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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

Les lieux communs d'aujourd'hui / Christian Godin

25 Juin 2018 , Rédigé par grossel Publié dans #note de lecture, #J.C.G.

Le traité de l'argumentation, un livre essentiel de 1958, réédité; les 3 tomes de critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre
Le traité de l'argumentation, un livre essentiel de 1958, réédité; les 3 tomes de critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre
Le traité de l'argumentation, un livre essentiel de 1958, réédité; les 3 tomes de critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre
Le traité de l'argumentation, un livre essentiel de 1958, réédité; les 3 tomes de critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre
Le traité de l'argumentation, un livre essentiel de 1958, réédité; les 3 tomes de critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre

Le traité de l'argumentation, un livre essentiel de 1958, réédité; les 3 tomes de critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre

 

Les lieux communs d'aujourd'hui

Christian Godin

collection L'esprit libre

Champ Vallon

 

J'ai découvert ce livre à la librairie Baba Yaga à Bandol en allant au vernissage de l'exposition Du papier à l'oeuvre à l'Espace Saint-Nazaire rassemblant les œuvres de 14 artistes du papier.
Ayant tenté une thèse de sociologie des lieux communs sous la direction de Henri Lefebvre, à Nanterre entre 1967 et 1969, thèse inachevée, je n'ai jamais oublié ce qui m'avait motivé dans le choix de ce sujet : le rôle des lieux communs dans la vie quotidienne, leur poids idéologique, leur rôle dans les résistances aux changements, dans l'évolution lente, très lente des mentalités. Ces formules toutes faites qui accompagnent nos propos, émaillent nos discussions, qui se présentent comme évidences, vérités éternelles, qui sont utilisées comme arguments, preuves, méritaient d'être étudiées d'un point de vue sociologique, pas simplement comme outils de discours. Classer les lieux communs selon l'origine socio-économique (lieux communs propres aux travailleurs, aux médecins, aux commerçants, aux jeunes), géographique (lieux communs propres aux chtis, aux Marseillais) du locuteur, selon l'âge (ceux des retraités, ceux des actifs), le sexe (F, H)... dégager leurs fonctions selon les situations dialogiques les plus fréquentes (brèves de comptoir, mariages, enterrements, matchs, fêtes, disputes conjugales et familiales, déclarations séductrices et amoureuses, discours de départ en retraite, discours d'accueil dans un nouveau poste, discours des prêtres accompagnant les grands moments de la vie...), c'était un défi qui me tentait beaucoup. J'avais pris au sérieux la Critique de la vie quotidienne (en 3 tomes, chez L'Arche) de Henri Lefebvre. J'avais 27 ans en 1967, j'enseignais déjà dans un lycée du nord, français en 5° et philo en terminales (quel bonheur, ce grand écart) et en même temps, je fréquentais la Sorbonne et Nanterre. J'étais rimbaldien (parce que poète ?, aujourd'hui encore, j'ai deux T-shirts avec photo et quatrain de Rimbaud), à la fois pour le dérèglement de tous les sens, la pratique des correspondances horizontales et verticales et pour changer la vie (avec ce bémol de taille, changer la vie, pour moi, c'était prendre la vie quotidienne dans toute son épaisseur, lui enlever son poids d'ennui, de répétition d'habitudes, de lassitude, la valoriser – je m'éloignais donc de l'apologie des loisirs – parce que la vie quotidienne c'est quasiment tout notre temps de vie, des temps morts des transports au temps de travail, aux temps domestiques). Je me souviens d'avoir écrit des pages et des pages dans un cahier que je possède toujours et dans lequel je décris minutieusement comment « poétiser » les moments de vie quotidienne. Je crois bien que ce programme de valorisation de la vie quotidienne m'a guidé, nourri dans l'assumation consciente des moments constitutifs d'une journée : je dis encore bonjour le jour, j'ai tout un tas de petits rituels qui m'accompagnent, renouvelables, rien de systématique, rien de pesant, du spontané, pas d'originalité à tout prix, adhésion à ce que je dis et fais, prise en compte des surprises offertes par la vie ou provoquées (il suffit de s'adresser aux gens et souvent, souvent, ce sont quelques minutes de bonheur qu'on se donne même si sont évoqués les malheurs du moment).

