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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

Rencontre avec Joe Black

6 Février 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #écriture- lecture, #films, #développement personnel, #pour toujours

la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun
la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun

la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun

Rencontre avec Joe Black

 

3 h à la rencontre de la Mort incarnée en Joe Black

j'avais déjà vu ce film qui m'avait impressionné, il y a deux trois ans; j'avais fait focus sur l'amour entre Susan Parrish et Joe Black

vers 18 H ce 24 décembre 2022, une plage de temps s'est présentée; nous avons donc été 3 à le regarder en home-cinéma (video-projection sur drap blanc) pendant que des cookies au chocolat se préparaient en cuisine, les pâtissiers regardant le film à l'envers comme cela se passe dit-on au moment du passage, nous reverrions à toute vitesse notre film de vie à l'envers

spectateur, j'accepte le film sans esprit critique, vivre cette proposition telle qu'elle est offerte; je ne me laisse pas envahir par clichés, préjugés, genre c'est un film américain avec tous les codes-stéréotypes du genre film romantique-fantastique, musique trop appuyée, scènes convenues, téléphonées, longueurs et dialogues en sourdine sauf rares explosions, valeurs bourgeoises véhiculées...

ce qui m'a retenu dans cette projection, c'est le comportement de la Mort, pas seulement avec Susan mais d'abord avec elle-même qui ne sait rien de la Vie et de l'Amour;

selon Epicure quand la vie est là, la mort n'est pas là; quand la mort est là, la vie n'est plus là; il n'y a donc pas à craindre la mort dont on ne saura jamais rien;

inversement (c'est moi qui produit cet énoncé), la mort ne sait rien de la vie

et c'est cette plongée dans sa découverte de la vie que j'ai trouvé stimulante;

Joe Black goûte, il découvre avec la bouche, comme le nouveau-né, le goût du beurre de cacahuètes, le goût du thé avec un nuage de lait, le goût d'un sandwich à la viande, le goût des lèvres de Susan, c'est un gourmand du stade oral (le contraire du stade anal où l'enfant veut garder pour lui ses déjections, son pipi-caca), un découvreur qui s'émerveille du bon goût de toutes choses goûtées; cette aptitude déconcerte certains puisqu'il semble absent des enjeux de la vie de la famille Parrish; en réalité, chacun se révèle à lui-même au contact de Joe Black (c'est un peu la même chose avec l'ange de Théorême de Pasolini) comme lui se révèle au contact des vivants, il sympathise avec le mari d'Allison, il démolit la taupe qui veut détruire l'empire de Bill Parrish, il renonce à la mort de Susan et lui permet de vivre son amour avec le jeune homme rencontré au café (scène fondatrice méritant bien des développements);

il permet à Bill Parrish de mettre de l'ordre avant de passer et ainsi d'accepter le passage le soir de son anniversaire (65 ans); Bill et Joe tissent entre eux une relation de complicité parfois conflictuelle où la peur n'a plus sa place, Bill sait dire non, se rebiffer, Joe use, abuse un peu de son pouvoir;

ce qui ressort dixit Joe Black, c'est qu'une opinion peut toujours être argumentée de deux façons contraires, que la liberté existe, qu'on a le choix

mais l'essentiel est dit par Bill, une vie sans amour ne vaut pas la peine d'être vécue;

ça la Mort ne peut le dire, elle l'apprend de Bill et de Susan

ce film fut un gros échec au box-office; le directeur des studios Universal Pictures fut licencié

passez un bon Noël, en compagnie du divin enfant, quelles que soient vos croyances et incroyances

 

 

complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic

complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic

pour apprivoiser la présence permanente de Joe Black comme préconisait Michel Eyquem et se préparer à l'effacement
qui commence peut-être avec le choix du silence, en lien avec la conviction que nous ne savons rien; opter résolument pour l'incompétence, l'inexpérience, l'ignorance, l'innocence
faire comme le nourrisson, bouche bée
faire comme Joe Black, goûter le monde et les gens avec la bouche
Chaque mot est comme une souillure inutile du silence et du néant, écrit ou dit Beckett
en ce qui me concerne, le seul mot qui ne me semble pas approprié dans cette citation, aujourd'hui, au point où j'en suis de mes mises au point, est le mot néant
l'effacement, la mort (mystère) ne me semble pas
être chute dans le néant, néantisation
mais être dissolution de ce que que je crois être, corps vivant, personne identifiée-identifiable,
dissolution dans la mousse quantique
ou retour dans la mousse quantique des interconnexions d'où je suis sorti (miracle et mystère de la naissance),
virtuel devenu pour un temps réel (un éclair dans la nuit éternelle, dit Michel Eyquem), redevenant virtuel...
à creuser, reformuler;
je lis ici ou là des exhortations à se connecter avec l'univers... mais on est nécessairement connecté, qu'on en est ou pas conscience et le vouloir en conscience ne me semble pas apporter grand chose si ce n'est une satisfaction narcissique;
à poursuivre
Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie
Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie

Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie

Une nuit le magnat William Parrish ressent une violente douleur tandis qu'une voix surgissant des tenebres lui annonce sa mort prochaine. A ce moment-là, un jeune inconnu se présente à son domicile pour l'accompagner à son dernier voyage. Ce messager de l'au-delà impose à Parrish de l'heberger chez lui afin de lui donner l'occasion de partager un temps les experiences, les joies, les émotions et les drames des vivants, qui semblent lui être etrangers. En l'espace de trois jours, Joe Black révèlera toute la famille Parrish à elle-même.
 
 
- Je sais que ce n'est pas très original... L'amour est passion, obsession... Sa présence est vitale. Je veux dire tombe à la renverse, trouve quelqu'un que tu aimeras à la folie et qui t'aimera de la même manière. Trouver cet homme ? Et bien, laisse de côté ta tête et sois à l'écoute de ton cœur. S'il bat en tout cas je n'entends rien. La vérité ma chérie c'est que sans amour, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Être passé sur cette Terre sans connaître l'amour, le vrai, eh bien, c'est être passé à côté de la vie. Il faut essayer de le trouver, parce que si tu n'as pas essayé, tu n'as pas vécu.
- Bravo.
- Tu es cruelle.
- Excuse-moi. Redis le moi encore mais en version courte cette fois.
- D'accord... Sois prête. Qui sait ? Ça existe les coups de foudre.

 

Joe Black (Brad Pitt) : 7

Après avoir joué au chat et à la souris avec Bill Parrish en lui parlant sans se montrer ("Ouiii…"), Joe Black se présente enfin et annonce la raison et le but de sa visite : "Depuis peu, vous petites affaires ont piqué mon intérêt. Appelle ça de l'ennui, de la curiosité de ma part. […] Fais-moi visiter. Sois mon guide. […] L'important, c'est que je ne m'ennuie pas."

Joe veut satisfaire ses désirs et ne supporte pas les frustrations. Il a "besoin d'un corps", il le prend. Il manifeste plusieurs fois à William Parrish qu'il est en position dominante ("Cela n'est pas sujet à discussion. Rien ne l'est."), mais contrairement à lui, il exprime cela calmement, sans colère, en énonçant un fait plutôt qu'en se livrant à une épreuve de force. Joe est optimiste : "Dans la vie, il y a toujours des solutions."

Dans le monde des humains, Joe découvre avec ravissement dès le premier soir le moyen d'exercer au sens propre la passion de son type, la gloutonnerie :

 

Joe :

C'est quoi ça ?

 

Maître d'hôtel :

Ça, vous voulez dire ?

 

Joe :

Oui.

 

Maître d'hôtel :

Du beurre de cacahuète, Monsieur.

 

Joe :

Et vous aimez ça ?

 

Maître d'hôtel :

Et bien, si vous sollicitez mon opinion, je dirais que c'est à mi-chemin entre la damnation et le paradis. Euh… Vous voulez goûter, Monsieur ?

 

Joe :

Oui. [Il sourit. C'est la première fois depuis qu'il est sur terre.]

 

Maître d'hôtel :

Tout de suite.

 

 

[…]

 

Maître d'hôtel :

Vous voilà dépendant du beurre de cacahuètes, Monsieur.

 

Joe :

Oui. Je crois bien que oui. Je suis content de connaître le beurre de cacahuètes.

Le plaisir apporté par le beurre de cacahuètes devient la référence absolue. Quelques instants plus tard, il ne lâche même pas la cuillère pour tendre une serviette à Susan qui sort de la piscine. Il en réclame au repas. Il cherchera à en obtenir à nouveau lors de la réception finale, seule consolation possible à la perte de Susan. Celle-ci d'ailleurs doit affronter la concurrence :

 

Susan :

Tu as aimé faire l'amour avec moi ?

