et d’élévation

très affirmé. .

Qui oserait, aujourd’hui, croire au « Nous

»

?

Aujourd’hui, je vois triompher le « Moi ».

Du « Nous » exacerbé au « Moi » enflé, tel est notre trajet majori

(Temps)

Katia

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

DELAVIEDELAMORTMÊLEES (écrit comme un seul mot ?)

Lardenois

Méditation poétique sur le hasard et la mort

Katia

Au clocher de Corsavy

vieux de quelques siècles

midi sonne

le temps passe

elle se rapproche

Lardenois

Sirène de pompier

barri d’amunt

attroupement de voisins

que se passe t-il ?

16Katia

C’est Francine elle a un malaise cardiaque.

Lardenois

En réalité c’est trop tard.

Rupture d’anévrisme.

Katia

Dans son lit Francine discutait avec deux amies

Des voisines

Elle dit J’ai la tête qui tourne

elle la rejette en arrière

pousse un râle,

ce fut tout

C’était terminé.

Lardenois

La page est tournée

les volets sont fermés

Francine n’est plus

Katia

Des paroles s’envolent.

Lardenois

c’est le destin

Katia

c’était son heure

Lardenois

c’était écrit, c’est la vie !

Katia

La vie continue dit une autre femme

Lardenois

Plus tard

je m’interroge

minuit sonne

le temps passe

elle se rapproche.

17Que disent ces paroles de survivants ?

La vie continue oui

pour chacun de ces vivants

moi y compris

qui vous écris.

Katia

Dans le Grand Livre de la Nature

il n’y a qu’une inscription

nous sommes mortels

A l’échelle du temps immense

nous ne sommes qu’une éloïse

dans la nuit éternelle

Lardenois

A notre échelle

cette petite part de temps et de vie

qui nous est donnée par le hasard

comment pouvons-nous la vivre ?

Katia

Don du hasard

la vie

Lardenois

Don du hasard

toi moi

Katia

Don du hasard

ta mort avant la mienne

Lardenois

Dans ce grand jeu de hasard sans règles et sans lois sans calculs de probabilités

comment jouer ?

Katia

Entre le Tout ( avec un grand T) et le Rien ( avec un grand R)

chacun doit trouver sa juste mesure

18ce n’est pas Tout

ce n’est pas Rien

ce n’est pas Tout ou Rien

c’est un tout petit peu du Tout

c’est un petit peu plus que Rien

Lardenois

Vivre en homme de raison

c’est penser

clarifier un peu de l’incompréhensible

un peu de l’indescriptible

Katia

Chacun de nous est libre

de donner la signification

et la valeur qu’il veut

à sa vie

Lardenois

Moi,

Je n’ai pas envie d’ajouter

de la laideur au monde

mais un peu de beauté

de pensée

Katia

Ce fut sans doute aussi le choix de vie de Francine

Son sourire

sa bonté

sa beauté

étaient les signes de ce qu’elle était

de ce qu’elle était devenue.

(Temps)

19Lardenois

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

La vie est comme un zèbre, une bande blanche, une bande noire…

Katia

Imagine que ta vie soit comme un zèbre une bande blanche, une bande noire.

Quel temps accorderas-tu à ta vie privée. Lequel à ta vie publique. Lequel à tes

passions, tes talents. Lequel à ton métier ?

Lardenois

Distingues le temps que tu accorderas à ton corps, à ton esprit, à ton âme, le

temps que tu accorderas à ta femme, à vos enfants, à tes parents, aux amis, aux

voisins, aux lointains, à la politique, à la morale, à l’éthique, à la culture, à

l’humanitaire, à la lecture, au cinéma, au pastis, à l’amour, au travail…

Katia

Demandes- toi ou tu vas choisir de vivre ? Ville, campagne, montagne, au fond

des bois, au bord de la mer

Lardenois

Demandes- toi si tu veux vivre sédentaire, sécurisé ou nomade précarisé. Si tu

veux vivre dans une hutte, une isba, une yourte, une maison ou une caravane !

Katia

Demandes- toi si tu veux vivre en accumulant des biens de toutes sortes, en

consommant, en polluant, en détruisant ou en réduisant tes besoins, tes désirs

et en vivants sobrement.

Lardenois

Demandes toi si tu veux vivre en solitaire, en dérangeant le moins possible

l’ordre des choses et en refusant de changer le monde

Ou si tu veux vivre en épicurien, cultivant l’amitié,

Katia

20Ou si tu veux vivre en homme de la grande et de la petite responsabilité en

cherchant à donner sens et valeur à sa vie, à donner le meilleur de TOI –MÊME

plutôt qu’à prendre ou à réclamer, sans hurler à la mort ou aboyer à la lune.

Katia et Lardenois A deux

A toi de jouer !

le discours improvisé, sincère du Maire, Ange Musso

le discours improvisé, sincère du Maire, Ange Musso

(Temps)

Katia

Je pars

Lardenois

Où ?

Katia

Au Baïkal !

Lardenois

DANS

LES ENFANTS DU BAÏKAL

L’invitation à la vie (extrait)

Katia

Personnages :

Lardenois

Le fils

Katia

La mère

Lardenois

Le père

Katia

La sœur

(Temps)

21Katia

Le fils

Lardenois

Je pars

Katia

Le père

Lardenois

Où ?

Katia

Le fils

Lardenois

Au Baïkal

La mère :

Katia

Pourquoi ?

Le fils :

Lardenois

Un amour là-bas

Katia

Le père :

Lardenois

Bonne raison !

La mère :

Katia

Ce n’est pas une raison.

22Le fils :

Lardenois

Elle s’appelle Baïkala

La mère :

Katia

Elle est comment ?

Le fils :

Lardenois

Pure comme le lac.

La mère :

Katia

Folle du cul comme tu les aimes.

Le fils :

Lardenois

Maman !

Katia

Le père :

Lardenois

Que fait-elle ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Elle chante le Baïkal.

Katia

Le père :

23Lardenois

Tu vas vivre d’amour et d’eau fraîche ?

Katia

Le fils :

Lardenois

A peu prés.

La mère :

Katia

Et ta santé ?

Le fils :

Lardenois

Le Baïkal protège ceux qui l’aiment et qui s’aiment.

Katia

Le père :

Lardenois

Qu’est ce que tu lui trouves à ce lac ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Écoute-le !

La mère :

Katia

Et à elle ?

Le fils :

Lardenois

24Ecoute- la !

La sœur :

Katia

Je pars avec toi ….

(Temps)

Katia

Le fils:

Lardenois

On va répéter ici !

Les comédiens :

Katia

En pleine nature ?

Lardenois

T’es dingue !

Katia

On va dans le mur !

Le fils:

Lardenois

Oui ici !

Où vois- tu un mur ?

Cet endroit du Baïkal s’appelle BAKLANY .

Au large l’île aux Mouettes. Vous les entendez ?

La sœur :

Katia

Oui, c’est bien ici. Dans la forêt c’est parfait.

25Lardenois

Les comédiens :

Katia

Quel vacarme !

Lardenois

Pourquoi tu nous infliges ça ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Où veux-tu répéter La Forêt d’Ostrovski ?

Les comédiens :

Katia ou à deux

Dans un théâtre !

Katia

Le fils:

Lardenois

Vous n’avez rien compris au théâtre russe !

Les comédiens :

Katia

En pleine nature,

Lardenois

Sans le moindre confort,

Katia

T’es dingue !

Le fils:

Lardenois

26Oui ici, à BAKLANY

on est au plus prés de la taïga. De ses cadeaux, de ses dangers.

Les comédiens :

Katia

La nature est insupportable.

Lardenois

Tes idées sont insensées.

Katia

La nature pour éprouver l’art !

Le fils:

Lardenois

Vous préférez l’artifice ?

Les comédiens :

Katia

Ta nature, elle nous emmerde.

Lardenois

On l’emmerde et toi avec.

Katia

On se casse !

Le fils :

Lardenois

C’est ça cassez-vous ! J’ai pas besoin de vous !

La sœur :

Katia

Je reste !

Le fils:

27Lardenois

C’est comme ça dans toutes les aventures artistiques.

L’art ça dérange ou ce n’est pas de l’art.

(Temps)

Katia

Lui- Je, n’attend plus du théâtre qu’il lui donne de la voix, qu’il lui ouvre la voie,

une voie.

Il a pourtant fait partie du milieu, bénévolement pendant 22 ans et créateur du

festival de théâtre d’Avers sous les eaux puis directeur des 4 Saisons d’Avers sur

les eaux dans la Maison des Romanich de 1983 à 2004.

Il a cru, par passion, à la nécessité de soutenir la création artistique, de

l’écriture à la mise en scène, de soutenir et susciter des formes innovantes et

l’émergence de jeunes créateurs.

Ce fut une période passionnante qu’il ne renie pas

Mais Lui-je a pris conscience progressivement vers 2017/2019 que pour lui, le

vrai travail est à faire sur soi et par soi.

Pas d’agir sur les autres, d’influencer les autres.

Pas d’être agi par les autres.

Au théâtre, au spectacle, on est dans la représentation, pas dans la présence,

pas dans le présent.

Au théâtre je suis spectateur, je ne suis pas acteur de mon destin de mes choix

de vie à mes risques et péril.

Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :

Enjeux de pouvoir

Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :

Luttes de pouvoir.

28(Temps)

Lardenois

Ah le Théâtre !

(à Jean-Claude)

Jean-Claude, entre 1997 et 2017 tu as écrit et publié 7 pièces de Théâtre !

(Bravo)

Cinq pièces sous ton propre nom : Jean-Claude Grosse

Katia

La Vie en jeu

Lardenois

La Lutte des places

Katia

Le Libre jeu

Lardenois

La où ça prend fin

Katia

Et Histoire de places

Lardenois

Et trois autres pièces sous le nom de ton hétéronyme E.Say. Salé

Katia

Moi, Avide 1erl’Elu

Lardenois

EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises

Katia

Et Vols de voix Farce PESTILENTIELLE à l’occasion de la présidentielle 2017

 

Lardenois

Nous avons cherché dans le dictionnaire la signification de ce mot étrange

Hétéronyme

Katia

En littérature un hétéronyme est un pseudonyme utilisé par un écrivain pour

incarner un auteur fictif qui possède une vie propre et un style littéraire

particulier.

Lardenois

C’est clair ?

Ton Hétéronyme : E Say Salé est un auteur congolais qui vit à Ouagadougou, il

écrit des farces et il est aussi est cinéaste.

(A Jean-Claude)

C’est bien ça Jean-Claude ?

Katia

Vols de voix comportent 169 personnages

Le questionneur de merde

Lardenois

Le soliste qui œuvre en sous-sol

Katia

Arlette du musée Grévin

Lardenois

Le repentiste

Katia

Persil et Omo

Lardenois

La dératée des champs

30Katia

La servante du grand méchant loup

Lardenois

Sigmund et Jacques

Katia

L’entre deux-chaises

Lardenois

Un habitant de gogoland monsieur Gogo

Katia

L’ultraculpabilisateur néo libéral de gauche

Lardenois

L’anartiste … et bien d’autres !

Katia

169 personnages qui se partagent 235 répliques dont celle du Romain à succès

en 1956

Lardenois

Réplique du Romain à succès

Le député était préoccupé. Il essayait de se rappeler à quelle formation

politique il appartenait. Son parti s’était scindé en deux, les éléments de chaque

tronçon se repliant eux-mêmes par des systèmes d’imbrications vers trois

formations diverses, lesquelles exécutaient un mouvement tournant autour

du centre afin de s’y substituer, cependant que le centre lui-même subissait un

glissement vers la gauche dans ses éléments centripètes et vers la droite dans

ses éléments centrifuges.

Le député était à ce point dérouté qu’il en venait à se demander si son devoir

de patriote n’était pas de suscité lui-même la formation d’un groupement

nouveau, une sorte de noyau centre-gauche-droite avec apparentements

périphériques lequel pourrait fournir un pivot stable aux majorités tournantes,

31indépendamment des charnières qui articulaient celles-ci intérieurement, et

dont le programme politique pourrait être justement de sortir du rôle de

charnière pour accéder au rôle de pivot.

De toute façon, conclut le député, le seul moyen de s’y retrouver était d’avoir

un groupe à soi.

Katia

Le député leva brusquement vers le barman un regard désemparé.

 

en flagrant délire d'écoute
en flagrant délire d'écoute

en flagrant délire d'écoute

(Temps)

Katia

Nous allons à présent quitter le cauchemar du député pour un moment de

rêve qui se trouve dans «

Journal d’un égaré

»

C’est le Rêve d’une école de la vie

Un texte dédié au philosophe à Marcel Conche que tu nommes Epicure de

Corrèze

Lardenois

Je rêve d’une école de la vie de trois classes.

Katia

Une classe pour apprendre à raconter. Pour seize enfants de 6 à 9 ans.

Lardenois

Une classe pour apprendre à s’émerveiller. Pour seize adolescents de 11 à 14

ans.

Katia

Une classe pour apprendre à penser et à vivre vraiment. Pour seize jeunes gens

de 16 à 19 ans.

32Des gosses des rues. Pas voulus. Des survivants du travail précoce, du sida

général, de la guerre perpétuelle. Des adolescents à la dérive sur

l’amertumonde.

Lardenois

La classe des petits seraient confié à un aède. Homère par exemple. Ils seraient

assis en rond 8 garçons et 8 filles. Ca commencerait par des questions. Homère

leur raconterait des histoires. Ils commenteraient ces histoires. Ils les

raconteraient à leur tour puis ils en inventeraient.

Katia

La classe des moyens seraient confiée aux poètes : Linos, Orphée, Sappho et à

un peintre, vieux de 33 000 ans, celui de la grotte Chauvet. Linos ferait entendre

un chant très ancien sur le soleil, Orphée inventerait un poème d’éternité, avec

Sappho ils gouteraient à l’inachevé, l’homme de Chauvet les aiderait à

impressionner les murs, à faire vibrer la lumière, à donner corps a l’esprit.

Lardenois

La classe des grands serait confiée à un élu, battu aux élections, à un chef

d’entreprise en faillite, à un directeur de pompe funèbres en retraite et à un

philosophe très ancien. Anaximore, Héraclite, Parménide, Empédocle. 8 filles et

8 garçons en quête de soi, de l’autre qui se poseraient des questions : qu’est ce

que l’homme ? Qu’est ce que la nature ? Qu’est ce que vivre vraiment ? Qu’est

ce que devenir soi ?

Katia

En quelques semaines ils se sèvreraient des jeux vidéo, des modes

vestimentaires, langagières et comportementales

Lardenois

En quelques mois, les multinationales de la mal bouffe, du divertissement

formaté, de la manipulation des cerveaux seraient en faillite

Katia

En quelques siècles ils renonceraient aux vains désirs

Lardenois

33En quelques millénaires ils renonceraient aux illusions…

Katia

Nous avons pris l’initiative de faire parvenir tes propositions au Ministre de

l’Education Nationale de la Jeunesse. Nous sommes toujours dans l’attente de

sa réponse.

 

dans le hall
dans le hall

dans le hall

(Temps)

Lardenois

Nous poursuivons notre traversée avec un poème toujours extrait de La Parole

éprouvée

LE PREMIER MOT (extrait)

34Redis- moi le mot

Venu frapper là où cogne ma vie

Venu me réveiller au cœur de Paris.

Redis-moi ce mot

Ce sortilège de l’adolescence

Qui toujours devant mes yeux danse

Comme un merveilleux quiproquo.

Redis-moi dis

Ce mot que tu m’as dit

Ce mot d’amour

Le premier mot de notre premier jour.

Un coup de fouet

Comme des embruns

Petit pont d’amour

Qui durera toujours.

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

Portrait de la femme aimée depuis 40 ans

Katia

35Apparemment, c’est une femme de l’absence. Toujours ailleurs. Perdues dans

ses pensées. Fille d’air et de rêve.

Mais à la pratiquer, avec amour, depuis quarante ans, j’ai compris que c’est une

femme de la présence, une présence légère dans le présent. Elle ne pèse pas.

Elle ne pose pas. Avec elle, tout est danse.

Le présent n’est pas que l’instant. C’est le moment de maintenant avec une

pointe de souvenir. Une fleur chaque jour pour notre chat parti sans retours ;

Son nom parfois et alors, une bouffée de nostalgie.

Elle est attachée à tout ce à quoi elle a donné de l’amour. Des photos et des

mots pour les disparus, la mère, d’une embolie qu’elle embellit, le fils et le

frère, dans le même accident.

Des cartes aux anniversaires. Des cadeaux sans destinataires pour les recevoir.

