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bric à bracs d'ailleurs et d'ici

developpement personnel

Et quoi l'éternité ?

7 Octobre 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #album, #cahiers de l'égaré, #développement personnel, #pour toujours, #spectacle, #écriture- lecture, #théâtre

flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse
flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse

flyers annonçant la soirée du 29 septembre, article de presse

Un concepteur : Dominique Lardenois

Deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

pensées particulières avant la traversée 
pour Cyril, Michel dont le maire, Ange Musso, nous avait annoncé la disparition le 28 septembre 2001, à 17 H sur le palier
pour les 81 ans de JP, le 29 septembre
pour Annie, partie le 29 novembre 2010
pour V. P. en traitement de choc pour un cancer généralisé
pour Katheline, en train de partir en unité de soins palliatifs à Lyon
(elle sera très présente dans la prochaine oeuvre poétique de Nouria Rabeh : Ode à l'humanité suivie de Territoires de la Joie)
pour Alain, en traitement pour un cancer, depuis ce 29 septembre
NB : je n'ai pas corrigé les maladresses du document livré; elles font partie du moment partagé
dispositif scénique, les deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

dispositif scénique, les deux interprètes : Dominique Lardenois, Katia Ponomareva

ET QUOI L’ ETERNITE ?

UNE TRAVERSEE DANS L’ŒUVRE DE JCG-VITA NOVA

Choix des textes Dominique Lardenois

Interprétation : Katia Ponomavera, Dominique Lardenois

Lecture réalisée le vendredi 29 septembre à la Maison des Comoni ( Le

Revest-les-Eaux)

Lardenois

Présentation de la soirée :

Bonsoir à toutes, bonsoir à tous, bonsoir Monsieur le Maire du Revest les Eaux.

Merci beaucoup d’être en notre compagnie pour partager notre traversée dans

les écrits de Jean-Claude Grosse.

Bonsoir Katia

Bonsoir Jean-Claude.

Comme tu l’as souhaité, tu vas donc découvrir en même temps que notre

public les textes que nous avons choisis pour faire notre traversée.

Mais avant de commencer un petit récapitulatif de tes activités littéraires.

Tu interviens si j’ai oublié quelque chose d’important !

Donc entre 1997 et 2021, tu as, publié 15 livres, Théâtre, poésie, essais, poème

récit,

Et puis, en février 2022, tu publies un seizième livre que tu intitules : Et ton

livre d’éternité ?

Quel livre !

Un roman polyphonique de six cent soixante six pages que tu as écrit durant

deux années.

Tu publies sur tes blogs qui sont consacrés aux questions politiques et sociales,

au développement personnel et à l'éveil spirituel, de très nombreuses notes de

lecture puis tu n’hésites pas à fait part de tes réflexions et de tes prises de

positions sur des domaines très variés.

1Jean-Claude , on peut te voir faire des choses que l’on dit ordinaires comme

par exemple faire tes courses en préférant les circuits courts, boire un café, te

promener dans la garrigue ou conduire ta voiture …

Mais lorsque tu écrits, tu te métamorphoses !

Lorsque tu écrits tu deviens E. Say Salé (ton hétéronyme africain) ou JCG,

(celui qu’on appelle communément J.C) ou Lui-Je, hiérosolymitain d’Avers sous

les eaux depuis le Déluge et d’Avers sur les eaux Et de Corps ça vie ou Vita

Nova.

Je ne connaissais évidement pas le mot Hiérosolymitain et j’ai regardé dans le

dictionnaire, alors : Hiérosolymitain nom masculin qui signifie habitant de

Jérusalem

Dans tes écrits comme dans ta vie, tu traces un chemin très singulier et

atypique avec une démarche profonde, sérieuse argumentée et engagée.

Ce qui n’empêche pas l’humour.

Cette traversée sera subjective, chacune et chacun d’entre vous pourrait en

proposer d’autres, elle ne pourra pas rendre – compte de tout ce que tu as

écrit. Merci de nous le pardonner !

Elle est (sauf coup de tonnerre) prévue pour une durée d’une heure.

Pour conclure cette soirée de manière amicale un pot vous est offert par la

municipalité du Revest-les-Eaux

Vous pourrez aussi, si vous le souhaitez, vous procurer les ouvrages de Jean-

Claude. J’ai cru comprendre qu’il serait à prix réduit ? Tu confirmes Jean-

Claude ?

Vous dire enfin que cette soirée est soutenue par Les Cahiers de l’Égaré, Les

quatre 4 Saisons du Revest et d’ailleurs, La Municipalité du

Revest-les Eaux. En partenariat et avec le soutien de TPM et du Pôle.

Merci beaucoup à eux

Merci à l’équipe technique de la Maison des Comoni qui nous ont très bien

accueillis.

N’oubliez pas tout à l’heure de rallumer vos téléphones portables.

Bonne soirée

2Jean-Claude est-ce que tu une idée du texte avec lequel nous allons commencer

notre traversée ?

On va commencer avec un poème

Il fait partie des 92 poèmes que tu as écrit entre 1958 et 2000 et qui sont

regroupés dans La Parole éprouvée.

C’est un poème que tu as écrit en 1999 pour Les 4 Saisons de Revest aventure

de théâtre et de poésie depuis 1983 et pour L’Agora de La Maison des Comoni

espace de pensée libre, gratuit depuis 1995

Il est dédicacé à Florence, Michelle, Jacqueline, Malika, Jean-Louis, Alex, Cyril,

Rachid, Philippe, Joël, Paul, Michel, Florence, Jacques et Béatrice.