Ce contexte explique je pense mon absence d'hésitation quand j'ai repéré ce livre chez Baba Yaga.


La préface de 6 pages dit beaucoup sur l'intérêt que certains ont porté aux lieux communs, à commencer par Flaubert avec son dictionnaire des idées reçues ou catalogue des opinions chics (il a eu le projet de combattre la bêtise, son Bouvard et Pécuchet est une charge contre la bêtise des savoirs reçus sans distance), suivi par Léon Bloy, exégèse des lieux communs, traquant les lieux communs catholiques, par Jacques Ellul, nouvelle exégèse des lieux communs, traquant des lieux communs plutôt politiques. Les fonctions essentielles des lieux communs sont énoncées, fonction idéologique de masquage de la réalité, d'occultation de la réalité, d'inversion de la réalité, fonction de barrage à la discussion, au dialogue, à la contradiction.
154 lieux communs d'aujourd'hui sont traités alphabétiquement par Christian Godin. Pour l'essentiel des stéréotypes d'origine politique, médiatique (les grands pourvoyeurs de langue de vent et de lange de bois, les confisqueurs de la vie démocratique publique puisque la communication s'est imposée contre le débat argumenté et contradictoire : il n'y en a plus) mais aussi quelques lieux communs issus des conversations privées (il y a du bon et du mauvais en tout ; on ne fait pas le bonheur des gens malgré eux). Au passage, Christian Godin introduit des considérations historiques, remarquant par exemple que les proverbes, autrefois lieux de la sagesse populaire, ne sont plus utilisés par la jeunesse, montrant, autre exemple, les transformations subies par le lieu « la dignité » au temps de l'aristocratie, puis des Lumières et au temps de la post-modernité avec ceux qui réclament le « droit de mourir dans la dignité » où se dit l'indignité de ceux qui veulent provoquer, accompagner la mort de ces vivants qui ont perdu leur dignité, devenus « légumes », « épaves ».

Prenons le lieu « différence », il faut respecter les différences. Imparable ! Y a-t-il une pensée amenant à cette injonction ? Il est évident que deux êtres humains sont différents dans les faits mais ce sont deux êtres humains, ils ont en commun d'être humains et je décide de respecter cette humanité en eux, je lui reconnais une valeur universelle, ils sont égaux en droits à moi, je les considère comme une fin, non comme un moyen, le respect est une valeur ajoutée, une valeur morale créée par l'homme, au moment des Lumières, par Kant bien sûr. Le respect des différences est donc un lieu commun idiot, on respecte ce qui est commun aux différences, l'humain. Alors pourquoi ce lieu ? La différence indique une relation, la différence est le contraire de l'identité. On est différent de. Mais avec ce lieu, la différence est substantialisée, la différence devient l'identité. Je dois respecter le fait qu'il est noir, noir est son identité = sa différence. Je dois respecter l'homosexuel, le transgenre, chaque trait identitaire entraîne obligation de respect de la différence. S'instaure une impossibilité de ne pas aimer tel mode ou style de vie, l'impossibilité de critiquer telle croyance, telle attitude. Le droit à la différence sert à mettre à l'abri de la pensée critique et de la discussion tel individu, telle culture, tel goût, telle transgression (le respect des différences ira-t-il jusqu'à respecter le sadisme de l'officier nazi?)

Un livre d'accompagnement pour diminuer la part de bêtise, de connerie, de « commerie » que nous véhiculons, croyant que ce que nous disons nous est propre alors que nous perroquons (du nom « perroquet »), répétons des idées reçues, des lieux communs. D'où la force du texte de Francis Ponge : Rhétorique.