Quelle aptitude à ne rien laisser mourir malgré la souffrance, évidente,

inconsolable.

Chaque objet est à la fois d’hier et de maintenant, pas figé, souvent déplacé.

L’œil toujours sollicité par quelque nouveauté, une disposition rare, un

rapprochement inattendu, un éloignement surprenant.

Tout ce qu’elle aime est sans cesse repris, reconsidéré. Petits rien qui changent

tout.

Combats de chaque instant contre la dégradation, l’usure, l’habitude, l’oubli.

La maison vit, est habitée. Pas d’ennui possible avec une femme qui fait de sa

maison, de notre vie, un récit, un poème.

Avec elle, les simples jours deviennent les simples beaux jours, embellis par le

regard, le sourire radieux qu’elle pose sur les choses et sur les gens. Les tristes

jours deviennent les inoubliables tristes jours adoucis par son sourire

mélancolique.

Elle rayonne d’amour. Solaire, elle donne le meilleur d’elle, une écoute qui

apaise angoisses et peines, aide à mettre en mots, petits maux et grandes

douleurs.

Mais de ses angoisses et souffrances, vous ne saurez rien, les mots ne sont pas

pour elle. Elle ne s’en sert pas pour elle.

36Tout se passe dans le regard, souvent mouillé, toujours caché.

La légère, l’aérienne ! Depuis quarante ans, elle me fait la vie légère.

Je l’aime sans comprendre pleinement la force du don qui l’habite.

Mais en la vivant pleinement, passant des heures à contempler son visage sur

lequel je ne vois pas passer l’âge.

Elle a l’âge de son cœur, celui de l’adolescente qui m’a choisi une fois pour

toute.

Mon désir d’elle et mon amour pour elle sont restés intacts à son contact.

(Temps)

Lardenois

La mère :

Katia

Pourquoi n’appelle-t-il pas ? Ca fait déjà quinze jours. J’ai peur.

Le père :

Lardenois

C’est impossible d’appeler depuis là-bas. C’est brouillé, coupé. Rien ne passe.

La mère :

Katia

Pourquoi est-il allé là-bas, alors ?

Le père :

Lardenois

Pour se couper de tout.

La mère :

Katia

Pour se couper de nous ? Comment peut-il se retrouver, s’il fait disparaitre les

traces ? S’il est sans passé, sans projet ?

Le père :

37Lardenois :

Il n’est pas sans passé, sans projet. Il ouvre une parenthèse pour vivre au

présent. Loin de tout à 10 000 kilomètres de chez nous.

La mère :

Katia

Qu’il se dépêche de la refermer !

Le père :

Lardenois

Ca pourrait être un idéal de vie, vivre au présent, sans passé, sans projet, une

parenthèse qui s’ouvre à la naissance, qui se ferme à la mort

La mère :

Katia

Qu’est ce que tu racontes ? Appelle-le. Dis lui de revenir de suite.

Le répondeur :

Lardenois

Ligne en dérangement… ligne en dérangement… Indépendant de notre

volonté…

La mère :

Katia

Insiste !

Le père :

Lardenois

Je te dis que les lignes sont mauvaises. Entre deux ouragans ils essaient de

réparer mais ils n’ont jamais assez de temps.

Katia

Le Répondeur :

Lardenois

38Mauvais numéro…. Plus de correspondant…

La mère :

Katia

Recommence !

Le répondeur :

Lardenois

Mauvais numéro… Plus de correspondant… inutile d’insister … libérer la ligne

pour d’autres appels…

La mère :

Katia

Refais le numéro

Le répondeur :

Lardenois

Bon numéro… laissez votre message…

Katia

Le père :

Lardenois

C’est papa. Dés que tu reçois ce message, appelle. Ta mère s’inquiète !

La mère :

Katia

Mon chéri c’est maman. J’espère que tout va bien. Je t’embrasse.

(Temps)

Lardenois

La mère :

Katia

Pourquoi ? Pourquoi ?

39Le père :

Lardenois

Pourquoi lui ?

La mère :

Katia

Pas lui. Ce n’est pas vrai. Appelle-le. Dis –lui de revenir.

Le répondeur :

Lardenois

Ligne… occupée… ligne… occupée … ligne… occupée

Katia

Le père :

Lardenois

Il y a dû y avoir un ouragan. Leur central disjoncte.

La mère :

Katia

S’il y a une chance, je veux qu’on la saisisse. Rappelle-le !

Le répondeur :

Lardenois

En ligne… signal …

Katia

Le père :

Lardenois

Le message a changé.

La mère :

Katia

Raison de plus insiste !

40Le répondeur :

Lardenois

Ne donne pas signe de vie. Ne donne pas signe de vie. Renouvelez votre appel.

Katia

Le père :

Lardenois

Comment savoir la vérité ?

La mère :

Katia

Je veux que ce ne soit pas vrai. Recommence.

(Temps)

Katia

Le répondeur :

Lardenois

Nous n’avons pu rétablir les lignes d’urgence. .. Adressez votre prière.

La mère :

Katia

Mon fils n’entend plus ce que j’ai à lui dire. Comment lui parler ?

Le répondeur :

Lardenois

Le répondeur n’est pas fait pour apporter des réponses…. Le répondeur n’est

pas fait pour apporter des réponses

La mère :

Katia

A quoi sert- il alors ?

Le répondeur :

41Lardenois

Le répondeur sert à annoncer la disparition d’un abonné et à recevoir les

condoléances.

La mère :

Katia

Ca ne m’est d’aucun secours, je veux entendre sa voix. Aidez- moi à le

rejoindre !

Le répondeur :

Lardenois

Mauvais numéro… parti sans retour … destination inconnue… La voix de votre

correspondant a été coupée… Voulez vous faire une réclamation ?

Katia

La mère :

Rends nous notre fils !

Lardenois

Le père :

Rends nous la voix de notre fils !

Katia

Le répondeur :

Lardenois

Une voix coupée… est impossible… à réentendre. Une voix coupée… est

impossible… à réentendre.

 

(Temps)

Lardenois

8 années plus tard

Katia

42L’épousée : Tu te souviens ? Je t’avais demandé de dénoncer le contrat avec le

répondeur.

Lardenois

L’épousé : Oui, il nous avait répondu : peut-on se passer du Répondeur ?

Katia

Tu te souviens ? J’ai insisté sur l’éternité de l’instant syncope.

Je me demande où peut bien être passé l’instant syncope ?

Lardenois

Ca revient à se demander… où va le passé ?

Katia

C’est ce que je te demande, je vais passer. Où vais-je passer ?

Tu ne dis rien ?

Regarde- moi !

Je sais que je vais passer.

Où vais-je passer ?

Tu peux me répondre ?

Lardenois

Je n’ai pas la réponse à cette question et je ne veux pas que tu passes pour

aller dieu sait où ! Tu restes avec nous, tu dois rester avec nous. Quand on

passe c’est qu’on le décide !

Katia

Oui ! J’ai sans doute décidé de m’en aller. Plus rien ne me retient ici. Je vois bien

que je ne peux abolir le temps ni remplir le blanc du temps. Ca m’épuise ce

combat.

Lardenois

Pourquoi vouloir finir avant la fin ? Pourquoi vouloir arriver en avance là où ca

prend fin ?

Katia

43Tu connais la fin ?

Lardenois

Non

Katia

Alors, je peux mettre le point final…

Lardenois

Tu as décidé de finir la partie ?

Katia

Non, ça se décide en secret dans le ventre !

Lardenois

Partir de façon volontaire c’est ce que tu désires en secret ?

Katia

Je n’en sais rien.

Réponds à ma question :

Je sais que je vais passer où vais-je passer ?

Lardenois

Personne ne peut répondre à cette question !

Katia

Allez, fais un effort !

Tout ce que j’ai été

Tout ce que j’ai fait, ça a eu lieu une fois pour toutes, pour toujours, sans

possibilité d’être effacé, ça va bien quelque part non ?

Lardenois

Je n’en sais rien. Nous oublions ce que nous avons fait, ce que nous avons été.

Parfois ça ressurgit avec un goût de la madeleine.

44Katia

Ca, c’est ce qui se passe durant le temps de notre vie. Durant le temps fini de

notre vie.Mais il y a l’autre temps, celui dans lequel je vais entrer

définitivement, le temps éternel, infini.

Lardenois

Tu nous fais mal !

Katia

Ce n’est pas ce que je veux. Je veux la vérité en face !

Lardenois

Tu veux la mort en face ? Celle de toute chose pour toujours ?

Katia

Oui, il y a des choses à penser sur ce qui se passe quand on passe.

Qu’est ce que nous devenons ?

Lardenois

Les Répondeurs religieux ont leur réponse.

Katia

Réponses toutes prêtes, pour tous, je veux que l’on cherche par nous même !

Lardenois

Tu te rends compte de ce que tu me demandes, penser l’impensable, ton

passage de vie à trépas. C’est surhumain. Ce qui est humain c’est notre

promesse : « A notre amour, jour après jour, jusqu’à ce que ça fasse toujours ».

Seize mille huit cent cinq jours 16805 aujourd’hui, mon p’tit chat !

Katia

J’arrive au bout de mon temps de vie

Mais pas à la fin de ce qui a eu lieu,

Puisqu’il sera toujours vrai

Que ça a eu lieu

avant la soirée, clown's not dead (j'aime beaucoup cette attitude, être son clown)

avant la soirée, clown's not dead (j'aime beaucoup cette attitude, être son clown)

(Temps)

Lardenois

EN MARCHE

Nous étions jeunes

Nous marchions vite

Nous nous laissions porter par la puissance de nos muscles

Leur énergie nous exaltait l’âme

Leur effort tendu et souple ne nous menait nulle part

Nos cœurs se gonflaient aux vents du large

Des ailes nous poussaient.

Katia

Sur la scène, un vieil homme assis, de dos, face à la caméra de son ordinateur.

Le vieil homme

Lardenois

Pourquoi je m’installe là aujourd’hui, mercredi 25 octobre 2020, à 6 heures du

matin ?

C’est mon anniversaire, 80 ans.

Arrivé au monde depuis déjà 5 heures.

80 ans.

Donc le temps existe.

Katia

Faut-il en douter ?

Lardenois

46Arrivé au monde.

Donc le monde existe

Katia

Faut-il en douter ?

Lardenois

Réveil sans réveil entre 4 et 5 heures.

J’ai accompli mes petits rituels du matin.

Laudes joyeuses

Bonjour le jour, nouveau jour, merci la vie.

Bonjour mes chéris, vivants et autrement vivants, vous les trans-parents. Que

cette journée de plus soit une journée de paix, de silence….

Katia

Où vais-je passer ? M’as-tu demandé avant de passer. Ce que tu m’as fait

découvrir avant de passer c’est que le temps ne se perd ni ne se retrouve.

Chaque instant passe mais il ne s’efface pas. Il s’inscrit comme vérité dans le

temps de l’éternité, enregistré pour toujours.

Eternellement vraies les traces de chair, les effluves de caresses, les signatures

de mains tendres que tu as laissées dans ton cahier d’amour, sans mots, ni

chiffres….

Lardenois

Le livre d’éternité que chacun écrit n’est pas à rendre à la fin de sa vie

Katia

Il n’y a pas de bibliothèques pour conserver nos livres d’éternité

Ni à l’intérieur du cerveau ni à l’extérieur

Il n’y a que le présent.

Lardenois

47L’éternité c’est le présent.

Et notre livre d’éternité s’écrit au présent

Se rend au présent.

Katia

Il n’y a ni début ni fin

Ni passé, ni naissance, ni mort, ni d’ici bas, ni de très-haut !

Lardenois

C’est par notre présence au présent que nous participons.

Katia

Présence selon les choix mouvant de chacun

Lardenois

Présence plus au moins consciente, agissante, aimante

Katia

La présence la plus créatrice possible est pour certains la plus souhaitable, la

plus désirable, la plus épanouissante, la plus joyeuse….

(temps)

Lardenois

L’été prochain, je repartirai au Baïkal

Pendant les quatre jours et quatre nuits de Transsibérien dans le wagon de

queue, par la porte donnant sur la voie, je regarderai le temps s’enfuir.

Devant, le train avalera le temps présent, traverse par traverse.

Katia

Moi, je regarderai s’éloigner les traverses arrières quelques centaines de

mètres après

Quelques secondes plus tard je ne les verrai plus mais elles ne disparaitront pas

pour autant

Lardenois

48Ta dak, ta dak ta dak ta dak ta dak ta dak ta dak

Katia

Le bruit solidien du train sur les rails

Me dira le temps qui passe…

Lardenois

dak ta dak ta dak

C’est au Baïkal que je me sens au plus prés des évidences du Temps :

Le contraire de ce que j’ai pensé trop longtemps :

Non la mort de tout,

Le refroidissement éternel, l’oubli perpétuel

Le Jamais Plus

Plus Jamais

Nervermore.

Katia

Mais tout coule,

Chaque seconde passe,

Se métamorphose en éternité d’une seconde Bleu Giotto,

Forever.

Pour toujours !

Lardenois

Premier épilogue emprunté au Livre VI de Et ton livre d’éternité ?

Katia

La naissance de Je Suis Vita Nova

Lardenois

Je Suis Vita Nova naquit le 25 décembre 2020.

Ce fut une naissance personnelle et confidentielle.

49Lui-Je avait mis en place un rituel pour le spécial solstice d’hiver 2020, qui

commençait le 21 décembre.

Le 21 décembre lui a été offerte une sacrée réponse (une réponse sacrée).

A la question : Qui suis-je ?

Katia

Sa fille, très sarcastique lui dit : « Tu es Dieu »

Lardenois

Elle adore son père.

Et il a répondu sans réfléchir : «

Oui c’est vrai, je suis divin, comme toi, comme

tout ce qui existe. Ce Dieu est personnel et incarné. C’est pourquoi pour

épitaphe, je souhaite : Ci Gît Dieu. »

A quoi un ami bienveillant à rajouté :

Katia

«

Le Vrai, Pas l’Autre ! »

Lardenois

Le 25 décembre 2020,

Lui-Je, Hyérosolymitain d’Avers sous les eaux depuis le Déluge, d’Avers sur les

eaux et de Corps ça vie, celui qu’on appelle communément J.C

Un peu allumé, un peu illuminé,

Ayant passé 80 ans,

Après des décennies d’errance et d’égarement

Décida de se donner une nouvelle identité.

Katia

Voilà qui Je Suis : Je suis Vita Nova.

Lardenois

Vita Nova se reconnait plurivers, multivers plus qu’univers

50Katia

Il se reconnait divers, ondoyant, contradictoire.

Lardenois

Il se reconnait semblable à une large bande sonore passante et à un large

spectre lumineux

Katia

Il se reconnait d’hiver, de printemps, d’été, d’automne, saisonnier

Lardenois

Il se reconnait impermanent, incohérent plus que cohérent, dispersé plus

qu’unifié, tout en sachant, sentant, éprouvant le passage à l’éternité de tout ce

bouillonnement.

Katia

Sorti en Livres VI des 9 cercles de l’Enfer, Vita Nova ne connut pas la phase

purgative et se retrouva au paradis sur terre.

Lardenois

Son ermitage est sur une colline d’Avers sur les eaux !

Katia

Second épilogue

Adresse de l’auteur à ses lectrices et à ses lecteurs à propos de Et ton livre

d’éternité ?

Lardenois

J’ai été happé par cette aventure d’écriture, en somnambule, en funambule,

sans plan, sans personnages, sans péripéties.

Katia

J’ai été littéralement possédé, porté par un flux me traversant, un flow créatif

par lequel je me suis laissé entraîner sans censure, sans jugement de surplomb,

laissant converger comme ça venait, souvenirs,

Lardenois

51Projets,

Katia

Réels,

Lardenois

Imaginaire,

Katia

Humour,

Lardenois

Pulsions intenses

Katia

Et moments présents.

Lardenois

Je ne regrette pas d’avoir suivi la voix qui m’a poussé à l’écriture.

Même si des bilans sont faits, il ne s’agit pas, me semble t’il, d’un bilan de vie,

d’une autobiographie, d’un exercice narcissique de satisfaction, d’auto-

satisfaction du travail accompli, du chemin parcouru.

Katia

Il me semble que l’essentiel est dans une transformation, une métamorphose

de l’auteur, tardive, surprenante, le surprenant ô combien.