Il a pour titre

(DES) APPRENTISSAGE DE LA BÊTISE, DE LA MAÎTRISE

C’est un poème autobiographique

J’ai commencé le 25 octobre 1940,

jour de ma naissance criée

en maternité-celle des fleurs-du côté d’Ollioules.

menue maman sans son homme

-mon père-du côté de Dakar.

Il faisait nuit-une heure du matin-

c’était minuit dans le siècle de Trotsky assassiné,

nuit et brouillard sur l’Europe nettoyée par Hitler.

Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier.

Grandissant, on apprend. Coupable, on devient.

De parents coupables d’innocence.

Nous vivions en zone libre, au temps des restrictions,

dans une France coupée en deux et collabo.

27 novembre 1942. Sabordage de la Flotte.

Un obus dans ma chambre à Rodeilhac. -Maman m’a raconté-

Un obus dans ma chambre qui n’a pas explosé. J’eus la vie sauve,

perdis l’usage d’un œil le gauche

jusqu’à la Libération où je fus rétabli dans ma vision.

3Avant ma longue errance dans le labyrinthe de l’Histoire, je jouais à des jeux

touchants.

Il faisait un temps de guerre froide sur le monde coupé en deux.

Ignorant, je ne savais pas, je ne pouvais crier

que les coupables torturés, abattus, enfermés au goulag étaient innocents.

Moi, je jouais ici en démocratie quatrième République, sans savoir ce que c’est,

du côté de Castres.

Là-bas, d’autres enfants jouaient du côté de Moscou, de Pékin aux mêmes jeux

touchants, dans des démocraties populaires à régime totalitaire sans savoir ce

que c’est.

Après l’effondrement du mur de Berlin

quand après les deux mondes il n’y en eut qu’un

je compris que les dictatures à langage unique s’effondrent

quand les démocraties à pensée unique perdurent.

Avant mon séjour prolongé dans le labyrinthe du Politique

où sévit le Minotaure Libéral qui bouffera nos enfants,

j’appris l’élémentaire, le primaire, le secondaire et le supérieur.

Quelle adolescence du désastre chez les enfants de troupe !

Et à Saint- Cyr Coëtquidan, terre de fondrières et d’effondrements,

L’entrée en poésie pour tenter d’en sortir.

Ecriture appliquée sur des cahiers d’égaré.

Du mot qui dénomme croit faire apparaître la chose dans sa lumière

au mot qui monte, pense faire voir le plein de la chose

jusqu’au mot -mais y arriverai-je à cet ultime ?- jusqu’au mot investi par les

vides et les pénombres de la chose.

Car plus je passe, moins j’explique, moins je comprends : l’expérience me

désapprend le monde et l’homme.

4De la poésie fascinée par l’absence de ce qui n’est pas, de la poésie comme

plainte et révolte à la poésie de la présence et de l’acquiescement à ce qui

apparait et disparait.

De la poésie comme volonté de puissance pour désembourber l’avenir

A la poésie comme humilité pour chuchoter ce qui nous ramifie.

Et ce fut le temps de la paix en Algérie.

A l’Algérie française j’avais cru et je suis arrivé dans ce pays libéré de moi/de

mes pieds noirs, de mon Etat

sans être inquiété ou haï.

Prise de conscience des tromperies de tous bords.

Crise de conscience. Démission de l’armée.

Reprise des études en Sorbonne, à Nanterre.

Professeur de letres et de philosophie dans le Nord

aimé d’une élève, l’aimant en retour

ah la légère, l’aérienne ! Etoile et danse !

Vivre d’aimer au temps de Mourir d’aimer.

Mariages civil et religieux, nous athées,

Au beau milieu de l’année.

Une fille nous est venue le jour du deuxième tour des élections de 68.

Après l’exaltation du 13 mai au 6 juin,

Entré en politique avec le souci de transformer le monde

par la vérité et la lutte des classes.

J’ai perdu de vue notre fille et ma femme.

Le militant, 12 ans durant, a oublié d’être mari et père.

30 ans après, on revient là-dessus.

A vu le jour notre deuxième, 3 ans après.

A vu le jour après avoir failli être perdu !

Homme d’écriture et de théâtre comme moi et comme sa sœur.

Du Nord au Sud, ce que nous avons gagné en soleil, nous l’avons perdu en

chaleur.

5Après la révolution mondiale pour changer la vie,

Echec patent

l’action municipale, 12 ans durant,

pour faire du village du Revest, une agora rayonnante,

Pari tenu.

Vie depuis consacré au théâtre, art de la parole et du silence,

Art du dit, du non-dit, du mi-dit

Art de la voix, du regard, du corps,

Art de la présence et du partage

Cet art du rassemblement me tient en éveil, en alerte,

capteur d’inattendu bouleversant

en marge de la déception qui me saisit quand ce qui se passe sur scène est en

représentation.

Me soumettant à l’impératif de l’essentiel, que me faut-il maintenant

entreprendre entre le franchissement de l’an 2000 et le passage à vide ?

Ecouter la symphonie des nuages qui dérivent au dessus de ton toit.

Voir depuis chez moi le théâtre des vents alternes dans l’olivaie.

Commentaire :

Cher Jean-Claude tu as écrit ce poème-portrait à l’aube de l’an 2000. Vingt-trois

années on va se rendre-compte que tu ne t’es pas contenter d’écouter la

symphonie des nuages et voir le théâtre des vents dans l’olivaie.

(Temps)

Lardenois

Puisque nous sommes en automne nous avons choisis de poursuivre notre

traversée avec un texte que vous trouverez dans

ET TON LIVRE D’ETERNITE ?