 

« Je suppose qu'il s'agit de sauver quelques jeunes hommes du suicide et quelques autres de l'entrée aux flics ou aux pompiers. Je pense à ceux qui se suicident par dégoût, parce qu'ils trouvent que « les autres » ont trop de part en eux-mêmes.

On peut leur dire : donnez tout au moins la parole à la minorité de vous-mêmes. Soyez poètes. Ils répondront : mais c'est là surtout, c'est là encore que je sens les autres en moi-même, lorsque je cherche à m'exprimer je n'y parviens pas. Les paroles sont toutes faites et s'expriment : elles ne m'expriment point. Là encore j'étouffe.

C'est alors qu'enseigner l'art de résister aux paroles devient utile, l'art de ne dire que ce que l'on veut dire, l'art de les violenter et de les soumettre. Somme toute fonder une rhétorique, ou plutôt apprendre à chacun l'art de fonder sa propre rhétorique, est une œuvre de salut public.

Cela sauve les seules, les rares personnes qu'il importe de sauver : celles qui ont la conscience et le souci et le dégoût des autres en eux-mêmes.

Celles qui peuvent faire avancer l'esprit, et à proprement parler changer la face des choses. »

On appelle lieu commun une idée générale, dont la vérité est admise par la communauté à laquelle on s'adresse. Les lieux communs (ou clichés) sont le reflet de l'opinion d'une époque et sont souvent utilisés comme des arguments qui se passent de justification. Ils sont pour cette raison à la base du discours démagogique.
Ainsi, tel homme politique, impliqué dans une affaire de corruption, mettra en avant l'honneur de sa femme et de ses enfants ; tel autre réveillera le zèle de ses compatriotes en faisant référence aux « anciens », à « la mère patrie », au « déclin des valeurs », etc.
• En rhétorique, le mot désigne très tôt le réservoir d'arguments, mais aussi les « passages obligés » du discours (exorde, péroraison) dans lequel l'orateur vient puiser pour soutenir son propos.
l'argumentation, genèse d'une anthropologie du convaincre
sur la critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre
Les formes de l'argumentation
Un texte dit « argumentatif » est un texte qui défend une thèse et tente de la faire partager à son lecteur. Cet objectif particulier ne concerne pas que le « fond » : il a une influence sur la forme même du texte. 
1. Les objectifs et les procédés du texte argumentatif
Thème et thèse
Tout texte comporte un thème, c'est-à-dire un sujet dont il s'empare et qu'il traite. Mais le texte argumentatif comprend aussi une thèse, c'est-à-dire un avis, un jugement qu'un locuteur défend. Il faut donc, face à ce type de textes, identifier (et distinguer) le thème et la thèse. Par exemple, un texte peut traiter du thème de l'école, et défendre la thèse selon laquelle l'école telle qu'elle existe n'est plus adaptée au monde contemporain. 
Comme le montre cet exemple, le thème peut être reformulé par un mot ou un groupe de mots (ici : l'école), tandis que la thèse peut être reformulée par une phrase verbale (ici : l'école telle qu'elle existe n'est plus adaptée au monde contemporain). 
À la thèse soutenue par l'auteur s'oppose la thèse adverse, ou thèse réfutée. 
Arguments et exemples
Afin de défendre sa thèse, l'auteur du texte emploie des arguments : des idées, des causes, des références. Il les appuie et les rend plus concrets grâce à des exemples.
  • Un argument est abstrait, général : il fait le plus souvent appel à la logique.
  • Un exemple est plus concret, plus particulier, voire même anecdotique.
Cependant, un exemple particulièrement frappant peut prendre valeur d'argument.
Convaincre et persuader
Un locuteur cherchant à faire adhérer un lecteur à la thèse qu'il développe peut emprunter deux directions :
  • soit il s'adresse à la raison de son destinataire, auquel cas il tente de le convaincre ;
  • soit il essaie de toucher les sentiments du récepteur, auquel cas il passe par la persuasion.
En pratique, les textes mêlent le plus souvent ces deux voies, et allient la pertinence d'arguments convaincants à un style frappant et persuasif.
L'énonciation dans un texte argumentatif
Puisque l'auteur défend une position, il s'exprime généralement dans le registre du discours plus que dans celui du récit (même si des exceptions existent). On trouve donc dans le texte argumentatif :
  • la présence plus ou moins nettement marquée du locuteur : « je », termes modalisateurs (indiquant une évaluation, une vision subjective), mots mélioratifs ou péjoratifs… ;
  • la présence de l'interlocuteur : l'auteur s'adresse parfois directement au lecteur (pronom « vous »), lui pose des questions, l'interpelle… ;
  • des interrogations rhétoriques, c'est-à-dire dont la réponse est en quelque sorte contrainte ;
  • le pronom « on » qui offre des possibilités multiples : « on » généralisant, permettant de délivrer une sentence ; « on » inclusif, dans lequel l'auteur et/ou le lecteur sont compris ; « on » exclusif, grâce auquel l'auteur se détache d'un groupe pour montrer que son opinion diffère.