Lardenois

C’est sur cette métamorphose que prend fin notre insolite traversée

sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis
sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis

sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis

la soirée du 29 septembre s'est passée
de 19 H 00 à 23 H
puis pour une dizaine d'amis jusqu'à 1 H 30
sur la terrasse du bar de la Fontaine
autour d'un magnum de La Baratonne
c'est passé, une fois pour toutes
mais le passé ne s'efface pas 
s'il est vrai (?) que ce qui se passe et passe
il sera toujours vrai que ça s'est passé
(là, doit commencer une réflexion sur la vérité 
soi-disant absolue, universelle, éternelle
doute nécessaire)
ce fut une des thématiques essentielles de la soirée
de la traversée
merci à Dominique Lardenois et Katia Ponomareva pour leur traversée d'une heure
merci à l'équipe technique : Yves, Jérôme, Laurent 
merci à Ange Musso, pour son discours improvisé et sincère
merci au service municipal, chargé de la restauration, pour l'impeccable et copieux buffet
merci aux présents, pour leur présence et leurs réactions
merci à l'amie descendue exprès de Paris
merci à l'amie descendue exprès de Lyon
merci pour les échanges pendant le buffet
(ébranlé par les malaises de Michelle et Sylvie, la fragilité de Marie-France, leur ai dit de prendre bien soin d'elles
félicitations à la retraitée Mü Geb, depuis 15 H, le 29 septembre)
merci à tous ceux qui par mail, SMS, FB se sont manifestés
merci aux absents remarqués
aux annoncés absents
merci à la pleine lune
à l'automne d'été indien
une autre traversée semble se dessiner
pour le printemps 
au Canard en Bois de Marcel Moratal
à Montréal-les-Sources
à 1500 m
dans la Drôme
Lire la suite

en revues

7 Août 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #assaisonneur, #note de lecture, #théâtre, #écriture- lecture

Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage
Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage

Corps ça vit, au kilomètre 2 route de Montferrer, le paysan du moyen-âge et le chien de berger bienveillant au rocher des sorcières, le rocher de Batère où les mineurs s'affrontaient à l'escalade, l'abbaye d'Arles sur Tech, Céret après l'orage

emporter à Corps ça vit et lire plusieurs N° de La revue des deux mondes, la plus ancienne revue française; abonné, pouvoir accéder aux archives, c'est respirer un air rare
dans le N° de mai-juin, Nietzsche, Pascal, Prokofiev mort le même jour que Staline, le 5 mars 1953, les jouissances de Barbara Cassin (curieusement, je pense à Marcel Conche), Oleanna de David Mamet ...
Ce jour-là, John, un professeur d’université, discute au téléphone avec sa femme quand Carol, une de ses étudiantes, s’invite  dans  son  bureau.  La  jeune  femme  réclame  des explications :  pourquoi  ses  résultats  scolaires  sont-ils  si mauvais alors qu’elle fait tout ce qu’on attend d’elle ? Car  il  faut  le  reconnaître,  Carol  est  une  élève  tout  à  fait  sérieuse. Assidue à ses cours, elle écoute attentivement son professeur, noircit des pages de notes et, le soir venu, elle travaille encore de longues heures sous la lumière jaune de sa petite lampe de bureau. Or, malgré tous ses efforts, rien n’y fait ; sa moyenne reste désespérément basse et chaque jour qui passe la fait se sentir un peu plus stupide et un peu plus en échec. Or, pour Carol, réussir ses examens revêt une importance particulière. Issue d’un milieu social  défavorisé,  ses  moyens  sont  limités. Aller  à  l’université  lui  réclame,  ainsi  qu’à  sa  famille, de gros sacrifices. Accaparé par sa conversation téléphonique, John ne prête qu’une oreille distraite à son élève. De toute façon, son esprit est ailleurs car, après des années passées à enchaîner des contrats précaires, il va enfin .............................
Ancien policier, Bertrand Dal Vecchioest scénariste et dramaturge. Dernier ouvrage  publié : La Loi et la rue (Pocket, 2023).bertrand.dalvecchio@gmail.com

en revues
en revues
en revues

1° août, 5 H 45, je sors de la bibliothèque, le théâtre complet d'Eschyle, traduit par l'ami Dimitri Analis dont j'ai édité Sana'a-Aden(1995), paru en juin 2004 à La Différence, suite à la lecture hier soir de l'entretien entre Wajdi Mouawad et Judith Sibony dans la revue des deux mondes de juillet 2022, consacré à Michel Audiard, le mauvais esprit de la France glorieuse et gouailleuse (livre et film Vive la France, 1974)
------------------------------
Dimitri T. Analis
Nationalité : Grèce
Né(e) à : Athènes , le 04/12/1938
Mort(e) à : Athènes , le 10/02/2012
Biographie :
Dimitri T. Analis est un poète et écrivain.
Après des études de droit et de sciences politiques en France et en Suisse, il a travaillé pour la presse suisse et ensuite pour les journaux ‘’Le Monde’’ et ‘’ Nouvelles littéraires ‘’.
Traducteur grec de Julien Gracq et d'Yves Bonnefoy, Dimitri T. Analis choisit la langue française pour écrire ses propres poèmes.
Il a publié de nombreux recueils de poèmes, à L’Âge d’Homme, au Mercure de France et chez Obsidiane.
Également spécialiste de géostratégie, ancien conseiller aux Affaires étrangères, Dimitri T. Analis est l'auteur d'essais sur les Balkans, les crises internationales et les questions des minorités.
Il a reçu plusieurs prix, parmi lesquels la Grande médaille de l’Académie Française pour la Francophonie et le prix Stendhal de la part du ministère français des Affaires étrangères, pour sa contribution aux lettres et aux sciences.
-------------------------------------
Pourquoi une nouvelle traduction d'Eschyle ? Dimitri T. Analis s'est évidemment posé la question. " Le monde, la société, la relation avec la langue évoluent. Être classique ne signifie pas refuser le changement. " Il n'est pas indifférent que Dimitri T. Analis - écrivain de langue française, auteur de plusieurs recueils de poèmes, d'essais sur l'art et les voyages, et d'ouvrages sur les relations internationales - se soit attelé à une tâche d'une telle envergure. Il a étudié les classiques à l'école en grec ancien et les a vu représenter, en grec moderne, au théâtre Hérode Atticus ou à Épidaure. Que veut-il nous faire entendre ? Qu'une mélodie a survécu à travers les millénaires ; que ce théâtre-là peut émouvoir le spectateur d'aujourd'hui ; que, simplifié sans être trahi, il a des choses à nous dire. L'œuvre est vivante : c'est le rôle des poètes de la soustraire aux érudits et aux universitaires et de la rendre au public pour lequel elle a été écrite. LES SUPPLIANTES LES PERSES LES SEPT CONTRE THÈBES PROMÉTHÉE ENCHAÎNÉ AGAMEMNON LES CHOÉPHORES LES EUMÉNIDES
-------------------------------------
Wajdi Mouawad constate qu'Eschyle, 1° auteur de théâtre,  fait compatir, pleurer les spectateurs Athéniens aux malheurs des ennemis Perses, battus par 3 fois; à méditer
"La plus ancienne pièce du répertoire occidental a été créée en Grèce, elle s’appelle Les Perses, et à la fin, le public pleure alors que c’est l’ennemi qui meurt. Je crains qu’on n’ait pas du tout cette capacité à garder l’ennemi dans le cercle de l’humain. Enfin si, on l’a, mais on l’étouffe. Dans le théâtre grec antique,  le  premier  mouvement,  c’est  cela  :  replacer  la  figure  du  méchant dans le giron humain." À comparer avec "nos" attitudes, celles des dirigeants dans la guerre russo-ukrainienne-otanienne.

les trois grâces d'Eugène Leroy, 1954 et 1990
les trois grâces d'Eugène Leroy, 1954 et 1990

les trois grâces d'Eugène Leroy, 1954 et 1990

Revue des deux mondes, juillet-août 2022, je tombe sur une note concernant deux expositions consacrées à Eugène Leroy (1910-2000) au musée d'art moderne de Paris et au musée de Tourcoing.
Tilt : Pof- Michel Bories, Gilbert Desclaux
"Les tableaux de cette vaste rétrospective se tiennent sur la frontière du visible et de l’illisible. L’épaisseur des couches de couleur, le tourbillon des matières ne favorisent guère le regard touristique. À défaut de traverser les salles à toute allure, il faut  ralentir  pour  apprivoiser  ce  qui  vient  vers  nous.  Car  au  vu  de  l’empâtement, de ce débordement qui de partout nous assaille, il y a très certainement une distance à respecter puisque dans cet emportement pictural tout change au fur et à mesure que l’on se rapproche ou que l’on s’éloigne. Ici pas de quoi pavoiser, ni remplir notre compte en  banque  oculaire,  car  c’est  à  nous  de  répondre  de  ce  que  nous  voyons,  nous  devons  nous  ajuster,  abandonner  nos  triomphalismes  visuels.  Difficile  de  parler  de  ce  que  l’on  aperçoit,  d’en  faire  le  tour  en  quelques  mots.  Nous  sommes  pour  ainsi  dire  mis  au  défi  d’être  défaits, et avouons-le, le plus souvent démunis. Bref, une fois n’est pas coutume, l’image ne règne pas en sa puissance, elle est à la question. Tel est l’enjeu de ce parcours qui, hors de toute chronologie linéaire, revient constamment sur les mêmes thèmes traités année après année, où  portraits,  autoportraits,  paysages,  sujets  abordés  par  les  maîtres  anciens sont sans cesse reconduits, longuement réfléchis. Prenons par exemple Les Trois Grâces de Raphaël, peintes en 1954 puis en 1990. La silhouette des trois déesses émerge à peine sous les strates juxtaposées de  pigment.  Mais  entre  la  version  plus  ancienne  et  la  nouvelle,  on  passe d’une évanescence des formes enveloppées dans leur blancheur à  un  enfouissement  plus  profond  opéré  dans  les  masses  colorées.  Et  curieusement, au plus fort de leur disparition sous les sédiments accumulés, les trois déesses apparaissent plus distinctement comme si leur ensevelissement  favorisait  leur  visibilité.  Eugène  Leroy  ne  s’inquiète  guère  de  l’idée  émanant  du  tableau  de  Raphaël,  encore  moins  de  le  reproduire,  il  l’enterre  pour  mieux  se  libérer  de  son  emprise  afin  de  poursuivre sa propre voie, d’assurer la mise en place de son mode opératoire. Et cette libération s’incarne très physiquement dans un corps-à-corps avec l’huile, à travers le modelage de la matière, cette manière très  particulière  d’additionner  les  giclures  sortant  des  tubes  comme  s’il  fallait  à  tout  prix  façonner  l’immense  grotte  où  coule  sans  fin  le  fleuve de la peinture. Par voie de conséquence, l’horizon mimétique écrasé par ce brassage matériel permanent s’écroule bel et bien mais on aurait tort de s’en tenir là, car un autre combat acharné s’entame entre la  surface  et  les  fonds.  On  ne  peut  manquer  de  remarquer  les  effets  de cette lutte où, toile après toile, les fonds chancellent, tanguent, et dans le remuement continu de leurs dépôts successifs donnent naissance à des figures inédites et fragiles. La légèreté dansante de nos trois déesses dépend pour une large part de la lourdeur qui les assiège. Les fonds chez Eugène Leroy, comme le rapporte Pierre Wat (2) dans le catalogue, ont une valeur substantielle. Ils représentent le limon de la peinture, ses alluvions fécondantes. Dans l’atelier du peintre, les toiles entassées pêle-mêle, maculées d’éclaboussures, attendaient de devenir des tableaux, patientant parfois des années. Ceux qui sont sortis de ce prodigieux entassement portent le témoignage de cette relation étroite avec le courant qui les a nourris." Bertrand Raison
-----------------------------
quand, comment Pof  a t-il découvert Eugène Leroy ?
Je vois les influences dans L'homme assis, une des dernières oeuvres de Pof. Je la montrerai quand j'accèderai au PDF du livre Disparition.
ou dans les gouaches de Cuba.

en revues
en revues
en revues

Après deux N° de la revue des deux mondes, deux N° de la revue Front populaire.
Avec Jean-François Kahn, dans la revue des deux mondes, tu te confirmes dans ce jugement que chiffres et sondages des « experts » de plateau TV et autres tribunes ne sont là que pour habiller, voiler, maquiller, bidouiller, manipuler, orienter, formater l’opinion, ne sont là que pour se substituer à l’opinion, à la voix citoyenne, ne pouvant s’exprimer par la voie référendaire (au sens du RICCARL) localement, régionalement, nationalement, européennement, onusiennement.
Chiffres et sondages, conseils des cabinets de conseils étrangers (américains, allemands) grassement payés contre la voix des gens ordinaires, contre la voie démocratique dégageant une majorité que Tocqueville a décrit comme « le despotisme de la majorité » dans De la démocratie en Amérique.

Voilà une "bible" dont il faut reconsidérer l'impact.


Soit aujourd’hui, « démocratie directe » pas du tout réalisée contre « démocratie représentative » où les représentants élus se servent, s’accordent privilèges et prébendes avec cynisme et mépris du peuple = des gens ordinaires = des périphériques, invisibilisés au profit de minorités agissantes de toutes sortes, les plus gueulardes ayant le plus pignon sur plateau, contribuant à la fragmentation de la société, à son éclatement, à sa décomposition, à la guerre civile, à bas bruits pour le moment, selon Michel Onfray, décrivant par exemple ce qui se passe régulièrement quartier Perseigne, à Alençon, Orne, son département aimé, quartier devenu « territoire perdu de la République » selon un euphémisme pudique, territoire devenu territoire d’une tribu marquant son territoire par « tirs de mortiers, incendies de poubelles et de voitures, barricades, dégradations de mobilier urbain, caillasses, guets-apens de policiers  et de pompiers, une bande d’une cinquantaine de personnes masquées, cagoules, armées de barres de fer est allée au contact de la police forte de 35 membres pendant 3 heures. » N° 12, pages 5-6
Avec les N° de Front populaire, N° 12, La tyrannie des minorités, l’art de détruire la France et N° 13 Guerre à la guerre, contre les impérialismes, te voilà en présence d’analyses argumentées, de droite, de gauche, d’ailleurs et de nulle part comme se présente la revue.
Ça déboulonne, ça renverse les statues, ça jette à bas quantité de logiciels, de paradigmes, de discours admis sans distance, par méconnaissance (puisque tout est voilé, truqué) et ça fait un bien fou, tout en déstabilisant au point de ne pas en dormir, sans doute pour remettre un peu de cohérence dans tes convictions.
Tu es confirmé dans ta conviction récente (depuis 2020 environ) que tout un tas de récits sur des épisodes du roman national sont des faux,

- la révolution française (il vaut mieux lire Taine que Michelet ou Jean Tulard),

- l’universalisme des droits de l’homme,

- la colonisation civilisatrice (le célèbre discours de Victor Hugo du 21 août 1849 au Congrès de la Paix, souvent cité mais toujours caviardé, coupé de ce qui aujourd’hui gêne),

- la résistance sous Vichy,

- le gaullisme, le mitterrandisme, le chiraquisme;
qu’il en est de même de tout un tas de récits sur des épisodes internationaux :

- la révolution bolchevique, le stalinisme,

- la libération de la France par les américains,

- la guerre du Viet-nam,

- les guerres du Golfe (l’énorme mensonge de Colin Powell montrant une fiole d’ « arme bactériologique » du régime de Sadam Hussein aux TV),

- les guerres de l’axe du bien contre les axes du mal,

- les guerres justes qui fonctionnent selon un schéma hérité de Saint-Paul, Saint-Augustin, Saint-Thomas d’Aquin, médiatisé par deux Bernard, BK et BHL: je te fais la guerre préventivement à toi dictateur dangereux, au nom des droits de l’homme, de la démocratie, de l’universalisme, d’une façon active, pas réactive, pour t’empêcher de me faire la guerre liée à ta folie. Je tue des gens réels, je cause des souffrances réelles, des injustices réelles au nom d’injustices virtuelles, de souffrances virtuelles. (N°13, pages 2 à 9)

Tu es effaré de voir comment on est passé
- de la génération de 68, dite des Boomers,  rimbaldienne, utopiste, qui rêvait d’une société différente, de courir le monde, d’inventer une contre-culture, de définir une liberté neuve
- à la génération des Millennials  qui font choix d’un monde fait d’interdits, de censures de tous calibres, de frontières pathologiques entre les races, les cultures, les sexes, les âges.
Comme si on était passé, en quelques décennies, d’« il est interdit d’interdire » à « il faut faire taire celui qui m’offense ». Selon Brice Couturier (N° 12, page 157)

exit avec cette génération, la résilience: ce qui ne te tue pas, te rend plus fort

Tu penses à Marcel Conche, à ses fondements de la morale, au devoir de prendre la parole pour ceux qui ne l'ont pas

(à mettre en contraste avec ce qui est arrivé au Canada à Ariane Mnouchkine, voulant donner la parole dans un spectacle aux indiens autochtones, sans eux et se faisant tailler en pièces, parce que sans eux c'est contre eux = = activisme décolonial; voir aussi ce qui est arrivé à J.K. Rowling)


Woke veut dire éveillé, qui s'éveille, prend conscience. Comment l’éveil a t-il pu engendrer le Wokisme, source de régressions impensables il y a une dizaine d'années ?