Il a pour titre :

Vivre les saisons au féminin que tu sois femme ou homme

6Katia

Quand vient l’automne,

Je repense à ces fleurs qui sont nées.

Qui ont parfumé nos âmes.

Je repense à ces fruits délicieux,

Que nous avons cueilli ensemble

Dans notre arbre âme.

Oh mon amour, j’ai tellement de reconnaissance

Pour toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits

Que tu as fait pousser en moi, à travers moi,

A travers d’autres.

J’ai tellement de reconnaisse pour

Toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits,

Que nous avons créés ensemble,

Au bout de nos sourires, de nos regards, de nos mains d’oiseaux, de nos danses

colorées, de nos souffles, de nos joies partagées.

Quand vient l’automne,

Je repense à toutes ces feuilles, toutes ces fleurs, tous ces fruits, toutes ces

graines,

Qui vont tomber en terre.

Et je ressens la sève qui descend,

7Les feuilles qui lentement se rétractent, se détachent des branches.

Tout devient plus craquant et plus sec,

Alors je pense, mon amour, à ce besoin

De retrouver la TERRE

A ce besoin de fondre dans l’humus- amant,

De fondre, à nouveau dans l’obscurité et la chaleur de sa douce présence.

Et je pense à ce temps de recueillement,

Ce lâcher prise après l’été ardent

Et je laisse la sève revenir à la TERRE,

Je laisse mon amour revenir en mon centre plus présent et plus fort.

Ressourcement, transformation

Passage de la lumière à l’obscurité

De l’extérieur à l’intérieur.

Mon cœur porte cet élan des saisons avec moi,

Et je sais que mon amour a autant besoin de fruits mûrs que de branches

d’hiver.

Mon amour, tes belles feuilles toutes gorgées d’été et de chaleur,

Vont ralentir leur activité

Pour nourrir le bois, les directions nues qui se trament au bout des branches,

dans le corps de ton tronc, dans la conscience nue,

Et je pense à ce besoin de renouvellement, de régénérescence.

8Dans la douce fin d’été si sucrée,

Je pense à ma capacité à mourir pour renaître encore,

Je pense au phénix et je pense à l’oiseau

Et je laisse mes plumes se suspendre un instant.

Une profonde introspection commence.

Ce besoin d’être à l’intérieur,

Ce besoin d’habiter l’intérieur,

Ce besoin de prière.

Âme du monde je te reconnais.

Je te reconnais dans ton foisonnement, ta générosité, je te reconnais dans ta

nudité, ton abandon.

Et je descends dans ton essence pour effleurer avec toi l’âme plus grande qui

nous berce toi et moi et nous demande d’écarter encore nos antennes célestes

Pour propager, cultiver cette atmosphère du souffle

Dans chaque recoin du monde,

Avec ce souffle amoureux,

D’un espoir à trouver, d’une paix à toucher.

fin de traversée

fin de traversée

(Temps)

Lardenois

DANS

LES ENFANTS DU BAÎKAL

Il était une fois le Baïkal et une goutte d’eau

9Katia

C’est un conte !

Un dialogue entre un Grand-père et sa Petite Fille qu’il appelle sa Fetite Pille.

Lardenois

Le Grand Père : Tu veux voyager ?

Katia

La Fetite Pille : Oui loin !

Lardenois

Alors on est parti !

Katia

Où ça ?

Lardenois

Au lac Baïkal

Katia

C’est où ?

Lardenois

Vers l’est, à 10 000 kilomètres de la Méditerranée.

Katia

Comment on y va ?

Lardenois

Par l’imagination

Katia

Oui, mais en vrai ?

Lardenois

En vrai, avec le Méditerranée-Baïkal un train pour les rêveurs.

Katia

10On part quand ?

Lardenois

Le 28 juillet à 7 heures du matin.

Katia

Combien on passe de jours dans le Méditerranée-Baïkal ?

Lardenois

7 jours pour Oulan- Oudé

Katia

Qu’est ce qu’on y fait ?

Lardenois

On voit de nouveaux visages, de nouveaux paysages, on traverse des rivières,

on passe sous des montagnes, on entend la musique des roues…

Katia

C’est bien voir de nouveaux visages ?

Lardenois

C’est ce qui est le plus passionnant, chaque visage raconte son histoire.

Katia

Moi, j’entends rien quand je regarde.

Lardenois

Il faut voir avec les yeux du cœur pour entendre l’histoire muette d’un visage !

Katia

Raconte-moi les arrêts sur image.

Lardenois

On commence par lequel ?

Katia

11Oulan- Oude c’est la qu’on descend pour aller au lac. Comment on va au lac ?

Lardenois

Un mini bus puis en bateau pour aller à Baklany. C’est une plage de sable ocre

réservée à deux poètes. Dasha et Lisa.

Katia

Elles vivent comment ?

Lardenois

Seules, dans une isba en bois, elles pêchent, chassent, cueillent des baies

Katia

Elles n’aiment pas les gens ?

Lardenois

Si, mais elles les aiment trop ! Les gens sont toujours décevants quand tu les

aimes trop !

Katia

Je t’aime beaucoup alors tu me déçois ?

Lardenois

Sans doute, je ne suis pas à la hauteur des histoires que je veux te raconter.

Katia

Ca c’est vrai : le minibus, le bateau, tu peux faire mieux ! Dis- moi quelque

chose qui me parle…

(temps)

Lardenois

Il était une fois une goutte d’eau sur une feuille de bouleau Elle s’appelait

Baïkala . C’était une goutte de rosée qui comme toutes les gouttes de rosées

accrochées à des branches, devait tomber dans le lac.