On trouve également, outre ces indices énonciatifs :
  • des liens logiques de cause, de conséquence, de concession… ;
  • une structure logique, visible en particulier dans l'emploi de paragraphes distincts ;
  • des figures de style : amplification, images… ;
  • un ou plusieurs registres (suivant les intentions de l'auteur) : ironique, satirique, polémique…
2. Les formes de l'argumentation
L'argumentation peut être directe ou indirecte : elle est dite « indirecte » ou « oblique » lorsque le locuteur emprunte le biais de la fiction pour faire passer sa thèse ou son message. 
Les formes directes
  • l'essai est un ouvrage, de forme assez libre, dans lequel l'auteur expose ses opinions (cf. Montaigne, Les Essais) ;
  • le pamphlet est un écrit satirique, souvent politique, au ton virulent (Voltaire) ;
  • le plaidoyer est la défense d'une cause, le réquisitoire est une accusation ;
  • le manifeste est une déclaration écrite, publique et solennelle, dans laquelle un homme, un gouvernement ou un parti expose un programme ou une position (on trouve ainsi des manifestes de groupes d'artistes, autour d'un programme esthétique : cf. Le Manifeste du surréalisme) ;
  • la lettre ouverte est un opuscule souvent polémique, rédigé sous forme de lettre ;
  • la préface est un texte placé en tête d'un ouvrage pour le présenter, en préciser les intentions, développer ses idées générales (Préface de Cromwell, ou encore Préface du Dernier Jour d'un condamné, de Victor Hugo) ;
  • l'éloge, le panégyrique, le dithyrambe sont des textes marquant l'enthousiasme et l'admiration que leur auteur voue à quelque chose ou quelqu'un.
Les formes liées à la presse écrite
Journaux et revues accueillent régulièrement des textes argumentatifs :
  • l'éditorial est un article émanant de la direction du journal. Il engage la responsabilité du rédacteur en chef et de l'ensemble du journal, tout en restant une parole individuelle (celle du journaliste qui le signe) ;
  • le billet d'humeur est une courte chronique où le rédacteur s'adresse en son nom à une ou plusieurs personnes, sur un sujet d'actualité ;
  • un journal peut également publier une lettre ouverte : cf. le célèbre J'accuse, de Zola, paru dans l'Aurore.
Les formes obliques
  • la fable (La Fontaine) ;
  • le conte (Perrault, Le Petit Chaperon rouge) et le conte philosophique(Voltaire, Candide) ;
  • l'apologue (récit souvent bref contenant un enseignement : on voit que les deux premières formes citées appartiennent au genre de l'apologue) ;
  • l'utopie (genre littéraire dans lequel l'auteur imagine un univers idéal, par exemple l'abbaye de Thélème, chez Rabelais) et la contre-utopie (1984, d'Orwell) ;
  • le dialogue (parfois dialogue philosophique, cf. Diderot, ou Sade) ;
  • le théâtre (Marivaux, L'Île des esclaves).
3. Littérature et argumentation
La liste des genres au travers desquels peut se déployer l'argumentation montre que celle-ci n'est pas réservée aux essais abstraits, aux traités théoriques, ou aux articles. L'argumentation a toujours été liée à la littérature, et en particulier à la fiction. En effet, pour transmettre une idée, pour convaincre et persuader, le style est un auxiliaire extrêmement efficace : la force d'un argument est d'autant plus grande qu'il est exprimé de manière séduisante. Ainsi, on comprend l'intérêt que ceux qui cherchent à étayer une thèse portent à la qualité littéraire de leurs textes. Les Essais de Montaigne, les Pensées de Pascal, les Salons de Diderot, les préfaces de Hugo, etc. sont encore lus aujourd'hui, non seulement en raison des idées et réflexions qu'ils contiennent, mais aussi parce que la force et la beauté de leur écriture nous touchent. Sartre dit que « l'écrivain engagé sait que la parole est action […] Il sait que les mots, comme dit Brice Parrain, sont des "pistolets chargés". S'il parle, il tire ». Cette citation souligne le pouvoir qu'ont certaines formules – capables de « faire mouche » – d'atteindre ce qui est visé et celui qui est destinataire, et ce pas uniquement dans la littérature dite engagée. 
Mais l'argumentation ne se contente pas de réclamer un « style », un talent d'écriture. Elle passe parfois par la fiction, c'est-à-dire que, paradoxalement, elle utilise l'imaginaire afin de soutenir une opinion sur un élément bien réel. Cette association de l'argumentation et de la fiction existe dès les premiers récits fondateurs : dans L'Iliade et L'Odyssée d'Homère, ou encore dans les chansons de geste du Moyen Âge, s'opère une alliance entre le récit d'exploits et l'exaltation de valeurs, de positions, que l'auteur cherche à faire partager à ses auditeurs ou lecteurs. Pourquoi donc ce « détour » par la fiction ? La Fontaine écrit, dans les Fables, à propos de l'apologue :
C'est proprement un charme : il rend l'âme attentive,
Ou plutôt il la tient captive
 