Le wokisme est la rencontre selon Jean-François Braunstein d'un courant américain du protestantisme théorisant la notion de péché d'un point de vue collectif et pas seulement individuel (tous coupables, le méchant blanc) et de la french theory, les philosophes français dits de la déconstruction (Foucault, Derrida, Baudrillard).

Pour ma part, j'approuve que l'on révèle la réalité coloniale, dominatrice, exterminatrice, extractrice, prédatrice de l'Occident. Après vient le débat : réparation, repentance... Avec le wokisme, plus de débat possible : il faut passer par la revanche, la vengeance.

Autre point à évoquer : la question de l'identité. Là encore, l'idée de définir, de faire évoluer son identité, ses identités, n'est pas en soi une "mauvaise" idée. Personnellement, je suis favorable à ce que j'appelle la fluidification de l'identité puisque cela correspond à la variété de nos humeurs, sensations, émotions, sentiments, pensées. Mais de là à exiger la reconnaissance par autrui ou par la loi de mes choix personnels me semble correspondre à ce proverbe : les chemins de l'enfer sont pavés de bonnes intentions.

----------------------------------------

(Une vague de folie et d’intolérance submerge le monde occidental. Venue des universités américaines, la religion woke, la religion des «  éveillés  », emporte tout sur son passage  : universités, écoles et lycées, entreprises, médias et culture.
  Au nom de la lutte contre les discriminations, elle enseigne des vérités pour le moins inédites. La «  théorie du genre  » professe que sexe et corps n’existent pas et que seule compte la conscience. La «  théorie critique de la race  » affirme que tous les Blancs sont racistes mais qu’aucun «  racisé  » ne l’est. L’«  épistémologie du point de vue  » soutient que tout savoir est «  situé  » et qu’il n’y a pas de science objective, même pas les sciences dures. Le but des wokes : «  déconstruire  » tout l’héritage culturel et scientifique d’un Occident accusé d’être «  systémiquement  » sexiste, raciste et colonialiste. Ces croyances sont redoutables pour nos sociétés dirigées par des élites issues des universités et vivant dans un monde virtuel.
  L’enthousiasme qui anime les wokes évoque bien plus les «  réveils  » religieux protestants américains que la philosophie française des années 70. C’est la première fois dans l’histoire qu’une religion prend naissance dans les universités. Et bon nombre d’universitaires, séduits par l’absurdité de ces croyances, récusent raison et tolérance qui étaient au cœur de leur métier et des idéaux des Lumières. Tout est réuni pour que se mette en place une dictature au nom du "bien" et de la «  justice sociale  ». Il faudra du courage pour dire non à ce monde orwellien qui nous est promis.
Comme dans  La philosophie devenue folle, Braunstein s’appuie sur des textes, des thèses, des conférences, des essais, qu’il cite et explicite abondamment, afin de dénoncer cette religion nouvelle et destructrice pour la liberté.
Un essai choc et salutaire.)

----------------------------------------------------

Appliqué à l'école, ça donne : "l’école inclusive est la « révolution copernicienne » du système éducatif, la fin heureuse d’une école « ségrégationniste et élitiste » avec l'extension du domaine du handicap...La dyslexie a ouvert le bal à la fin du siècle dernier, destinée à camoufler l’échec de l’apprentissage de la lecture par la méthode globale, bientôt suivie de tous ses avatars poursuivant peu ou prou le même objectif : dissimuler l’échec des réformes pédagogiques engagées depuis quarante ans en l’attribuant aux supposés « dysfonctionnements » neurocérébraux d’élèves chaque année plus nombreux. Cette extension organisée du domaine des « dys » explique sans doute l’étrange statistique  selon lequel un quart des élèves français relèverait aujourd’hui du handicap… La déconstruction de la norme – par rapport à laquelle se définit nécessairement le handicap – et l’idéologie victimaire qui sert de boussole aux instances supranationales ont pour effet de pathologiser la société. Pour preuve, la catégorie de « handicap ressenti », strictement déclarative et très sérieusement utilisée par l’INSEE dans l’établissement de ses statistiques sur le handicap en France... Tous handicapés, tous victimes, tel serait donc l’idéal de l’école inclusive." Anne-Sophie Nogaret, N°12, pages 126 à 131.

 

3 philosophes face à la bombe : Camus et la bombe, article du 8 mai 1985 dans Combat, Karl Jaspers, Günther Anders
3 philosophes face à la bombe : Camus et la bombe, article du 8 mai 1985 dans Combat, Karl Jaspers, Günther Anders
3 philosophes face à la bombe : Camus et la bombe, article du 8 mai 1985 dans Combat, Karl Jaspers, Günther Anders

3 philosophes face à la bombe : Camus et la bombe, article du 8 mai 1985 dans Combat, Karl Jaspers, Günther Anders

Du N° 13, Guerre à la guerre, tu retiens pour t’interroger, l’article Trois philosophes face à la bombe (Camus, Jaspers, Anders) pages 145-151. Tu ignores si le complexe militaro-intellectuel qui vend la guerre sur les plateaux TV, sans la faire, évoque la possibilité de l’usage de l’arme nucléaire dans la guerre russo-ukrainienne.
L’article de Combat du 8 mai 1945 dans lequel Camus développe sa position est écrit à chaud, deux jours après Hiroshima qui selon la lettre de Claude Heatherly, pilote ayant participé à l’opération, adressée au révérend N., le 8 août 1960, est une erreur accidentelle (la ville n’était pas la cible). Camus dégage l’enjeu, avec cette arme c’est le suicide collectif de l’humanité qui est possible. La science censée apporter la connaissance et de meilleures conditions d’existence, contribuer au bonheur des gens dans leur vie quotidienne est utilisée pour des meurtres de masse avec une bombe de la grosseur d’un ballon de football. On a fait de gros progrès depuis, la bombe la plus puissante ayant jamais explosé en essai aérien est la bombe russe Tsar Bomba (3300 fois celle de Hiroshima).
 
Jaspers fait une conférence 11 ans après Camus, en août 1956 « La bombe atomique et l’avenir de l’homme » qu’il développera ensuite dans un livre de 700 pages, épuisé, paru en 1963 chez Buchet-Chastel. Il met en avant le fait que la théorie de la dissuasion est une folie. Croire qu’on empêchera la guerre parce qu’on possède l’arme nucléaire, c’est ne pas comprendre que toute arme nouvelle finit toujours par être utilisée. Donc, une guerre nucléaire est possible. Ce qui confirme cette hypothèse, ce sont les essais nucléaires (le chiffre des essais aériens, souterrains, sous-marins sur une trentaine d’années est ahurissant) et l’impossibilité d’empêcher la dissémination de l’arme nucléaire (sauf à faire une injuste guerre juste).

Anders publie en 1956, le 1° tome de son magistral livre L’obsolescence de l’homme. Il pense comme Jaspers que la bombe est appelée à être utilisée, que c’est pour cela qu’on l’essaie, que ce ne sont pas des essais de dissuasion. Au delà de Jaspers, il voit les effets désastreux sur de très longues durées  sur les humains, la faune, la flore. Tchernobyl entre autres est là pour nous raconter ce qui se passe au niveau des sols contaminés, des eaux radioactives, des peaux brûlées, des modifications génétiques…

Avec la guerre russo-ukrainienne, on est sorti (on est en voie de sortie) de la pax americana c’est-à-dire des guerres innombrables menées par l’impérialisme US (je devrais citer aussi les guerres menées par la France en tout un tas d’endroits en Europe et en Afrique) sous couvert de démocratie et de droits de l’homme pour entrer dans une recomposition géo-politique entre divers impérialismes, dans une ère de choc des civilisations où ce qui était annoncé se déroule tout à fait différemment (une guerre russe rapide qui s’éternise, un effondrement de l’économie russe suite aux sanctions qui a fort bien résistée, une Europe et un OTAN dépassant toutes les lignes rouges en laissant les Ukrainiens payer le prix fort de la guerre, les États-Unis  faisant ce qui s’appelle une proxy war (une guerre médiée par un adversaire-tampon, l’empire visé au-delà de la Russie étant la Chine), des BRICS de plus en plus nombreux et puissants, optant pour un monde multi-polaire.
Ce qui m’étonne, c’est apparemment, le peu de crédit accordé au risque de nucléarisation de ce conflit. Je préfère penser le contraire. Oui, cette guerre peut devenir une guerre nucléaire et le conflit peut se mondialiser. Personne ne me semble maître du « jeu ». On est dans un conflit portant sur des valeurs et pas seulement des territoires, des ressources. Comme les guerres de religion, les conflits de valeurs, de visions du monde, sont des croisades et donc ce n’est pas la guerre pour faire la paix, c’est la guerre pour s’imposer, imposer sa foi, sa vision. L’enfer est peut-être devant nous. Avec son prix, le meurtre, le suicide  ? collectif d’une partie de l’humanité.
Pour Camus, le suicide dans un monde absurde est l’ultime liberté de l’individu.
Le suicide collectif, comment doit-il être considéré ? Il est clair qu’il ne s’agira en aucune manière d’une décision libre de chacun et de tous. Aucune concertation des peuples n’a eu lieu. Nous sommes en guerre par le fait de « nos » dirigeants. Aucun vote de l’Assemblée, aucun consultation du peuple par référendum. Donc, s’il y a suicide collectif, c’est plutôt d’un meurtre de masse qu’il faudra parler, meurtre imposé, subi. Le prince sera un criminel, devant quel tribunal ? Que les princes, dictateurs, présidents puissent en arriver à cette solution finale, cela s’expliquera-t-il par notre passivité, notre soumission volontaire, notre lâcheté, notre impuissance, notre insouciance, notre inconscience ? Quel activisme pourrait nous en garder ? Camus proposait de combattre pour la paix par la raison, aspirant à un gouvernement mondial (ce sera l’ONU en 1948). Jaspers propose la raison et la sensibilité. Vivre en paix, en harmonie avec les gens qu’on côtoie, qu’on aime, avec la nature, en contemplant la beauté de ce qui s’offre, tant que cela s’offre. J’ignore ce qu’Anders propose.

Vers qui se tourner ? Des 300 livres d’Épicure, il ne reste que quelques pensées de lui sur la politique, dans les maximes capitales. Épicure a été « détruit » par le christianisme. Raison : sa philosophie et sa politique sont immanentes et non transcendantes. Il était incompatible avec Dieu et les fables qui en sont issues, la naissance d’un enfant sans père, une femme qui donne naissance sans géniteur, un fils de Dieu qui meurt et ressuscite.…
« La justice n’est pas quelque chose en soi mais quand les hommes se rassemblent en des lieux, peu importe, chaque fois, lesquels et leur grandeur, un certain contrat sur le point de ne pas faire de tort ou de ne pas en subir. » M.C. XXXVIII.
Pour Épicure, la politique c’est l’art de produire les conditions de possibilités sociales d’une vie hédoniste pour tous. Il veut que le contrat vise l’établissement de lois justes pour tous, pas pour une minorité de privilégiés. Il sait que l’homme n’est pas naturellement bon et que c’est culturellement qu’il peut le devenir par la philosophie politique épicurienne en particulier. Il est le penseur de la puissance de la majorité, l’antidote à la tyrannie des minorités, des maîtres sur les esclaves. (N°12, pages 6-7).
On voit en quoi des initiatives comme Construisons notre bonheur sont éminemment épicuriennes et sans doute une des bonnes façons de passer contrat. C’est du local, de l’action décidée par RIC.
Si on prend en compte, toutes les initiatives, installées dans le temps, à périodicité stable, (mensuel, bimensuel), on se rend compte que certes, les dirigeants nous feront tuer en masse (et cela nous dépasse) mais que nous avons encore de la latitude pour nous rencontrer, discuter, décider.

 

Lire la suite

jusqu'à l'os

13 Juin 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #assaisonneur, #développement personnel, #écriture- lecture, #films, #théâtre

tu crois marcher sur le sol solide, tu marches dans les espaces-temps einsteinien / tu te crois d'os, t'es fluide / tu te crois résistant, t'es collabo / tu te crois communiste anti-fasciste, tu participes au stalinisme des purges, des procès, du goulag, des déplacements de populations, de la terreur / tu veux faire entendre la spirale des silences de  Sebald et tu déclenches bruits et fureurs, polémiques, avant de te retirer avec ton enfant mort / est-ce le monde, l'atmosphère du temps qui est secouée par les turbulences de la guerre en cours dont on se demande où elle a cours ou ces turbulences sont-elles les remous remontant de nos abysses ?  image :  BRENDAN MONROE – ISLANDS COMIC ZINE Art // octobre 18th, 2011

tu crois marcher sur le sol solide, tu marches dans les espaces-temps einsteinien / tu te crois d'os, t'es fluide / tu te crois résistant, t'es collabo / tu te crois communiste anti-fasciste, tu participes au stalinisme des purges, des procès, du goulag, des déplacements de populations, de la terreur / tu veux faire entendre la spirale des silences de Sebald et tu déclenches bruits et fureurs, polémiques, avant de te retirer avec ton enfant mort / est-ce le monde, l'atmosphère du temps qui est secouée par les turbulences de la guerre en cours dont on se demande où elle a cours ou ces turbulences sont-elles les remous remontant de nos abysses ? image : BRENDAN MONROE – ISLANDS COMIC ZINE Art // octobre 18th, 2011

jusqu'à l'os
ou il est question
de l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault, spectacle-monde qui tourne
de Prévert et de la chasse à l'enfant
des Émigrants de Kristian Lupa, spectacle-monde, annulé
des blessures vives liées à l’histoire en train de se faire
et de voix d'intranquillité autres que l'art et l'histoire

 

Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie
Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie
Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie
Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie

Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

il y a des blessures en lien avec l'histoire au présent, celle qui se joue et dont on sait que c'est l'histoire, qui ne cessent de nous travailler jusqu'à l'os
-------------------------------
désolé si je déçois
mais le mouvement pour le retrait de la réforme des retraites à 64 ans ne me semble pas un moment historique
manifester 14 ou 15 fois en soumettant le retrait à un vote à l'assemblée nationale, attendre plus d'un mois entre le 1° mai et le 6 juin, c'est clairement faire le choix de l'acceptation et de la démobilisation;
aucun mot d'ordre genre préparons la grève générale jusqu'au retrait,
aucun appel à constituer des comités d'action, à inventer des formes
(décentraliser au lieu de tout centrer sur Paris ou sur le blocage des raffineries, pour affaiblir la répression qui ne pourrait s'exercer dans tout le pays);
bref, les organisations syndicales (les directions-les appareils) n'ont pas facilité l'auto-organisation d'une puissante grève générale jusqu'au retrait
et à la base, très peu d'initiatives, d'actions de blocages
plus essentiel, combattre pour freiner l'exploitation du travail des salariés par le capitalisme néo-libéral sans poser la question de l'exploitation forcenée de la planète au moyen du travail des salariés, exploitation qui mène à l'effondrement, révèle une fois de plus l'aveuglement collectif (hypnose collective) sur ce système de prédation qui conduit au suicide collectif de l'humanité
pour peut-être changer de paradigme, nécessité enfin de mettre radicalement en cause nos modes de consommation, de divertissement, nos addictions audiovisuelles, internautiques qui font de nous en tant que consommateurs des collaborateurs, des soumis volontaires du système d'exploitation et de domination
----------------------------
par contre le mouvement des GJ  fut un mouvement historique, plus par les ronds-points et AG que par les manifestations aux Champs-Elysées, davantage que Nuit debout;
des graines ont été semées dont certaines germinent et donneront des fruits par rhizomes
-----------------------------
ainsi pour moi, qui arrive en Algérie en septembre 62, qui en repart en février 64 et qui a vécu de près, le putsch des généraux en 61, qui a vu De Gaulle passer de l'Algérie française à l'Algérie indépendante entre 1960 et 1962, la fin de la guerre d'Algérie (1959-1964) est une blessure toujours vive en lien avec un double sentiment, de trahison et de gâchis ;
depuis l'indépendance, l'Algérie a vécu des événements terribles (la décennie noire) qui bien sûr interrogent, mettent mal à l'aise
enfin, l'échec du Hirak laisse un goût amer
----------------------------
si j'étais arrivé avant, j'aurais été confronté à la question de la torture;
il y a des tortionnaires qui vivent toujours avec le souvenir de cette pratique; comment vivent-ils leur soumission aux ordres ?
----------------------------
blessure qu'on essaie de calmer en s'informant, en lisant, en choisissant, en débattant, en créant
ainsi le bocal agité algéro-varois de 3 jours en juin 2002 au Revest
ainsi l'accueil du spectacle El Halia de Louis Arti aux Comoni
ainsi ma réaction récente devant la toile Djamila Boupacha d'Alain Le Cozannet à l'espace Saint-Nazaire à Sanary
ainsi une soirée récente où l'Algérie, Camus, une 3° voie, nous occupa pendant 5 H
-------------------------------
ces blessures vives indiquent que l'histoire n'est pas déterminée
on sent qu'il aurait suffi de peu pour qu'une autre voie s'ouvre
ces blessures, malgré la durabilité des sentiments de trahison, de gâchis, ouvrent sur l'espoir que ça peut changer et ça change
60 ans pour que l'État français reconnaisse sa responsabilité et celle de l'armée dans l'usage systémique de la torture et du viol
-----------------------------------------
https://www.facebook.com/jeanyves.clement.5/videos/1625002551321269
-------------------------------------------
Partir  
Sachant seulement un matin qu'il faut partir
Ignorant tout de ce que sera l'avenir
Partir au loin pour un ailleurs.
Partir
Pour d'autres cieux, d'autres soleils, d'autres matins
Partir comme une ombre brisée sur le chemin
Partir en y laissant son coeur.
Partir
Quitter sa ville, son village, sa maison
Quitter sa terre, ses racines, ses chansons
Partir pour un monde meilleur.
Partir
Fuyant l'enfer, l'intolérable, la folie
Pour garder comme un semblant de sens à sa vie
Partir en y laissant son coeur.
Partir
Le coeur à l'agonie, le coeur brisé
En infidèle, en clandestin, en accusé
Partir avant le petit jour.
Partir
Pour que l'espoir encor' survive dans nos coeurs
Pour juste un peu de liberté et de chaleur
Peut-être encore un peu d'amour.
Partir
Quitter sa ville, son village, sa maison
Quitter sa terre, ses racines, ses chansons
Partir pour un monde meilleur.
Partir
Pour que l'espoir encor' survive dans nos coeurs
Pour juste un peu de liberté et de chaleur
Partir au loin pour un ailleurs
Partir pour oublier la peur.
Partir.
Alain Barrière 1980

------------------------------------

si je tente d'inventorier mes blessures en lien avec l'histoire, j'en trouve 4

- blessure reconstituée, j'avais 2-3 ans, le sabordage de la flotte à Toulon, le 27 novembre 1942; la flotte aurait pu s'échapper

- mai 68, à la fois au Quesnoy dans le Nord, élu membre du comité de grève de la ville, et à Nanterre dans le sillage de Cohn-Bendit et les autres membres du mouvement du 22 mars; le pouvoir aurait pu changer de camp, des possibles étaient disponibles; les négociations de Grenelle ont sauvé le capitalisme

- 11 septembre 2001, l'invention de la nouvelle forme de l'axe du Mal par l'impérialisme américain

----------------------------------

aujourd'hui, ces blessures qui font tourner le regard vers le monde, me semblent ne pas devoir être surestimées; l'essentiel des blessures qui nous tiennent debout sont très lointaines, familiales, inter-générationnelles, archétypales et travailler sur soi, prendre conscience de comment on fonctionne me semble plus décisif que de tenter vouloir changer le monde, à l'image de nos tumultes intérieurs

j'entends parler de résistants, il y a donc des collabos; tous ces mots produisent de la séparation, du conflit; idem avec lutte des classes ou ultra-riches et pauvres; quand on emploie le langage de la séparation, évidemment, on est du bon côté, du côté de la justice, du droit, de l'humanisme, des grandes valeurs

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

Interview de Joëlle Gayot :

Mis en cause pour ses méthodes de travail à la Comédie de Genève, le Polonais réagit, dans un entretien au « Monde ». S’il reconnaît avoir « déraillé », il pointe le « forcing scandaleux » des équipes techniques.

Après avoir été déprogrammé de la Comédie de Genève en raison de manquements du metteur en scène aux règles du théâtre suisse, Les Emigrants, spectacle du Polonais Krystian Lupa, ne sera pas non plus joué à Avignon. L’annonce en a été faite mercredi 7 juin par Tiago Rodrigues, le nouveau directeur du festival. Nous avons joint l’artiste polonais à Cracovie.

Quelle est votre réaction après ces deux annulations successives ?

Je suis très surpris. Je n’avais jamais connu, jusqu’ici, une telle situation. A Genève, j’ai été confronté à la révolte d’une équipe technique qui a conduit la direction du théâtre à retirer le spectacle de son affiche.

Je tiens à rappeler le contexte. En Suisse, nous avions perdu une semaine de travail, car j’avais attrapé le Covid, début avril, de manière très violente. Pour ces raisons, la fin des répétitions s’annonçait très stressante. Nous avons commencé les répétitions techniques tardivement, or Les Emigrants est un spectacle extrêmement compliqué sur ce plan. Au tout début de ces ultimes séances de travail, j’ai tenu à prévenir tout le monde : en raison du manque de temps, une période difficile nous attendait. J’ai donc dit que j’essaierais de mener les répétitions de la façon la plus apaisée qui soit. Je me connais bien : non seulement je suis moi-même quelqu’un de très émotionnel, mais nous opérons, avec les comédiens, sur les émotions. Je me suis excusé à l’avance pour d’éventuels débordements dont je savais qu’ils pouvaient surgir. C’est ce qui a eu lieu, à deux reprises. Lorsque je suis dans un élan avec les acteurs et dans un état d’accélération intime, je cultive le fou intérieur en moi pour m’en servir et accéder à d’autres zones de pensée.

C’est dans ce contexte particulier que je me suis heurté aux équipes techniques. Celles de la lumière, qui, parce qu’elles me soumettaient des réglages à l’inverse de ce que je réclamais avec insistance, m’ont précipité dans une sorte de schizophrénie. J’ai déraillé. J’en ai honte. Puis j’ai aussi eu des problèmes avec le régisseur son, chez qui j’ai senti d’emblée le refus d’adapter sa méthode à la mienne. Je ne m’en cache pas, ces dernières répétitions techniques m’épuisaient, mais je n’étais pas agressif. Ce n’est pas mon ego surdimensionné qui est la source de ce conflit, mais l’ego surdimensionné de cette équipe.

Après ces événements, vécus comme un traumatisme par le théâtre de Genève, par les comédiens et, sans doute, par vous-même, diriez-vous que deux mondes incompatibles se sont rencontrés ? Celui des techniciens suisses et de leurs valeurs, et le vôtre, avec les exigences artistiques qui vous appartiennent ?

Il est certain qu’il s’agit du contraste de deux mondes. Je pense que l’équipe technique, qui ne voulait rien changer à ses façons de travailler, a fait le forcing auprès des directeurs de la Comédie de Genève, malgré les tentatives de ces derniers de calmer les choses. Je trouve ce forcing scandaleux. Pas par rapport à moi, mais par rapport aux acteurs. En cherchant à me punir ou à me contraindre à adopter leurs méthodes, ces techniciens n’ont absolument pas pris en considération l’immense travail accompli par les autres partenaires. Ils auraient dû trouver le moyen de s’en prendre à moi, et à moi seulement, sans affecter l’ensemble de la troupe artistique.

Pensez-vous que ce qui vient de se passer peut influer, demain, sur vos marges de manœuvre dans une salle de répétition ?

Il y a eu, voici deux ans, en Pologne, une discussion générale sur la violence au théâtre. J’ai appris que certains cherchaient des reproches à me faire. Je l’ai très mal vécu, mais j’ai profité de ce débat public pour me remettre en question. Dans ce travail que je mène un peu « à la sauvage », il a pu m’arriver d’aller trop loin. Au nom des rêves qui m’animent, je me suis permis d’exprimer mes émotions ou de formuler mon opinion de façon extrême, sans me rendre compte que mon attitude pouvait provoquer de la souffrance. J’ai toujours été partisan de la plus grande sincérité. Je l’exige de moi-même et je l’attends des autres. Mais je suis sans doute quelqu’un de fort, ce que tout le monde n’est pas. Lorsque j’ai eu compris ça, j’ai fait plus attention. Comment peut-on dire la vérité sans blesser ceux qui nous font face ? Cette réflexion est nécessaire.

Cette prise de conscience a permis au travail sur Imagine – spectacle que j’ai créé en avril 2022 mais dont les répétitions, à Varsovie, avaient démarré fin 2021 – de se dérouler dans une incroyable harmonie, avec l’équipe technique comme avec les acteurs. Nous en étions extrêmement heureux, nous avons tous senti que cette voie était la bonne. Arrivant à Genève, je voulais revivre la même harmonie, mais je n’ai pas réussi. Je crois qu’après avoir attrapé le Covid je suis tombé dans un état psychique critique. Le temps me manquait, mes nerfs étaient en morceaux alors qu’il faut une discipline stable et une bonne condition psychique. Des éléments qui ne dépendent pas seulement de moi, mais aussi de l’ambiance générale. Or j’ai ressenti, et les acteurs également, une animosité immédiate à mon égard de la part de l’équipe technique genevoise.

Cette création des « Emigrants », d’après le récit de W. G. Sebald, occupe-t-elle une place singulière dans votre parcours ?

Il y avait dans ce spectacle quelque chose d’important, d’infiniment personnel et de très nouveau. Raisons qui expliquent, aussi, cette montée de pression émotionnelle. Je ne voulais surtout pas gâcher ce rêve. Avec les comédiens, nous étions parvenus à quelque chose d’assez exceptionnel. Il s’agit pour moi du spectacle le plus important depuis Factory 2, que j’ai créé en 2008 à Cracovie et joué à Paris en 2010.

Qu’est-ce qui l’emporte en vous aujourd’hui : la colère, le chagrin, l’incompréhension, le remords ?

J’ai 79 ans, je suis trop vieux pour être en colère. Etant donné mon âge, il me semble que je mérite un peu d’indulgence. Je suis rentré chez moi à Cracovie et je me sens abandonné. Mon enfant est mort. J’ai perdu un enfant.

(alors là, sur les réseaux sociaux, haro sur le vieux Lupa qui ose dire ça) JCG

Traduction assurée par Agnieszka Zgieb, dont Imagine, un livre d’entretiens avec des acteurs et Krystian Lupa, doit sortir en juillet aux éditions Deuxième époque.

Cet article est paru dans Le Monde.

 

 

À partir des années 90, des milliers d'emplois inutiles ont squatté les crédits des Théâtres du Service Public. Des milliers d'emplois fixes de médiateurs culturels et autres accompagnateurs administratifs, ont détourné l'argent public pour remplir des bureaux !... Et nous, artistes, intermittents, avons alors alors entendu l'éternel refrain : "Il n'y a plus d'argent". Oui, il n'y a plus d'argent pour la création car il a été détourné. Et aujourd'hui, les emplois fixes avec le syndicats dont c'est évidemment le rôle de protéger l'emploi, ont détruire la "fragilité" des artistes, des intermittents qui, pour ce que nous savons de l'histoire de Lupa, ont soutenu cet immense créateur jusqu'au bout ! Je viens de voir les 5 heures de Sylvain Creuzevault/Peter Weiss où l'on voit combien les époques fascisantes détruisent, en plus de tout le reste… la création, les œuvres d'art, les créateurs artistique. À suivre en résistance ! Moni Grégo.

 

 

 

PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb
PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb
PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb
PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb

PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb

Les Émigrants de Krystian Lupa
Entretiens avec les acteurs suisses et français par Arielle Meyer-Macleod de la Comédie de Genève. via
Agnieszka Zgieb
PIERRE BANDERET (LE NARRATEUR)
Krystian Lupa génère par la parole un processus infini de dépliage qui implique que, moi aussi, je dois me déplier. Pour être disponible à recevoir ce qu’il m’offre.
Sa lecture du texte – cultivée, érudite et ample – est avant tout de l’ordre du sensible. Il ne parle pas comme un professeur, mais comme un médium qui jette une lumière entre le texte et ce qu’on peut y voir.  Il n’explique pas les choses, il me les donne. Un cadeau qui n’est pas toujours facile à ouvrir d’ailleurs – il faut, là aussi, le déplier, et fouiller dedans.
Il mâche et marche le discours autour des Émigrants en se laissant porter par ses impulsions, avec une grande curiosité et beaucoup de joie, comme s’il allait chercher tous les possibles – pas forcément pour les jouer – mais pour nous remplir d’images dont il attend que nous les remâchions, les intégrions et nous inscrivions dedans.
Cela crée une sorte de précipitation, comme on dit en chimie – des vibrations. L’air devient plus dense.  
J’ai rencontré un metteur en scène qui m’emmène ailleurs, vraiment, qui ouvre quelque chose en moi. Après presque 50 ans de carrière, je suis heureux de vivre ça. J’en sors comme agrandi.
MANUEL VALLADE (PAUL BEREYTER)
Son approche des Émigrants est étrangement très physique, alors même que nous avons passé des semaines assis autour de la table. Lorsqu’une idée surgit, sa joie est palpable et s’exprime physiquement– il a l’œil qui frise, il rougit, indiquant que quelque chose vibre là, à cet instant, qu’une piste intéressante à creuser ensemble vient d’émerger de son imaginaire toujours en mouvement.
Ce travail nous emmène vers des zones inexplorées pour créer d’abord un paysage intérieur d’où naissent non des personnages, mais des situations, des rapports, des états. Ensuite seulement surgit la parole, dans le creux de laquelle se dessine alors un personnage fait surtout de ce qu’il ne peut pas dire, de tous ces mots qui, comme dans la vie, sont empêchés.
Lupa a un rêve, d’une puissance extraordinaire, et nous fait confiance pour le réaliser à partir de qui nous sommes, de la façon dont nous allons nous l’approprier et le faire vivre.
Notre imaginaire s’ouvre et il nous incombe de le maintenir en mouvement, pour que jamais il ne se fige – c’est en cela que ce travail est physique, au sens de sensible, organique, et très concret.
MÉLODIE RICHARD (HELEN)
Le travail avec Krystian Lupa agit comme une drogue, clairement. Une drogue qu’il nous apprend à fabriquer nous-mêmes. Si on a déjà en soi un désir d’intensité, une propension à l’amour fou, travailler avec lui est un cadeau, parce qu’il nous donne la possibilité d’être en permanence dans cet état d’amour fou, pas pour lui – il garde une grande distance avec nous – mais pour le mystère dans lequel il nous plonge.
Il nous fait goûter à cette drogue, nous emporte dans son tourbillon, mais c'est une initiation pour nous permettre d’être autonomes, et d’ouvrir notre propre laboratoire clandestin.
MONICA BUDDE (LUCY LANDAU)
Je pourrais répondre que  je ne sais pas comment ça agit, ce qui serait une réponse juste. Mais ça agit évidemment. Incroyablement. Comme si Krystian Lupa nous demandait de faire pousser un arbre, très grand, en creusant d’abord un trou, très profond – Krystian n’a pas peur des abîmes – et on crée des racines aussi étendues que l’arbre est haut. Le tronc surgit, des branches apparaissent, et le rêve serait que le spectateur puisse percevoir le frémissement du vent dans les feuilles.
Georges Büchner, dans Woyzeck, dit : « chaque être humain est un abîme, on a le vertige quand on le regarde ». Krystian regarde dans cet abîme. Et c’est très joyeux. En physique quantique, on sait que le regard qu’on porte sur la chose non seulement l’influence mais possiblement la crée. D’une certaine manière, Krystian Lupa fait cela, exactement – du théâtre quantique.
LAURENCE ROCHAIX (TANTE FINI)
Je me sens remplie d’une nourriture qu’il me faut digérer et qui me fait grandir. On avance sur des sables mouvants, comme sur le fil du rasoir, sans bien savoir où l’on va, en faisant confiance au processus, en essayant de rester en équilibre sur cette crête et ne pas tomber du mauvais côté.
J’y pense tout le temps, au réveil, dans la journée, je vis avec ce projet, je m’abandonne à cet univers, avec beaucoup d’humilité et de plaisir.
PIERRE-FRANÇOIS GAREL (AMBROS JEUNE)
Krystian Lupa nous invite à faire comme lui : déverser notre inconscient de notre tête, notre cœur, notre corps, pour l’offrir à son oreille à lui et à celle de nos partenaires au plateau.
Il active en lui un état animal d’où surgissent des intuitions créatives, et nous contamine, nous fait accéder à un état où tout ce qui nous entoure, partout, tout le temps, ouvre notre imaginaire. Comme si nous n’avions plus qu’à nous baisser, à cueillir ce que nous sentons et le faire vibrionner.
Alors, d’un seul coup, on s’offre, comme les enfants qu’on a été, avec la possibilité de rêver follement.
JACQUES MICHEL (AMBROS VIEUX ET KASIMIR)
C’est une expérience unique, jamais je n’ai travaillé de cette façon, jamais je n’ai été à quinze jours d’une première en ne sachant pas vraiment ce qui va se passer au plateau.
Une expérience d’autant plus unique que Lupa ne parle ni français, ni anglais – bien qu’il en comprenne plus que ce qu’il laisse entendre. II a lu Sebald en polonais alors que nous l’avons lu en français – deux traductions différentes depuis l’allemand, langue originale du texte. Il écrit les scènes du spectacle en polonais, qui sont ensuite traduites en français. Il y a là comme une mise en abyme.
Je n’ai donc pas mes repères habituels – ceux du texte et de la langue – mais des clefs formidables pour construire le « paysage intérieur » que Lupa cherche. Il m’a parlé d’Ambros comme d’une figure de la souffrance, un personnage qui porte le stigmate profond de l’homosexualité, un homme au soir de la vie qui sait qu’il n’a plus le temps, qu’il ne pourra pas réparer et que les blessures demeurent.
Ces pensées produisent un écho en moi. Elles font remonter les pleurs, les chagrins, les peines, les morts, les insatisfactions – tout ce qui sommeille en chacun de nous. Et ça me bouleverse.
PHILIPPE VUILLEUMIER (LE DR ABRAMSKY)
J’ai le sentiment que tout ce que j’entends agit au niveau de mes cellules, comme si elles étaient pleines d’atmosphères, de sensations, de situations. A chaque instant, les détails qui m’entourent créent des échos en moi, dans un état de pleine conscience, comme en suspens.
Je n’ai répété qu’une seule fois sur le plateau pour l’instant, mais je me sens en confiance, comme porté par tout ce que j’ai entendu, au point que si on me disait maintenant, Philippe, ce soir on joue, je n’aurais pas peur.
Lupa me met en contact avec les ruines qui se trouvent sur scène. Ce sont ces ruines qui parlent à travers moi, ce n’est pas moi qui parle devant les ruines. Je suis le porte-parole, le porte-paysage de ces ruines. Une sorte de medium
C’est une expérience magnifique.
AURÉLIEN GSCHWIND (COSMO)
Krystian Lupa nous livre son propre monologue intérieur et parle la langue des personnages. Il nous transmet son désir, qui commence à s’incarner lorsque notre propre vie vient se déposer sur son imaginaire à lui
A l’inverse du processus habituel, dans lequel on travaille les scènes encore et encore, Lupa repousse le moment du plateau comme pour le préserver et le rendre encore plus précieux et magique. Cela crée une tension, à la fois une frustration et une énergie, un désir qui n’est jamais désamorcé par le fait de refaire, et qui reste très vivant.
J’ai l’impression que la liberté va naître de ce « grand maintenant », comme il dit, qu’est la représentation. Comme si nous étions en train de préparer une improvisation magistrale qui aura lieu le soir de la première.
PHOTO Natan Berkowicz