12Pourquoi refusa-t-elle ce destin ? Elle savait, vieux savoir, que si elle tombait

elle perdrait sa singularité, qu’elle se fondrait dans la masse. Elle se croyait

unique.

Le bargouzine avait beau souffler, la petite goutte d’eau résistait, et s’accrochait

à la feuille.

Ce n’est pas le vent qui eut raison d’elle mais le soleil. C’était en août. Elle

s’évapora.

Liquide, elle était devenue vapeur.

Lourde elle était devenue légère.

Elle avait rejoint un nuage, elle avait changé d’état.

Les gouttes de nuage c’est comme des semences. Quand elles tombent en

pluie sur la terre, tout ce qui attend de naître se met à pousser.

Ca lui plaisait d’être la semence universelle, de faire naître, de faire grandir, de

faire vivre.

FP : moi, j’ai envie de grandir ! Est ce que je pourrai rencontrer Baïkala ?

GP : Bien sûr ! On part au Baïkal ; on attend la prochaine pluie et Baïkala, la

goutte d’eau, tombée du ciel descendra spécialement pour toi et viendra se

loger…….. dans ton nombril.

Katia :

Dans mon nombril ?

Lardenois

Oui dans ton nombril ! Le nombril d’or, l’omphalos c’est ici dans ton nombril

que se relient les eaux utérines donnant naissance et les eaux torrentielles

donnant la vie.

Tu es une manifestation sacrée de la Vie !

Katia

Ah bon ?

Tu délires pas un peu avec mon nombril ?

Maman dit que t’es un putain de nombriliste.

13Pardon pour putain c’est son mot.

(Temps)

Lardenois

Commentaire : Le premier vers de ton poème autobiographique débute par «

J’ai commencé », alors que dire sur le commencement ?

DANS

JOURNAL D’UN EGARE

QUE DIRE SUR LE COMMENCEMENT ?

Katia

Que dire sur le commencement ?

Quand un commencement commence

Un chemin se met à cheminer

Jusqu’à une fin

Qui y met fin.

Lardenois

Le commencement contient-ils le chemin et la fin ?

Il y a des tenants de cet abrutissement.

Si le commencement ne contient rien

Et si la fin ne dit rien

Y a-t-il encore chemin ?

Katia

DESTIN ?

14Lardenois

HASARD ?

Katia

Tout commencement est arbitraire.

Il n’y a pas de point zéro

Le point zéro de tout big bang est inaccessible,

Tu ne peux tout réinventer, tout recréer

Pars de ce qui t’est donné

Et que tu ne peux refuser.

Pars de cette violence qui t’est faite

Et que tu peux organiser.

Dieu nous a donné la Terre.

Nous la lui rendrons retournée, cultivée.

Il a fait l’animal humain

Nous lui rendrons l’Homme.

Lardenois

50 années plus tard tu relis Jean-Claude, ces quatre derniers vers

Réécoutons-les !

Katia

Dieu nous a donné la Terre.

Nous la lui rendrons retournée, cultivée.

Il a fait l’animal humain

Nous lui rendrons l’Homme.

Lardenois

Tu relis donc ces quatre vers et tu écris :

15J’ai osé écrire cela il y a 50 ans en 1966 ?

J’ai osé mêler Dieu à notre aventure terrestre et cosmique.

J’ai aussi osé évoquer par trois fois un « Nous

»

: espoir d’unité et d’élévation

très affirmé. .

Qui oserait, aujourd’hui, croire au « Nous

»

?

Aujourd’hui, je vois triompher le « Moi ».

Du « Nous » exacerbé au « Moi » enflé, tel est notre trajet majori

(Temps)

Katia

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

DELAVIEDELAMORTMÊLEES (écrit comme un seul mot ?)

Lardenois

Méditation poétique sur le hasard et la mort

Katia

Au clocher de Corsavy

vieux de quelques siècles

midi sonne

le temps passe

elle se rapproche

Lardenois

Sirène de pompier

barri d’amunt

attroupement de voisins

que se passe t-il ?

16Katia

C’est Francine elle a un malaise cardiaque.

Lardenois

En réalité c’est trop tard.

Rupture d’anévrisme.

Katia

Dans son lit Francine discutait avec deux amies

Des voisines

Elle dit J’ai la tête qui tourne

elle la rejette en arrière

pousse un râle,

ce fut tout

C’était terminé.

Lardenois

La page est tournée

les volets sont fermés

Francine n’est plus

Katia

Des paroles s’envolent.

Lardenois

c’est le destin

Katia

c’était son heure

Lardenois

c’était écrit, c’est la vie !

Katia

La vie continue dit une autre femme

Lardenois

Plus tard

je m’interroge

minuit sonne

le temps passe

elle se rapproche.

17Que disent ces paroles de survivants ?

La vie continue oui

pour chacun de ces vivants

moi y compris

qui vous écris.

Katia

Dans le Grand Livre de la Nature

il n’y a qu’une inscription

nous sommes mortels

A l’échelle du temps immense

nous ne sommes qu’une éloïse

dans la nuit éternelle

Lardenois

A notre échelle

cette petite part de temps et de vie

qui nous est donnée par le hasard

comment pouvons-nous la vivre ?

Katia

Don du hasard

la vie

Lardenois

Don du hasard

toi moi

Katia

Don du hasard

ta mort avant la mienne

Lardenois

Dans ce grand jeu de hasard sans règles et sans lois sans calculs de probabilités

comment jouer ?