Selon le fabuliste, la fiction séduit le lecteur, et fonctionne comme un appât : elle ensorcelle par le récit du conte ou de la fable, et la moralité (ou la thèse défendue) devient ainsi plus « digeste ». L'essai peut en effet apparaître comme ardu et rebutant. Un récit au contraire est toujours plaisant par les animaux qu'il met en scène, les dialogues qu'il utilise, etc. 
 
Conclusion
Les Classiques, au xviie siècle, avaient pour devise « instruire et plaire » – et l'apologue est précisément le lieu où les deux actes peuvent se conjuguer. Le xviiie siècle a lui aussi fait le détour par la fiction, pour défendre les idées des Lumières : les contes de Voltaire sont des essais ou des pamphlets rendus concrets et vivants grâce aux personnages et aux registres comique, satirique, etc. Marivaux ou Beaumarchais illustrent la réflexion sur l'individu et la justice sociale dans leurs pièces de théâtre : au travers des dialogues et des confrontations de personnages, le spectateur voit s'incarner des idées et des avis contradictoires. L'Île des esclaves, de Marivaux, mêle par exemple à la fois le genre théâtral et l'utopie. D'autres formes fictionnelles sont encore convoquées, comme le dialogue, chez Diderot (Le Neveu de Rameau). Des origines jusqu'à nos jours, la fiction est donc toujours l'alliée de l'argumentation : au xxe siècle, la contre-utopie (1984, d'Orwell) et l'apologue (Matin brun, de Franck Pavloff) sont encore bien présents. 
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