Chères toutes et chers tous,
Je vous informe que le livre Imagine de Krystian Lupa que j’ai dirigé et traduit sort aujourd’hui de chez l’imprimeur !
À partir des paroles de la célèbre chanson de John Lennon qui fut, pour la génération hippie, comme un nouvel évangile porteur de la promesse d’un monde différent — soit une humanité sans guerres ni frontières, sans haine, sans religion — Krystian Lupa et ses acteurs donnent à penser quant à la viabilité de l’utopie, sur une planète où la spiritualité a été commercialisée ou dévoyée en politiques identitaires, où les valeurs humanistes, les droits de l’homme, l’égalité et la liberté individuelle sont sans cesse bafoués, et où l’omniprésence de la destruction semble s’être substituée à l’idée même d’un développement positif de l’être humain.
Imagine nous convie à un surprenant voyage intime au sein du labyrinthe intérieur de l’être humain, et interroge, en nous, les aspirations utopiques à un monde plus libre, à une humanité meilleure.

Agnieszka Zgieb

vient de paraître, en souscription
vient de paraître, en souscription
vient de paraître, en souscription
vient de paraître, en souscription
vient de paraître, en souscription

vient de paraître, en souscription

Quelques extraits des réactions de l'équipe technique de La Comédie de Genève

La RTS a eu connaissance d'un document de neuf pages rédigé par l'équipe technique de La Comédie qui revient sur les faits concernant la création du spectacle "Les Emigrants" de Krystian Lupa et dont le déroulement s’étale de mars à mai 2023.

En voici quelques extraits:

"M. Lupa demande un micro pour s’exprimer, afin d’appareiller sa voix très puissante, compréhensible en tout point de la salle, dans laquelle il règne un silence absolu lorsqu’il parle. Sa voix rempli l’espace à un niveau très fort pendant toute la durée de la répétition, et il nous est refusé d’en baisser le niveau. M. Lupa s’exprimant en polonais, un deuxième micro est fourni à la traductrice qui s’efforce de traduire le discours extrêmement prolixe et ininterrompu du metteur en scène, qui la plupart du temps ne prend pas la peine de laisser l’espace nécessaire à la traduction et qui parle par-dessus celle-ci. Il nous devient très difficile de comprendre le discours qui s’énonce au plateau et il est toujours très fatigant à écouter et à transformer en actions claires.

De plus, la traductrice ne possédant pas du tout le langage technique, les maigres informations captées s’avèrent souvent imprécises ou totalement confuses pour tous les corps de métier. Il règne donc une ambiance sonore écrasante où seule la voix de M. Lupa est autorisée. Lors de nos rares interventions, M. Lupa nous coupe la parole et impose toujours le même niveau sonore."

"Les 8 heures de répétitions quotidiennes sont donc, jusqu’à quelques jours de la première (...), constituées de 5 à 7,5 heures de monologue de M. Lupa, entrecoupées de 5 à 20 minutes consécutives maximum de jeu des comédiens."

"A la seconde où le résultat visuel ou sonore diverge de sa vision, M. Lupa interrompt la répétition par des cris de colère et d’indignation, et repart dans une diatribe qui laisse les régisseuses-eurs sidérés et tétanisés."

"M. Lupa n’a jamais assumé sa part de responsabilité dans l’impasse dans laquelle se trouvait la création. Nous subissions son courroux et son dénigrement et régulièrement, il commençait la journée de travail nous menaçant que s’il y avait des erreurs, il annulerait la première, voire le spectacle, puisqu’il était selon lui impossible de travailler ainsi!"

"Que M. Lupa ait une manière totalement à lui de diriger ses comédiennes-iens, c’est son droit le plus strict. Mais nous ne sommes pas des comédiens, nos outils ne sont pas nos corps, nos voix."

"Toutes les créations de M. Lupa mettent les équipes techniques sous une pression énorme. Pour encaisser cette pression, les directions des théâtres ont eu recours à un turn-over des équipes très important. Les régisseurs étaient régulièrement remplacés une fois épuisés, déprimés, voire hospitalisés. Des équipes ont été entièrement remplacées suite à leur refus de continuer, y compris en Pologne.

C’est plutôt la position des directions de théâtre qui a permis, à un prix humain exorbitant, de faire aboutir ces créations. Ces éléments nous ont été relatés par la collaboratrice même et traductrice de longue date de M. Lupa, mais aussi par ses collaborateurs artistiques."

"Nous avons reçu de nombreux témoignages venant de Pologne où 'il est un abuseur connu bien que personne n’ait eu le courage de s’opposer à lui… Mais la communauté du théâtre est au début d’un processus de contre-attaque'..."

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

Eva Doumbia se coltine à cette affaire, avec une grande honnêteté

(pour moi, JCG, toute réaction renvoie celui qui réagit, qui juge, à lui-même; croyant parler de l'autre, il parle de lui-même; prendre conscience de l'effet-miroir peut contribuer à passer du combat contre ceci ou cela, qu'on croit juste, nécessaire, en acceptation de tout ce qui existe, sans tri, sans jugement)

"J’ai lu ce matin le témoignage des techniciens de la Comédie de Genève concernant la création de Krystian Lupa et ça m’a touchée et déplacée, et surtout attristée. Comme quand on assiste à un conflit entre deux personnes que l’on estime et dont on pensait qu’elles allaient s’entendre. Malgré l’affection et l’admiration que j’éprouve pour ce metteur en scène, je reconnais que les faits qui sont décrits ne sont pas défendables.
En lisant et parce que je connais Lupa et Piotr je pense à ces calques que l’on pose sur des dessins et qui ne correspondent pas.
Cette affaire provoque disputes passionnées parce qu’elle met le doigt sur les relations de pouvoir qu’il faut dénoncer et supprimer au théâtre.
Mais aussi, elle pose la question des affects dans nos métiers. Et c’est très important.
J’ai lu ici et là que si les acteur.ices et la traductrice défendaient Krystian et voulaient aller jusqu’au bout du processus créatif c’est qu’ils et elles étaient sous emprise.
Elle, Agnieska serait comme atteinte du syndrome de Stockholm. Je ne le crois pas.
Au printemps 2003, je suis allée avec d’autres metteurs/ses en scène en formation à Cracovie au Stary Theatr, et j’ai été éblouie. Je reste impressionnée (au sens propre) par ces moments de recherche. Je ne vais pas raconter ici parce que tout a été écrit sur l’univers et la méthode de Lupa. À ce moment-là, et je crois que c’est important, les plus pragmatiques d’entre nous disaient que c’était inapplicable en France car personne chez nous n’avait 8 mois pour faire une création. La démarche créative de Lupa nécessite de sortir du temps compartimenté.  J’avais lu quelque part, (je crois chez Thibaudat d’ailleurs), un texte qui parlait de ce que ses spectacles étaient des expérience d’étirement du temps. Peut-être ce n’est pas pour rien si cette histoire se passe au pays des horloges.
Le travail d’entrainement qu’il propose aux interprètes leur permet d’être toujours en improvisation, ouvert.es au moment. Cela a quelque chose du rituel et nécessite un guide. Comme dans les cérémonies.
Sans doute, peut-être, Krystian et Piotr ont été méprisants, et ils n’ont pas calculé le temps et la présence de ceux qui n’étaient pas acteur.ices. C'est une faute que de ne pas embarquer l'ensemble de l'équipe de création. Cela doit changer.
Moi, je n’ai pas souvenir d’avoir vu en 2003 un tyran maltraitant les techniciens et les interprètes, mais peut-être j’étais aveuglée. Ce dont je me souviens, c’est d’avoir été embarquée dans un monde poétique, infiniment littéraire, d’une grande spiritualité et surtout qui posait chaque jour la question qui pour moi est la plus essentielle au théâtre : qu’est ce que c’est qu’être humain ? Cette idée du corps rêvant, du fou intérieur. Quelque chose de la transe qui m’était familier.
Il y avait déjà des gens, acteur.ices, certains de ses élèves polonais qui étaient réfractaires et le disaient manipulateur. (D’ailleurs, il l’a évoqué dans Le Monde ou Libé et dit que mortifié, il en a pris acte.)
Moi j’ai aimé vivre ce moment.
C’était il y a 20 ans, je n’étais pas « gourou-isable ». Je ne l’ai jamais été. Même si je parle de rituel. C’était il y a 20 ans. On pourrait se dire que sans doute il a changé, qu’il est devenu cette mauvaise personne. Je ne le crois pas. Je veux dire que ce qui est décrit par les techniciens était sans doute là, si les circonstances le faisait émerger. Car je crois que tout est question de circonstances.
D’alchimie.
Parmi les descriptions d’une ambiance merdique, de faits de violence verbale, de tensions permanentes, je sens dans le  témoignage de Benjamin Vick, l’ingénieur son qui a écrit, que dès le départ il y a eu rejet de la méthode de création. L’auteur du post parle de monologues incessants qui durent des mois.
Evidemment, si on ne sait pas à quoi ça correspond, on a tous les éléments qui constituent le pire du patriarcat. Un homme d’un certain âge qui monopolise l’espace verbal et physique.
Tout ce que personnellement je ne supporte pas. Contre lequel je me bats.
Là, je sais, parce que j'en ai été témoin, et l'ai vécu qu'il s'agit d'autre chose. De ce guide dont je parle plus haut. C'est pour cette raison que j'ai écrit que le dogmatisme était une très mauvaise chose. Lupa a sans doute perdu pied, mais n'est pas un patriarche tyrannique.
Les technicien.ne.s  parlent aussi d’alcool et de cris.
C'est très important.
Car là, vient la question des affects. Cette question des affects dont on parle si peu, qui est si présente pourtant.
Le costumier ivre dont parle le texte des technicien.nes, c’est Piotr, le compagnon de Lupa. C'est un des plus grands acteurs que j'ai jamais vu; C'est aussi une personne attachante. Mais je crois qu'il souffre d'addictions et est bipolaire.
Je crois qu’on connait tous et toutes des artistes, des hommes et des femmes, dans tous les mondes professionnels d’ailleurs qui ne gèrent pas les croisements entre vie affective et travail.
Ça m’est arrivé. Plusieurs fois. Je travaille avec mon conjoint, je dirige mon fils dans Le iench. Je collabore avec mes meilleurs ami.e.s. J’ai travaillé longtemps avec mon frère, dont je porte le deuil depuis 4 ans. Il était bipolaire, alcoolique et toxicomane. Et c’était une belle personne, un artiste doué.  Et oui, il lui est arrivé plusieurs fois de venir ivre et défoncé en répétition et oui, ça me tiraillait. Et oui je l’ai souvent protégé. Et je me suis fâchée longtemps avec lui. Puis réconciliée. C’était difficile parce que je l’aimais, essayais de le, de nous sauver. Et ce qui n’était pas acceptable c’était que les collaborateurs/trices assistaient à cela, et souvent n’osaient pas le dire, parce que c’était mon frère. Celui de la metteuse en scène.
Parfois mon compagnon, qui compose les musiques de mes spectacles et moi nous disputons sur des questions artistiques devant le reste de l'équipe, qui assiste à quelque chose d'obscène, parce que le ton dénote une intimité qui ne leur appartient pas. J’en suis désolée, mais je ne regrette rien. C'est aussi la vie. Les erreurs, les éléments auxquels on est soumis, les choix qu'on n'arrive pas à faire.
Mais j’ai aussi été soumise dans le travail à des affects envers des personnes qui m’étaient beaucoup moins proches, parfois j’en ai été dévastée.
On a tous et toutes été, ou on le sera tous et toutes un jour, en contradiction avec nos idéaux parce qu'on aime telle ou telle personne qui se comporte de telle ou telle manière.
Ce que j’écris n’excuse pas les insultes, ni la violences, ni aucun débordement.
D’ailleurs moi, je ne pratique pas la violence dans le travail. Ni nulle part.
Mais je me dis que s’identifier à ceux que l’on dénonce est une manière de lutter contre tout ça, les dominations, la violence.
Tenter de comprendre comment un homme, mon père biologique en est arrivé à me frapper alors que j'étais un bébé m'a permis de survivre à la folie, d'écrire, de créer. Comprendre comment ça marche, en soi, chez soi, le partager pour avancer.
Je suis convaincue que Lupa va apprendre. On peut changer en bien même quand on est très vieux.
Et je finirai ce long post (trop long/moi-même je l’aurais jamais lu jusqu’au bout), je finirai donc avec une conviction sur l’âgisme.
J’ai pas attendu d’être un peu vieille moi-même pour penser qu’il faut respecter les ancien.ne.s. J’apprends à chaque visite de Maryse Condé, et j’ai appris de Lupa, de Marie Claire Doumbia aussi (elle n’est pas aussi vieille). Je prends conseil auprès d’Alain Fourneau des Bernardines quand j'ai un problème de théâtre ou de mes amies plus âgées que moi lorsque j'ai des problèmes dans mon couple.
Ce sont des femmes plus âgées qui m'ont appris à allaiter; et d'autres encore auprès de qui je me confie lorsque je suis angoissée pour la scolarité de mon enfant. J’étais en conflit avec mon père (l'autre, le deuxième) mais il savait répondre à mes interrogations existentielles (croire ou pas en Dieu). La sagesse de mon vieil oncle Sériba me manque à Abidjan, mais j’ai encore celle de Tonton Ladji au Mali. Les livres qui m'accompagnent sont écrits par des personnes nées au début du siècle dernier ou même au 19ème.
J'essaie de transmettre ce que je sais aux élèves que je suis
Nous ne sommes pas des poulpes et c’est tant mieux.
Edward Bond, un autre vieux que j’admire a écrit dans « Olly’s Prison » :  « Nous apprenons en vieillissant »." Eva Doumbia

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

Et parce que l'art, comme l'histoire, n'ont pas le monopole des voies et voix autres, trois liens mettant en avant les voies et voix d'intranquillité de

- Christiane Singer

- Christian Bobin

Lire la suite

Au débat, citoyens !