Katia

Entre le Tout ( avec un grand T) et le Rien ( avec un grand R)

chacun doit trouver sa juste mesure

18ce n’est pas Tout

ce n’est pas Rien

ce n’est pas Tout ou Rien

c’est un tout petit peu du Tout

c’est un petit peu plus que Rien

Lardenois

Vivre en homme de raison

c’est penser

clarifier un peu de l’incompréhensible

un peu de l’indescriptible

Katia

Chacun de nous est libre

de donner la signification

et la valeur qu’il veut

à sa vie

Lardenois

Moi,

Je n’ai pas envie d’ajouter

de la laideur au monde

mais un peu de beauté

de pensée

Katia

Ce fut sans doute aussi le choix de vie de Francine

Son sourire

sa bonté

sa beauté

étaient les signes de ce qu’elle était

de ce qu’elle était devenue.

(Temps)

19Lardenois

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

La vie est comme un zèbre, une bande blanche, une bande noire…

Katia

Imagine que ta vie soit comme un zèbre une bande blanche, une bande noire.

Quel temps accorderas-tu à ta vie privée. Lequel à ta vie publique. Lequel à tes

passions, tes talents. Lequel à ton métier ?

Lardenois

Distingues le temps que tu accorderas à ton corps, à ton esprit, à ton âme, le

temps que tu accorderas à ta femme, à vos enfants, à tes parents, aux amis, aux

voisins, aux lointains, à la politique, à la morale, à l’éthique, à la culture, à

l’humanitaire, à la lecture, au cinéma, au pastis, à l’amour, au travail…

Katia

Demandes- toi ou tu vas choisir de vivre ? Ville, campagne, montagne, au fond

des bois, au bord de la mer

Lardenois

Demandes- toi si tu veux vivre sédentaire, sécurisé ou nomade précarisé. Si tu

veux vivre dans une hutte, une isba, une yourte, une maison ou une caravane !

Katia

Demandes- toi si tu veux vivre en accumulant des biens de toutes sortes, en

consommant, en polluant, en détruisant ou en réduisant tes besoins, tes désirs

et en vivants sobrement.

Lardenois

Demandes toi si tu veux vivre en solitaire, en dérangeant le moins possible

l’ordre des choses et en refusant de changer le monde

Ou si tu veux vivre en épicurien, cultivant l’amitié,

Katia

20Ou si tu veux vivre en homme de la grande et de la petite responsabilité en

cherchant à donner sens et valeur à sa vie, à donner le meilleur de TOI –MÊME

plutôt qu’à prendre ou à réclamer, sans hurler à la mort ou aboyer à la lune.

Katia et Lardenois A deux

A toi de jouer !

le discours improvisé, sincère du Maire, Ange Musso

le discours improvisé, sincère du Maire, Ange Musso

(Temps)

Katia

Je pars

Lardenois

Où ?

Katia

Au Baïkal !

Lardenois

DANS

LES ENFANTS DU BAÏKAL

L’invitation à la vie (extrait)

Katia

Personnages :

Lardenois

Le fils

Katia

La mère

Lardenois

Le père

Katia

La sœur

(Temps)

21Katia

Le fils

Lardenois

Je pars

Katia

Le père

Lardenois

Où ?

Katia

Le fils

Lardenois

Au Baïkal

La mère :

Katia

Pourquoi ?

Le fils :

Lardenois

Un amour là-bas

Katia

Le père :

Lardenois

Bonne raison !

La mère :

Katia

Ce n’est pas une raison.

22Le fils :

Lardenois

Elle s’appelle Baïkala

La mère :

Katia

Elle est comment ?

Le fils :

Lardenois

Pure comme le lac.

La mère :

Katia

Folle du cul comme tu les aimes.

Le fils :

Lardenois

Maman !

Katia

Le père :

Lardenois

Que fait-elle ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Elle chante le Baïkal.

Katia

Le père :

23Lardenois

Tu vas vivre d’amour et d’eau fraîche ?

Katia

Le fils :

Lardenois

A peu prés.

La mère :

Katia

Et ta santé ?

Le fils :

Lardenois

Le Baïkal protège ceux qui l’aiment et qui s’aiment.

Katia

Le père :

Lardenois

Qu’est ce que tu lui trouves à ce lac ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Écoute-le !

La mère :

Katia

Et à elle ?

Le fils :

Lardenois

24Ecoute- la !

La sœur :

Katia

Je pars avec toi ….

(Temps)

Katia

Le fils:

Lardenois

On va répéter ici !

Les comédiens :

Katia

En pleine nature ?

Lardenois

T’es dingue !

Katia

On va dans le mur !

Le fils:

Lardenois

Oui ici !

Où vois- tu un mur ?

Cet endroit du Baïkal s’appelle BAKLANY .

Au large l’île aux Mouettes. Vous les entendez ?

La sœur :

Katia

Oui, c’est bien ici. Dans la forêt c’est parfait.

25Lardenois

Les comédiens :

Katia

Quel vacarme !

Lardenois

Pourquoi tu nous infliges ça ?

Katia

Le fils :

Lardenois

Où veux-tu répéter La Forêt d’Ostrovski ?

Les comédiens :

Katia ou à deux

Dans un théâtre !

Katia

Le fils:

Lardenois

Vous n’avez rien compris au théâtre russe !

Les comédiens :

Katia

En pleine nature,

Lardenois

Sans le moindre confort,

Katia

T’es dingue !

Le fils:

Lardenois

26Oui ici, à BAKLANY

on est au plus prés de la taïga. De ses cadeaux, de ses dangers.

Les comédiens :

Katia

La nature est insupportable.

Lardenois

Tes idées sont insensées.

Katia

La nature pour éprouver l’art !

Le fils:

Lardenois

Vous préférez l’artifice ?

Les comédiens :

Katia

Ta nature, elle nous emmerde.