 

Joe :

Oui.

 

Susan :

Plus que le beurre de cacahuètes ?

 

Joe :

Oui. Beaucoup plus.

Bien entendu, il n'en néglige pas pour autant les autres plaisirs alimentaires. Le sandwich au gigot "est éblouissant". Quant aux réunions du Comité Directeur de Parrish Communication, leur intérêt réside dans les pâtisseries :

 

Joe :

Est-ce que je peux encore avoir de ces délicieux gâteaux ? Ceux à la confiture. Et une tasse de thé… avec un nuage de lait. J'essaye le style anglais. Ouais ! Un thé au lait je vous prie.

 

Drew :

Ce sera tout, monsieur Black. Un peu d'eau, peut-être ?

 

Joe :

Oui, avec joie.

Sa gloutonnerie se manifeste aussi dans ses autres plaisirs. Après que Susan l'ait embrassé pour la première fois, il lui dit : "Vos lèvres sur les miennes, et votre langue… Ça avait un goût vraiment merveilleux."

Bien entendu, du 7 Joe Black a aussi la peur de la souffrance. Il va voir Susan à l'hôpital et elle est surprise de sa venue :

 

Susan :

Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous êtes malade ?

 

Joe :

Oh ! Dieu merci non !

Là, il rencontre une vieille femme jamaïquaine et lui assure : "Je suis désolé. Je n'ai rien à voir avec la douleur." Le spectacle de cette souffrance lui est insupportable et il réalise brusquement que sa "présence [à l'hôpital] n'est pas appropriée" et s'enfuit littéralement. Parce qu'elle souffre, cette femme est le premier être humain pour lequel il ressent une véritable émotion : "C'est quelqu'un qui a très mal." Le soir au dîner, il demande de ses nouvelles : "Je suis très inquiet pour la femme qui est venue vous voir. La douleur s'est-elle calmée ?"

Plus tard, il retourne la voir à l'hôpital et lui amène des fleurs. La vieille femme essaye de le convaincre qu'il n'est "pas à sa place" sur terre. Amoureux et aimé de Susan, il ne veut rien entendre : pourquoi abandonner un plaisir ? La Jamaïquaine perçoit bien ce qu'il y a de puéril dans cette attitude : "C'est plein de gamineries dans ta tête."

Elle lui raconte alors une métaphore, le langage du 7, pour lui faire comprendre que son plaisir va bientôt se changer en souffrance : "C'est joli ce qui a pu t'arriver. Tu sais, c'est comme si tu étais dans les îles en vacances. Le soleil ne te brûle pas rouge-rouge, juste marron, tout doré. Il n'y a pas de moustiques. Mais la vérité, c'est que c'est fatal que ça arrive si tu veux rester trop longtemps. Alors garde les jolies images que t'as dans la tête et retourne chez toi. Mais il faut pas te faire avoir."

Joe change de visage. Il se rend immédiatement chez William Parrish et lui annonce qu'ils vont s'en aller : "J'ai le sentiment que tous comptes faits l'objectif visé par ce voyage est aujourd'hui pleinement atteint." Cette phrase est une rationalisation (le mécanisme de défense du 7) destinée à (se) masquer la raison véritable de son départ.

Plus généralement pour Joe Black, le langage est un outil permettant de justifier n'importe quelle idée : "Quoi que vous disiez, on peut soutenir une opinion de deux façons différentes", explique-t-il à Drew.

Joe pratique volontiers un humour à froid plutôt agressif :

 

Bill :

Vous pensez rester longtemps ?

 

Joe :

Nous pouvons espérer que ce sera le cas.

Ou après une colère de Bill : "Du calme, Bill. Tu vas faire une crise cardiaque au beau milieu de mes vacances."

Joe ne sait pas réellement ce qu'est une émotion. Même quand il aime Susan, il est étonnamment froid et distant, plus dans le plaisir que dans l'amour comme le perçoit bien William Parrish :

 

Bill :

Vous prenez ce que vous voulez par simple fantaisie. Ce n'est pas de l'amour.

 

Joe :

Qu'est-ce que c'est ?

 

Bill :

[…] Il manque les ingrédients importants.

 

Joe :

Et quels sont-ils ?

La fin du film montre un début d'intégration par le renoncement à Susan et en même temps son châtiment : lui qui a joué avec les sentiments des autres et avec leur vie va devoir apprendre à vivre seul… pour l'éternité.

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