15 Janvier 2019 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #Gilets Jaunes, #J.C.G., #agora, #agoras, #pour toujours, #écriture- lecture, #théâtre

bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune
bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune

bonjour, c'est pour un débat; le président de fenêtre fermée en porte entrouverte; l'avenir selon une banque, selon deux gilets jaunes; autres livres; recouvrir sa télé d'un gilet jaune

 

Humour

EFFERVESCENCE NORMANDE - Grand Bourgtheroulde, dans l’Eure, où se déplace aujourd’hui Sa Majesté Emmanuel Macrotin, est en ébullition. La preuve ? Selon « Le Courrier de l’Eure », le cahier de doléances ouvert en mairie, qui « ne comptait que quatre contributions le 9 janvier 2019, en comportait neuf le lendemain, 10 janvier 2019. Un signe, sans doute, de L’EFFERVESCENCE dans cette petite commune rurale de Normandie depuis l’annonce officielle de la visite du chef de l’Etat. (…) Pour l’instant, les demandent inscrites dans ce cahier concernent surtout des mesures en faveur d’un meilleur pouvoir d’achat et l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC). La baisse des privilèges pour les représentants de l’Etat, le retour de l’ISF font aussi partie des revendications exprimées, ici, par écrit. »
Il y aurait donc 9 dangereux contestataires factieux parmi les 3.800 Thérouldebourgeois (ainsi appelle-t-on les habitants de Grand Bourtheroulde). Privée de Benalla, la garde rapprochée de Jupiter 1er est- sur les dents. Ne pas oublier, en effet, que Grand Bourgtheroulde doit son nom à Théroulde, qui fut assassiné en 1040/1041 par Guillaume de Montgommery. (Théroulde vient du germain Turoldus , nom qui figure au dernier vers de la plus ancienne rédaction de la Chanson de Roland : « Ci falt la geste que Turoldus declinet »).
Pour prévenir tout risque de répétition de l’histoire assassine, des mesuires drastiques ont été prises :sur les 700 maires de Normandie invités ce mardi 15 janvier dans l’Eure, pour le premier déplacement d’Emmanuel Macrotin en région, seuls deux maires du Calvados seront autoriser à baiser les babouches du Souverain : : Sophie de Gibon (Canteloup) et Joël Bruneau (Caen).
Une délégation locale des Gilets jaunes sera d’autre part reçue par par le responsable des cabinets de Christophe Castaner, qui leur offrira une rasade de gaz lacrymogènes.

Jean-Marc Adolphe

Anne Groh Le sketch complet. Le préfet à interdit tout rassemblement ! La pièce de théâtre écrite par un auteur peu connu, Emmanuel Macron, "Le foutage de gueule" sera jouée aujourd'hui dans le département de l'heure. Un seul comédien, l'auteur lui-même, car veut être seul sous les projecteurs du plateau, et surtout ne veut aucun public car le méprise en le traitant de "gens de rien ne faisant aucun effort"

A LA BONNE EURE !
Emmanuel Macron a choisi le département de l'Eure pour lancer le grand débat national. Département où la contestation est muselée par plus de 20 arrêtés préfectoraux qui interdisent totalement les manifestations et rassemblements #GiletsJaunes depuis le 17 décembre et jusqu'au 16 janvier.

Le choix d'organiser le #GrandDebatNational dans un territoire où les #GiletsJaunes s'exposent à six mois d'emprisonnement et 7 500 € d'amende s'ils se rassemblent ou manifestent ne peut laisser indifférent.... La liberté de manifester y a été purement et simplement abolie. Tristan Laouen.

(Je me souviens de la consultation de Philippe Meirieu sur l'école au temps du ministre Claude Allègre, c'était en 1997-1998 sur quels savoirs enseigner dans les lycées ? j'avais écrit quelques articles d'esprit critique et civique adressés à mes collègues et aux élèves de mon lycée, le lycée Rouvière à Toulon; juin 1998, je prenais ma retraite; on retrouve ces articles dans le livre à 3 auteurs Pour une école du gai savoir, un livre qui débloque aux Cahiers de l'Égaré, 2004. Je vais participer à cette consultation, en citoyen. Pourquoi ? Même si avec le mouvement des gilets jaunes, une intelligence collective se manifeste (intelligence émotionnelle, du coeur, produisant du chaud, du concret et des idées) chacun est responsable de ce qu'il produit ou pas, de ce qu'il partage ou pas. Simple citoyen, ça veut dire sortir du cadre de mes intérêts personnels, particuliers et m'intéresser à ce qui, d'après les réalistes, ne me regarde pas, l'intérêt général, le bien commun, le vivre ensemble, toutes formules évidentes et obscures. Je trouve juste depuis ma place de tenter de m'élever au niveau des questions d'ensemble. L'instituteur qui a écrit la lettre du président pose-t-il toutes les questions qu'il faut se poser ? Le président a-t-il des idées derrière la tête ? Veut-il nous enfumer ? Ces questions auxquelles je me donne des réponses ne m'interdisent pas de répondre pour moi à ces questions. Cela va m'obliger à formuler mes choix, mes préférences, mes priorités, mes valeurs, comme si j'écrivais un programme politique. Sain exercice qui me servira de boussole pour évaluer les programmes à venir ou existants, d'évaluer les actions en cours. Je ferai preuve d'esprit critique et civique. Esprit critique cela veut dire sans projection d'a priori, de préjugés, de voile idéologique. Esprit civique cela veut dire avec la visée du bien commun, étendu aujourd'hui à l'humanité, à la planète. Cela ne m'empêchera pas de continuer à être citoyen gilet jaune à ma manière.) JCG
 
Voilà la lettre du grand débat national.
Chères Françaises, chers Français, mes chers compatriotes,
Dans une période d’interrogations et d’incertitudes comme celle que nous traversons, nous devons nous rappeler qui nous sommes. La France n’est pas un pays comme les autres. Le sens des injustices y est plus vif qu’ailleurs. L’exigence d’entraide et de solidarité plus forte. Chez nous, ceux qui travaillent financent les pensions des retraités.
Chez nous, un grand nombre de citoyens paie un impôt sur le revenu, parfois lourd, qui réduit les inégalités.
Chez nous, l’éducation, la santé, la sécurité, la justice sont accessibles à tous indépendamment de la situation et de la fortune. Les aléas de la vie, comme le chômage, peuvent être surmontés, grâce à l’effort partagé par tous.
C’est pourquoi la France est, de toutes les nations, une des plus fraternelles et des plus égalitaires. C’est aussi une des plus libres, puisque chacun est protégé dans ses droits et dans sa liberté d’opinion, de conscience, de croyance ou de philosophie.
Et chaque citoyen a le droit de choisir celles et ceux qui porteront sa voix dans la conduite du pays, dans la conception des lois, dans les grandes décisions à prendre.
Chacun partage le destin des autres et chacun est appelé à décider du destin de tous : c’est tout cela, la nation française.
Comment ne pas éprouver la fierté d’être Français ?
Je sais, bien sûr, que certains d’entre nous sont aujourd’hui insatisfaits ou en colère. Parce que les impôts sont pour eux trop élevés, les services publics trop éloignés, parce que les salaires sont trop faibles pour que certains puissent vivre dignement du fruit de leur travail, parce que notre pays n’offre pas les mêmes chances de réussir selon le lieu ou la famille d’où l’on vient.
Tous voudraient un pays plus prospère et une société plus juste.
Cette impatience, je la partage. La société que nous voulons est une société dans laquelle pour réussir on ne devrait pas avoir besoin de relations ou de fortune, mais d’effort et de travail.
En France, mais aussi en Europe et dans le monde, non seulement une grande inquiétude, mais aussi un grand trouble ont gagné les esprits. Il nous faut y répondre par des idées claires.
Mais il y a pour cela une condition : n’accepter aucune forme de violence. Je n’accepte pas, et n’ai pas le droit d’accepter la pression et l’insulte, par exemple sur les élus du peuple, je n’accepte pas et n’ai pas le droit d’accepter la mise en accusation générale, par exemple des médias, des journalistes, des institutions et des fonctionnaires. Si tout le monde agresse tout le monde, la société se défait !
Afin que les espérances dominent les peurs, il est nécessaire et légitime que nous nous reposions ensemble les grandes questions de notre avenir.
C’est pourquoi j’ai proposé et je lance aujourd’hui un grand débat national qui se déroulera jusqu’au 15 mars prochain. Depuis quelques semaines, de nombreux maires ont ouvert leurs mairies pour que vous puissiez y exprimer vos attentes.
J’ai eu de nombreux retours que j’ai pu prendre en compte.
Nous allons désormais entrer dans une phase plus ample et vous pourrez participer à des débats près de chez vous ou vous exprimer sur internet pour faire valoir vos propositions et vos idées. Dans l’Hexagone, outre-mer et auprès des Français résidant à l’étranger.
Dans les villages, les bourgs, les quartiers, à l’initiative des maires, des élus, des responsables associatifs, ou de simples citoyens… Dans les assemblées parlementaires comme régionales ou départementales.
Les maires auront un rôle essentiel car ils sont vos élus et donc l’intermédiaire légitime de l’expression des citoyens. Pour moi, il n’y a pas de questions interdites. Nous ne serons pas d’accord sur tout, c’est normal, c’est la démocratie. Mais au moins montrerons-nous que nous sommes un peuple qui n’a pas peur de parler, d’échanger, de débattre.
Et peut-être découvrirons-nous que nous pouvons tomber d’accord, majoritairement, au-delà de nos préférences, plus souvent qu’on ne le croit. Je n’ai pas oublié que j’ai été élu sur un projet, sur de grandes orientations auxquelles je demeure fidèle.
Je pense toujours qu’il faut rendre à la France sa prospérité pour qu’elle puisse être généreuse, car l’un va avec l’autre.
Je pense toujours que la lutte contre le chômage doit être notre grande priorité, et que l’emploi se crée avant tout dans les entreprises, qu’il faut donc leur donner les moyens de se développer.
Je pense toujours qu’il faut rebâtir une école de la confiance, un système social rénové pour mieux protéger les Français et réduire les inégalités à la racine.
Je pense toujours que l’épuisement des ressources naturelles et le dérèglement climatique nous obligent à repenser notre modèle de développement.
Nous devons inventer un projet productif, social, éducatif, environnemental et européen nouveau, plus juste et plus efficace. Sur ces grandes orientations, ma détermination n’a pas changé. Mais je pense aussi que de ce débat peut sortir une clarification de notre projet national et européen, de nouvelles manières d’envisager l’avenir, de nouvelles idées.
À ce débat, je souhaite que le plus grand nombre de Français, le plus grand nombre d’entre nous, puisse participer.
Ce débat devra répondre à des questions essentielles qui ont émergé ces dernières semaines.
C’est pourquoi, avec le Gouvernement, nous avons retenu quatre grands thèmes qui couvrent beaucoup des grands enjeux de la nation : la fiscalité et les dépenses publiques, l’organisation de l’Etat et des services publics, la transition écologique, la démocratie et la citoyenneté.
Sur chacun de ces thèmes, des propositions, des questions sont d’ores et déjà exprimées.
Je souhaite en formuler quelques-unes qui n’épuisent pas le débat mais me semblent au cœur de nos interrogations.
Le premier sujet porte sur nos impôts, nos dépenses et l’action publique.
L’impôt est au cœur de notre solidarité nationale. C’est lui qui finance nos services publics. Il vient rémunérer les professeurs, pompiers, policiers, militaires, magistrats, infirmières et tous les fonctionnaires qui œuvrent à votre service.
Il permet de verser aux plus fragiles des prestations sociales mais aussi de financer certains grands projets d’avenir, notre recherche, notre culture, ou d’entretenir nos infrastructures. C’est aussi l’impôt qui permet de régler les intérêts de la dette très importante que notre pays a contractée au fil du temps.
Mais l’impôt, lorsqu’il est trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient utilement s’investir dans les entreprises, créant ainsi de l’emploi et de la croissance. Et il prive les travailleurs du fruit de leurs efforts. Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises pour corriger cela afin d’encourager l’investissement et faire que le travail paie davantage. Elles viennent d’être votées et commencent à peine à livrer leurs effets.
Le Parlement les évaluera de manière transparente et avec le recul indispensable.
Nous devons en revanche nous interroger pour aller plus loin. Comment pourrait-on rendre notre fiscalité plus juste et plus efficace ? Quels impôts faut-il à vos yeux baisser en priorité ? N
ous ne pouvons, quoi qu’il en soit, poursuivre les baisses d’impôt sans baisser le niveau global de notre dépense publique. Quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ? Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? A l’inverse, voyez-vous des besoins nouveaux de services publics et comment les financer ? Notre modèle social est aussi mis en cause. Certains le jugent insuffisant, d’autres trop cher en raison des cotisations qu’ils paient.
L’efficacité de la formation comme des services de l’emploi est souvent critiquée.
Le gouvernement a commencé à y répondre, après de larges concertations, à travers une stratégie pour notre santé, pour lutter contre la pauvreté, et pour lutter contre le chômage Comment mieux organiser notre pacte social ? Quels objectifs définir en priorité ? Le deuxième sujet sur lequel nous devons prendre des décisions, c’est l’organisation de l’Etat et des collectivités publiques. Les services publics ont un coût, mais ils sont vitaux : école, police, armée, hôpitaux, tribunaux sont indispensables à notre cohésion sociale.
Y a-t-il trop d’échelons administratifs ou de niveaux de collectivités locales ?
Faut-il renforcer la décentralisation et donner plus de pouvoir de décision et d’action au plus près des citoyens ?
A quels niveaux et pour quels services ?
Comment voudriez-vous que l’Etat soit organisé et comment peut-il améliorer son action ?
Faut-il revoir le fonctionnement de l’administration et comment ? Comment l’Etat et les collectivités locales peuvent-ils s’améliorer pour mieux répondre aux défis de nos territoires les plus en difficulté et que proposez-vous ?
La transition écologique est le troisième thème, essentiel à notre avenir. Je me suis engagé sur des objectifs de préservation de la biodiversité et de lutte contre le réchauffement climatique et la pollution de l’air.
Aujourd’hui personne ne conteste l’impérieuse nécessité d’agir vite. Plus nous tardons à nous remettre en cause, plus ces transformations seront douloureuses.
Faire la transition écologique permet de réduire les dépenses contraintes des ménages en carburant, en chauffage, en gestion des déchets et en transports. Mais pour réussir cette transition, il faut investir massivement et accompagner nos concitoyens les plus modestes. Une solidarité nationale est nécessaire pour que tous les Français puissent y parvenir.
Comment finance-t-on la transition écologique : par l’impôt, par les taxes et qui doit être concerné en priorité ?
Comment rend-on les solutions concrètes accessibles à tous, par exemple pour remplacer sa vieille chaudière ou sa vieille voiture ?
Quelles sont les solutions les plus simples et les plus supportables sur un plan financier ?
Quelles sont les solutions pour se déplacer, se loger, se chauffer, se nourrir qui doivent être conçues plutôt au niveau local que national ?
Quelles propositions concrètes feriez-vous pour accélérer notre transition environnementale ?
La question de la biodiversité se pose aussi à nous tous. Comment devons-nous garantir scientifiquement les choix que nous devons faire à cet égard ?
Comment faire partager ces choix à l’échelon européen et international pour que nos producteurs ne soient pas pénalisés par rapport à leurs concurrents étrangers ?
Enfin, il est évident que la période que notre pays traverse montre qu’il nous faut redonner plus de force à la démocratie et la citoyenneté. Être citoyen, c’est contribuer à décider de l’avenir du pays par l’élection de représentants à l’échelon local, national ou européen. Ce système de représentation est le socle de notre République, mais il doit être amélioré car beaucoup ne se sentent pas représentés à l’issue des élections.
Faut-il reconnaître le vote blanc ? Faut-il rendre le vote obligatoire ?
Quelle est la bonne dose de proportionnelle aux élections législatives pour une représentation plus juste de tous les projets politiques?
Faut-il, et dans quelles proportions, limiter le nombre de parlementaires ou autres catégories d’élus ?
Quel rôle nos assemblées, dont le Sénat et le Conseil Economique, Social et Environnemental doivent-ils jouer pour représenter nos territoires et la société civile ?
Faut-il les transformer et comment ? En outre, une grande démocratie comme la France doit être en mesure d’écouter plus souvent la voix de ses citoyens.
Quelles évolutions souhaitez-vous pour rendre la participation citoyenne plus active, la démocratie plus participative ?
Faut-il associer davantage et directement des citoyens non élus, par exemple tirés au sort, à la décision publique ?
Faut-il accroître le recours aux référendums et qui doit en avoir l’initiative ?
La citoyenneté, c’est aussi le fait de vivre ensemble. Notre pays a toujours su accueillir ceux qui ont fui les guerres, les persécutions et ont cherché refuge sur notre sol : c’est le devoir de l’asile, qui ne saurait être remis en cause.
Notre communauté nationale s’est aussi toujours ouverte à ceux qui, nés ailleurs, ont fait le choix de la France, à la recherche d’un avenir meilleur : c’est comme cela qu’elle s’est aussi construite.
Or, cette tradition est aujourd’hui bousculée par des tensions et des doutes liés à l’immigration et aux défaillances de notre système d’intégration. Que proposez-vous pour améliorer l’intégration dans notre Nation ?
En matière d’immigration, une fois nos obligations d’asile remplies, souhaitez-vous que nous puissions nous fixer des objectifs annuels définis par le Parlement ?
Que proposez-vous afin de répondre à ce défi qui va durer ?
La question de la laïcité est toujours en France sujet d’importants débats.
La laïcité est la valeur primordiale pour que puissent vivre ensemble, en bonne intelligence et harmonie, des convictions différentes, religieuses ou philosophiques.
Elle est synonyme de liberté parce qu’elle permet à chacun de vivre selon ses choix. Comment renforcer les principes de la laïcité française, dans le rapport entre l’Etat et les religions de notre pays ?
Comment garantir le respect par tous de la compréhension réciproque et des valeurs intangibles de la République ?
Dans les semaines qui viennent, je vous invite à débattre pour répondre à ces questions déterminantes pour l’avenir de notre nation. Je souhaite aussi que vous puissiez, au-delà de ces sujets que je vous propose, évoquer n’importe quel sujet concret dont vous auriez l’impression qu’il pourrait améliorer votre existence au quotidien.
Ce débat est une initiative inédite dont j’ai la ferme volonté de tirer toutes les conclusions. Ce n’est ni une élection, ni un référendum. C’est votre expression personnelle, correspondant à votre histoire, à vos opinions, à vos priorités, qui est ici requise, sans distinction d’âge ni de condition sociale. C’est, je crois, un grand pas en avant pour notre République que de consulter ainsi ses citoyens.
Pour garantir votre liberté de parole, je veux que cette consultation soit organisée en toute indépendance, et soit encadrée par toutes les garanties de loyauté et de transparence.
C’est ainsi que j’entends transformer avec vous les colères en solutions.
Vos propositions permettront donc de bâtir un nouveau contrat pour la Nation, de structurer l’action du Gouvernement et du Parlement, mais aussi les positions de la France au niveau européen et international.
Je vous en rendrai compte directement dans le mois qui suivra la fin du débat. Françaises, Français, je souhaite que le plus grand nombre d’entre vous puisse participer à ce grand débat afin de faire œuvre utile pour l’avenir de notre pays.
En confiance,
Emmanuel Macron
 