Lardenois

On l’emmerde et toi avec.

Katia

On se casse !

Le fils :

Lardenois

C’est ça cassez-vous ! J’ai pas besoin de vous !

La sœur :

Katia

Je reste !

Le fils:

27Lardenois

C’est comme ça dans toutes les aventures artistiques.

L’art ça dérange ou ce n’est pas de l’art.

(Temps)

Katia

Lui- Je, n’attend plus du théâtre qu’il lui donne de la voix, qu’il lui ouvre la voie,

une voie.

Il a pourtant fait partie du milieu, bénévolement pendant 22 ans et créateur du

festival de théâtre d’Avers sous les eaux puis directeur des 4 Saisons d’Avers sur

les eaux dans la Maison des Romanich de 1983 à 2004.

Il a cru, par passion, à la nécessité de soutenir la création artistique, de

l’écriture à la mise en scène, de soutenir et susciter des formes innovantes et

l’émergence de jeunes créateurs.

Ce fut une période passionnante qu’il ne renie pas

Mais Lui-je a pris conscience progressivement vers 2017/2019 que pour lui, le

vrai travail est à faire sur soi et par soi.

Pas d’agir sur les autres, d’influencer les autres.

Pas d’être agi par les autres.

Au théâtre, au spectacle, on est dans la représentation, pas dans la présence,

pas dans le présent.

Au théâtre je suis spectateur, je ne suis pas acteur de mon destin de mes choix

de vie à mes risques et péril.

Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :

Enjeux de pouvoir

Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative :

Luttes de pouvoir.

28(Temps)

Lardenois

Ah le Théâtre !

(à Jean-Claude)

Jean-Claude, entre 1997 et 2017 tu as écrit et publié 7 pièces de Théâtre !

(Bravo)

Cinq pièces sous ton propre nom : Jean-Claude Grosse

Katia

La Vie en jeu

Lardenois

La Lutte des places

Katia

Le Libre jeu

Lardenois

La où ça prend fin

Katia

Et Histoire de places

Lardenois

Et trois autres pièces sous le nom de ton hétéronyme E.Say. Salé

Katia

Moi, Avide 1erl’Elu

Lardenois

EAT (manger, pisser, écrire) au temps des queues de cerises

Katia

Et Vols de voix Farce PESTILENTIELLE à l’occasion de la présidentielle 2017

 

Lardenois

Nous avons cherché dans le dictionnaire la signification de ce mot étrange

Hétéronyme

Katia

En littérature un hétéronyme est un pseudonyme utilisé par un écrivain pour

incarner un auteur fictif qui possède une vie propre et un style littéraire

particulier.

Lardenois

C’est clair ?

Ton Hétéronyme : E Say Salé est un auteur congolais qui vit à Ouagadougou, il

écrit des farces et il est aussi est cinéaste.

(A Jean-Claude)

C’est bien ça Jean-Claude ?

Katia

Vols de voix comportent 169 personnages

Le questionneur de merde

Lardenois

Le soliste qui œuvre en sous-sol

Katia

Arlette du musée Grévin

Lardenois

Le repentiste

Katia

Persil et Omo

Lardenois

La dératée des champs

30Katia

La servante du grand méchant loup

Lardenois

Sigmund et Jacques

Katia

L’entre deux-chaises

Lardenois

Un habitant de gogoland monsieur Gogo

Katia

L’ultraculpabilisateur néo libéral de gauche

Lardenois

L’anartiste … et bien d’autres !

Katia

169 personnages qui se partagent 235 répliques dont celle du Romain à succès

en 1956

Lardenois

Réplique du Romain à succès

Le député était préoccupé. Il essayait de se rappeler à quelle formation

politique il appartenait. Son parti s’était scindé en deux, les éléments de chaque

tronçon se repliant eux-mêmes par des systèmes d’imbrications vers trois

formations diverses, lesquelles exécutaient un mouvement tournant autour

du centre afin de s’y substituer, cependant que le centre lui-même subissait un

glissement vers la gauche dans ses éléments centripètes et vers la droite dans

ses éléments centrifuges.

Le député était à ce point dérouté qu’il en venait à se demander si son devoir

de patriote n’était pas de suscité lui-même la formation d’un groupement

nouveau, une sorte de noyau centre-gauche-droite avec apparentements

périphériques lequel pourrait fournir un pivot stable aux majorités tournantes,

31indépendamment des charnières qui articulaient celles-ci intérieurement, et

dont le programme politique pourrait être justement de sortir du rôle de

charnière pour accéder au rôle de pivot.

De toute façon, conclut le député, le seul moyen de s’y retrouver était d’avoir

un groupe à soi.

Katia

Le député leva brusquement vers le barman un regard désemparé.

 

en flagrant délire d'écoute
en flagrant délire d'écoute

en flagrant délire d'écoute

(Temps)

Katia

Nous allons à présent quitter le cauchemar du député pour un moment de

rêve qui se trouve dans «

Journal d’un égaré

»

C’est le Rêve d’une école de la vie

Un texte dédié au philosophe à Marcel Conche que tu nommes Epicure de

Corrèze

Lardenois

Je rêve d’une école de la vie de trois classes.

Katia

Une classe pour apprendre à raconter. Pour seize enfants de 6 à 9 ans.

Lardenois

Une classe pour apprendre à s’émerveiller. Pour seize adolescents de 11 à 14

ans.

Katia

Une classe pour apprendre à penser et à vivre vraiment. Pour seize jeunes gens

de 16 à 19 ans.

32Des gosses des rues. Pas voulus. Des survivants du travail précoce, du sida

général, de la guerre perpétuelle. Des adolescents à la dérive sur

l’amertumonde.

Lardenois

La classe des petits seraient confié à un aède. Homère par exemple. Ils seraient

assis en rond 8 garçons et 8 filles. Ca commencerait par des questions. Homère

leur raconterait des histoires. Ils commenteraient ces histoires. Ils les

raconteraient à leur tour puis ils en inventeraient.

Katia

La classe des moyens seraient confiée aux poètes : Linos, Orphée, Sappho et à

un peintre, vieux de 33 000 ans, celui de la grotte Chauvet. Linos ferait entendre

un chant très ancien sur le soleil, Orphée inventerait un poème d’éternité, avec

Sappho ils gouteraient à l’inachevé, l’homme de Chauvet les aiderait à

impressionner les murs, à faire vibrer la lumière, à donner corps a l’esprit.

Lardenois

La classe des grands serait confiée à un élu, battu aux élections, à un chef

d’entreprise en faillite, à un directeur de pompe funèbres en retraite et à un

philosophe très ancien. Anaximore, Héraclite, Parménide, Empédocle. 8 filles et

8 garçons en quête de soi, de l’autre qui se poseraient des questions : qu’est ce

que l’homme ? Qu’est ce que la nature ? Qu’est ce que vivre vraiment ? Qu’est

ce que devenir soi ?

Katia

En quelques semaines ils se sèvreraient des jeux vidéo, des modes

vestimentaires, langagières et comportementales

Lardenois

En quelques mois, les multinationales de la mal bouffe, du divertissement

formaté, de la manipulation des cerveaux seraient en faillite

Katia

En quelques siècles ils renonceraient aux vains désirs

Lardenois

33En quelques millénaires ils renonceraient aux illusions…

Katia

Nous avons pris l’initiative de faire parvenir tes propositions au Ministre de

l’Education Nationale de la Jeunesse. Nous sommes toujours dans l’attente de

sa réponse.

 

dans le hall
dans le hall

dans le hall

(Temps)

Lardenois

Nous poursuivons notre traversée avec un poème toujours extrait de La Parole

éprouvée

LE PREMIER MOT (extrait)

34Redis- moi le mot

Venu frapper là où cogne ma vie

Venu me réveiller au cœur de Paris.

Redis-moi ce mot

Ce sortilège de l’adolescence

Qui toujours devant mes yeux danse

Comme un merveilleux quiproquo.

Redis-moi dis

Ce mot que tu m’as dit

Ce mot d’amour

Le premier mot de notre premier jour.

Un coup de fouet

Comme des embruns

Petit pont d’amour

Qui durera toujours.

DANS

L’ÎLE AUX MOUETTES

Portrait de la femme aimée depuis 40 ans

Katia

35Apparemment, c’est une femme de l’absence. Toujours ailleurs. Perdues dans

ses pensées. Fille d’air et de rêve.

Mais à la pratiquer, avec amour, depuis quarante ans, j’ai compris que c’est une

femme de la présence, une présence légère dans le présent. Elle ne pèse pas.

Elle ne pose pas. Avec elle, tout est danse.

Le présent n’est pas que l’instant. C’est le moment de maintenant avec une

pointe de souvenir. Une fleur chaque jour pour notre chat parti sans retours ;

Son nom parfois et alors, une bouffée de nostalgie.

Elle est attachée à tout ce à quoi elle a donné de l’amour. Des photos et des

mots pour les disparus, la mère, d’une embolie qu’elle embellit, le fils et le

frère, dans le même accident.

Des cartes aux anniversaires. Des cadeaux sans destinataires pour les recevoir.

Quelle aptitude à ne rien laisser mourir malgré la souffrance, évidente,

inconsolable.

Chaque objet est à la fois d’hier et de maintenant, pas figé, souvent déplacé.

L’œil toujours sollicité par quelque nouveauté, une disposition rare, un

rapprochement inattendu, un éloignement surprenant.

Tout ce qu’elle aime est sans cesse repris, reconsidéré. Petits rien qui changent

tout.

Combats de chaque instant contre la dégradation, l’usure, l’habitude, l’oubli.

La maison vit, est habitée. Pas d’ennui possible avec une femme qui fait de sa

maison, de notre vie, un récit, un poème.

Avec elle, les simples jours deviennent les simples beaux jours, embellis par le

regard, le sourire radieux qu’elle pose sur les choses et sur les gens. Les tristes

jours deviennent les inoubliables tristes jours adoucis par son sourire

mélancolique.

Elle rayonne d’amour. Solaire, elle donne le meilleur d’elle, une écoute qui

apaise angoisses et peines, aide à mettre en mots, petits maux et grandes

douleurs.

Mais de ses angoisses et souffrances, vous ne saurez rien, les mots ne sont pas

pour elle. Elle ne s’en sert pas pour elle.

36Tout se passe dans le regard, souvent mouillé, toujours caché.

La légère, l’aérienne ! Depuis quarante ans, elle me fait la vie légère.

Je l’aime sans comprendre pleinement la force du don qui l’habite.

Mais en la vivant pleinement, passant des heures à contempler son visage sur

lequel je ne vois pas passer l’âge.

Elle a l’âge de son cœur, celui de l’adolescente qui m’a choisi une fois pour

toute.

Mon désir d’elle et mon amour pour elle sont restés intacts à son contact.

(Temps)

Lardenois

La mère :

Katia

Pourquoi n’appelle-t-il pas ? Ca fait déjà quinze jours. J’ai peur.

Le père :

Lardenois

C’est impossible d’appeler depuis là-bas. C’est brouillé, coupé. Rien ne passe.