Et en même temps
Phrases vexantes et "vérités" ? d'Emmanuel Macron
"Il y a, dans cette société (Gad), une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées" (09/2014)
"Avec ma ligne d’autocars, les pauvres pourront voyager plus facilement" (10/2014)
"Je ne suis pas là pour protéger les jobs existants" (12/2014)
"Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires" (janvier 2015)
"Si j’étais chômeur, je n’attendrai pas tout des autres. J’essaierai de me battre d’abord" (02/2015)
"Je pense qu’il y a une politique de fainéants, et il y a une politique d’artisans. Moi, je suis avec les artisans" (02/2015)
"Les salariés français sont trop payés" (03/2015)
"La France est en deuil d’un roi" (07/2015)
"Je compte sur vous pour engager plus d’apprentis. C’est gratuit quand ils sont mineurs" (08/2015)
- "Être élu est un cursus d’un ancien temps" (09/2015)
"Le libéralisme est une valeur de gauche" (09/2015)
"Les jeunes veulent être entrepreneurs, pas fonctionnaires" (09/2015)
"Je n’aime pas ce terme de modèle social" (10/2015)
"Bien souvent, la vie d’un entrepreneur est bien plus dure que celle d’un salarié, il ne faut pas l’oublier. Il peut tout perdre, lui, et il a moins de garanties" (01/2016)
"Les salariés français doivent pouvoir travailler plus sans être payés plus, si les syndicats majoritaires sont d’accord" (01/2016)
"Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler" (05/2016)
"35 heures, pour un jeune, ce n’est pas assez" (11/2016)
"Je ne vais pas interdire Uber et les VTC, ce serait les renvoyer vendre de la drogue à Stains" (11/2016)
"L’alcoolisme et le tabagisme se sont peu à peu installés dans le bassin minier" (01/2017)
"Le chômage de masse, en France, c’est
parce que les travailleurs sont trop protégés" (02/2017)
"Les Britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher" (02/2017)
"Il n’y a pas de culture française (…) Moi, l’art français, je l’ai jamais vu" (02/2017)
"C’est une erreur de penser que le programme est le cœur d’une campagne électorale. La politique, c’est mystique" (02/2017)
"Une start-up nation est une nation où chacun peut se dire qu’il pourra créer une start-up. Je veux que la France en soit une" (04/2017)
"Je suis pour une société sans statuts" (03/2017)
"Vu la situation économique, ne plus payer les heures supplémentaires est une nécessité" (04/2017)
"Le Kwassa-Kwassa pêche peu, il amène du Comorien" (06/2017)
"Une gare, c’est un lieu où l’on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien" (06/2017)
"Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois, ou perdus" (07/2017)
"Je n’aime pas le terme de pénibilité. Donc, je le supprimerai, car il induit que le travail est une douleur" (07/2017)
"Quand tu es Président, ce n’est pas le moment où tu gagnes le plus d’argent" (08/2017)
"Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes" (09/2017)
"Mes conseillers sont jeunes, j’assume. Les maréchaux d’Empire étaient jeunes et ce n’étaient pas des paysans" (09/2017)
"Les révolutionnaires sont souvent des ratés du suffrage universel" (09/2017)
"La démocratie ne se fait pas dans la rue" (09/2017)
"Certains, au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes, là-bas, parce qu’il y en a qui ont les qualifications, et ce n’est pas loin de chez eux" (10/2017)
"Je ne suis pas le père Noël" (en Guyane, 10/2017)
« Je crois à la cordée. Il y a des hommes et des femmes qui réussissent parce qu’ils ont du talent, je veux qu’on les célèbre. Si on commence à jeter des cailloux sur les premiers de cordée, c’est toute la cordée qui dégringole" (10/2017)
"Si vous n’êtes pas en danger, il faut retourner dans votre pays" (11/2017)
"Ceux qui naissent pauvres restent pauvres. Il faut responsabiliser les pauvres pour qu’ils sortent de la pauvreté" (06/2018)
"On met un pognon de dingue dans les minima sociaux, et les gens ne s’en sortent pas" (06/2018)
"Je dis aux jeunes : Ne cherchez plus un patron, cherchez des clients" (06/2018)
"Si un jour tu veux faire la révolution, tu apprends d’abord à avoir un diplôme et à te nourrir toi-même" (07/2018)
"S'ils veulent un responsable, qu'ils viennent me chercher" (à propos de l'affaire Benalla, 07/2018)
Ce peuple luthérien, qui a vécu les transformations de ces dernières années, n’est pas exactement le Gaulois réfractaire au changement ! (08/2018)
Face à un jeune chômeur Macron indique : « je traverse la rue et je vous trouve un emploi ... je veux simplement des gens qui sont prêts à travailler »
Journée du Patrimoine l’Elysée 09/2018
"Trop de Français n'ont pas le sens de l'effort, ce qui explique en partie les "troubles" que connaît le pays, vendredi 11/1/2019

 

La plainte déposée par Jean-Marc Adolphe à la gendarmerie de Fère-en-Tardenois aussi célèbre que Grand Bourgtheroulde (où 600 maires de la France profonde ont ovationné un malotru en chemise, parlant de crack et de pipe, messages subliminaux)) me fait penser à Vaclav Havel (auteur de "L'amour et la vérité doivent triompher de la haine et du mensonge"); dissident de la Charte 77, auteur de « Le Pouvoir des sans-pouvoir », écrit en prison en 1978, dans lequel il analyse les mécanismes de la mauvaise raison d’État (stalinien) qui prive selon lui les citoyens ordinaires de toute capacité d'influer sur le cours réel de leur vie : mécanismes qui conduiraient à la résignation des individus et aussi à leur démission morale, stérilisant en fait la dynamique sociale; en novembre 1989, il est spontanément placé par la foule à la tête du mouvement « Forum civique », une association unie des mouvements d'opposition et d'initiative démocratique; il y aurait à apprendre de la révolution de velours (très différente des révolutions orange, télécommandées)
il me semble que la démarche de Jean-Marc Adolphe vise entre autre à redonner aux mots leur sens, leur vérité contre les usages performatifs et oxymoriques (le fameux "en même temps", dualité et neutralité typiques de la propagande de Macron) qu'avait bien perçu Lewis Carroll; 
- Lorsque j'utilise un mot, dit Humpty Dumpty avec mépris, il signifie exactement ce que je choisis qu'il signifie — ni plus, ni moins.
- La question est de savoir si vous pouvez faire signifier aux mots autant de choses différentes, dit Alice.
- La question est de savoir qui est le maître, et rien d'autre, dit Humpty Dumpty. 

La position de Humpty-Dumpty a été ultérieurement théorisée par JL Austin dans Quand dire, c'est faire (1962), inaugurant les recherches sur les usages performatifs du langage
 

J'avais voulu faire créer la totalité du théâtre de Havel (voir Donjon Soleil), accusé de didactisme, pour montrer l'efficacité de ce théâtre de l'absurde, à l'image du langage officiel stalinien où les mots étaient à l'opposé de la réalité, il fallait donc dévoiler cette imposture et cet usage immoral du langage, ce qu'il fit avec brio et constance, même devenu président; 
cette démarche de Jean-Marc Adolphe, solitaire ou multipliée par des milliers, contribuera-t-elle à moraliser le monde des mots affirmateurs puis négateurs des maux ? Macron ne changera pas mais les gens peuvent vouloir que les mots redeviennent vivants parce que chargés de sens, de vie, de vérité. Merci pour ce coup d'épée dans le vif du mensonge d'état "démocratique". Oui, la bataille en cours a aussi pour enjeu le sens des mots.

 

réservations auprès de Marilyne Brunet, en MP ou par mail à FEDERATION.GJ.TOULON.VAR@TUTANOTA.COM
A l initiative de Gilets jaunes du grand Toulon, Dimanche 20 janvier 2019 de 10h à 12h30 le cinéma "le Royal" accueille les GJ et tout sympathisant ou simple curieux bienveillant qui souhaite apporter sa pierre à l'édifice des assemblées populaires. Partagez, et venez nombreux ! Réservez votre place en mp.
La direction du cinéma le Royal, lieu emblématique à Toulon, sensible et favorable aux débats citoyens et aux assemblées populaires, met gracieusement sa grande salle de projection à disposition. Nous l'en remercions bien chaleureusement.
Proposition d'ordre du jour :
-- Assemblée populaire / Réunion pour la fédération des groupes gilets jaunes du grand Toulon --
-> Donner suite au premier rassemblement du mercredi 26 décembre organisé à la salle Méditerranée, autour d'un fonctionnement autogéré par zone géographique, par pôles et sans représentant, pour l'union des ressources et la coordination des actions ;
-> Valider le schéma structurel issu de ces débats ;
-> Adoption du principe d'un site web corrélé à cette fédération : état des lieux des travaux en cours, à usage interne et/ou externe ;
-> Inscriptions des participants aux groupes de réflexion existants ( Ecologie. Démocratie, Economie et Social . Education ) création de nouveaux groupes par les participants ;
- propositions de futurs sujets de réflexion pouvant donner lieu à des projections de films et / ou à des interventions de différents spécialistes suivis de débats.
-> Une réunion qui en appelle d'autres, pour établir la synthèse des réflexions de chaque groupe et aborder collectivement des sujets déterminants (choisis à l'issue de chaque réunion) ;
Une trentaine de groupes de gilets jaunes (France entière) ont déjà répondu favorablement au second appel de Commercy pour "l'assemblée des assemblées" pour le 26 janvier ! (voir vidéo ci-dessus)

Position d'Alain Badiou
Je laisse cette réponse d'Alain Badiou à France 2 à votre réflexion.
Cher Monsieur,
Je vous remercie, ainsi naturellement que Léa Salamé, de votre invitation. Je n’ai, croyez-le bien, aucune opposition de principe concernant une participation à « Stupéfiant ». Je tiens seulement à vous expliquer pourquoi je ne souhaite pas paraître, en ce moment, dans des émissions traitant de l’actualité politique. J’ai déjà du reste donné ces explications à Frédéric Taddeï, qui m’avait invité, comme il l’a déjà très souvent fait dans le passé – ce dont je le remercie – à venir parler de l’épisode « gilets jaunes » sur RTF.
Il faut partir d’une considération générale : il existe parfois, dans les situations sociales, nationales, politiques, ce que j’appelle des fausses contradictions. A savoir des contradictions, éventuellement violentes, mais dont aucun des deux termes ne mérite d’être choisi ou soutenu. Pensons par exemple à la guerre de 14-18 : fallait-il obligatoirement choisir son camp pour cette tuerie finalement totalement vaine, et ce pour la seule raison qu’on était français, allemand, russe, ou italien ? Ceux qui, comme Romain Rolland ou Trotski ont répondu « non », et en ont averti l’opinion mondiale depuis la Suisse, avaient, si peu nombreux soient-ils, entièrement raison. Aujourd’hui, Dieu merci dans une situation infiniment moins dramatique, faut-il absolument choisir entre le gouvernement Macron et les gilets jaunes ? Pour le moment en tout cas, je ne le pense pas. J’ai dit fermement, dès les élections présidentielles, que je ne me rallierai ni à Marine Le Pen, capitaine de l’extrême-droite parlementaire, ni à Macron, qui montait ce que j’ai appelé « un coup d’Etat démocratique », au service pseudo-réformateur du grand capital.
Aujourd’hui, je ne change évidemment rien à mon jugement sur Macron. Mais je n’ai rien trouvé de politiquement novateur ou progressiste dans la mobilisation des gilets jaunes, si exact que puisse être leur sentiment de baisse du pouvoir d’achat, et si justifié que puisse être leur dégoût du pouvoir en place. Les ennemis de mes ennemis ne sont bien souvent, non seulement pas mes amis, mais des ennemis encore pires. Ainsi de Marine Le Pen au regard de Macron, par exemple. Je ne dis pas que ce soit le cas des gilets jaunes, mais je ne lis rien, ni dans leurs proclamations, ni dans leur désorganisation périlleuse, ni dans leurs formes d’action, ni dans leur absence de pensée générale et de mots d’ordre, qui puisse me convaincre qu’ils sont les amis, même éloignés, de la seule orientation qu’on puisse valablement opposer au pouvoir en place, dont le seul nom réel est « capitalisme », à savoir celle que je nomme le nouveau communisme. Divers indices, notamment des traces évidentes de nationalisme à courte vue, d’hostilité latente aux intellectuels, de « démocratisme » démagogique, et de confusion dans les discours, m’inclinent d’ailleurs à être prudent dans toute appréciation de ce mouvement. Car après tout, il y a un proverbe qui dit que « tout ce qui bouge n’est pas rouge ». Et pour le moment, du « rouge », il n’est pas question : je ne vois, outre le jaune, que du tricolore, toujours un peu suspect à mes yeux.
Au regard d’une fausse contradiction, le mieux est de s’abstenir de tout jugement prématuré, de se retirer sur l’Aventin pour apprécier les éventuels changements induits par le mouvement, et de rassembler, si c’est possible, un troisième terme gardien de l’avenir. Voilà ce que je voulais vous dire pour justifier ma réponse négative, circonstanciellement négative, à votre invitation. Merci encore, et bien à vous.
Lire la suite