La mère :

Katia

Pourquoi est-il allé là-bas, alors ?

Le père :

Lardenois

Pour se couper de tout.

La mère :

Katia

Pour se couper de nous ? Comment peut-il se retrouver, s’il fait disparaitre les

traces ? S’il est sans passé, sans projet ?

Le père :

37Lardenois :

Il n’est pas sans passé, sans projet. Il ouvre une parenthèse pour vivre au

présent. Loin de tout à 10 000 kilomètres de chez nous.

La mère :

Katia

Qu’il se dépêche de la refermer !

Le père :

Lardenois

Ca pourrait être un idéal de vie, vivre au présent, sans passé, sans projet, une

parenthèse qui s’ouvre à la naissance, qui se ferme à la mort

La mère :

Katia

Qu’est ce que tu racontes ? Appelle-le. Dis lui de revenir de suite.

Le répondeur :

Lardenois

Ligne en dérangement… ligne en dérangement… Indépendant de notre

volonté…

La mère :

Katia

Insiste !

Le père :

Lardenois

Je te dis que les lignes sont mauvaises. Entre deux ouragans ils essaient de

réparer mais ils n’ont jamais assez de temps.

Katia

Le Répondeur :

Lardenois

38Mauvais numéro…. Plus de correspondant…

La mère :

Katia

Recommence !

Le répondeur :

Lardenois

Mauvais numéro… Plus de correspondant… inutile d’insister … libérer la ligne

pour d’autres appels…

La mère :

Katia

Refais le numéro

Le répondeur :

Lardenois

Bon numéro… laissez votre message…

Katia

Le père :

Lardenois

C’est papa. Dés que tu reçois ce message, appelle. Ta mère s’inquiète !

La mère :

Katia

Mon chéri c’est maman. J’espère que tout va bien. Je t’embrasse.

(Temps)

Lardenois

La mère :

Katia

Pourquoi ? Pourquoi ?

39Le père :

Lardenois

Pourquoi lui ?

La mère :

Katia

Pas lui. Ce n’est pas vrai. Appelle-le. Dis –lui de revenir.

Le répondeur :

Lardenois

Ligne… occupée… ligne… occupée … ligne… occupée

Katia

Le père :

Lardenois

Il y a dû y avoir un ouragan. Leur central disjoncte.

La mère :

Katia

S’il y a une chance, je veux qu’on la saisisse. Rappelle-le !

Le répondeur :

Lardenois

En ligne… signal …

Katia

Le père :

Lardenois

Le message a changé.

La mère :

Katia

Raison de plus insiste !

40Le répondeur :

Lardenois

Ne donne pas signe de vie. Ne donne pas signe de vie. Renouvelez votre appel.

Katia

Le père :

Lardenois

Comment savoir la vérité ?

La mère :

Katia

Je veux que ce ne soit pas vrai. Recommence.

(Temps)

Katia

Le répondeur :

Lardenois

Nous n’avons pu rétablir les lignes d’urgence. .. Adressez votre prière.

La mère :

Katia

Mon fils n’entend plus ce que j’ai à lui dire. Comment lui parler ?

Le répondeur :

Lardenois

Le répondeur n’est pas fait pour apporter des réponses…. Le répondeur n’est

pas fait pour apporter des réponses

La mère :

Katia

A quoi sert- il alors ?

Le répondeur :

41Lardenois

Le répondeur sert à annoncer la disparition d’un abonné et à recevoir les

condoléances.

La mère :

Katia

Ca ne m’est d’aucun secours, je veux entendre sa voix. Aidez- moi à le

rejoindre !

Le répondeur :

Lardenois

Mauvais numéro… parti sans retour … destination inconnue… La voix de votre

correspondant a été coupée… Voulez vous faire une réclamation ?

Katia

La mère :

Rends nous notre fils !

Lardenois

Le père :

Rends nous la voix de notre fils !

Katia

Le répondeur :

Lardenois

Une voix coupée… est impossible… à réentendre. Une voix coupée… est

impossible… à réentendre.

 

(Temps)

Lardenois

8 années plus tard

Katia

42L’épousée : Tu te souviens ? Je t’avais demandé de dénoncer le contrat avec le

répondeur.

Lardenois

L’épousé : Oui, il nous avait répondu : peut-on se passer du Répondeur ?

Katia

Tu te souviens ? J’ai insisté sur l’éternité de l’instant syncope.

Je me demande où peut bien être passé l’instant syncope ?

Lardenois

Ca revient à se demander… où va le passé ?

Katia

C’est ce que je te demande, je vais passer. Où vais-je passer ?

Tu ne dis rien ?

Regarde- moi !

Je sais que je vais passer.

Où vais-je passer ?

Tu peux me répondre ?

Lardenois

Je n’ai pas la réponse à cette question et je ne veux pas que tu passes pour

aller dieu sait où ! Tu restes avec nous, tu dois rester avec nous. Quand on

passe c’est qu’on le décide !

Katia

Oui ! J’ai sans doute décidé de m’en aller. Plus rien ne me retient ici. Je vois bien

que je ne peux abolir le temps ni remplir le blanc du temps. Ca m’épuise ce

combat.

Lardenois

Pourquoi vouloir finir avant la fin ? Pourquoi vouloir arriver en avance là où ca

prend fin ?

Katia

43Tu connais la fin ?

Lardenois

Non

Katia

Alors, je peux mettre le point final…

Lardenois

Tu as décidé de finir la partie ?

Katia

Non, ça se décide en secret dans le ventre !

Lardenois

Partir de façon volontaire c’est ce que tu désires en secret ?

Katia

Je n’en sais rien.

Réponds à ma question :

Je sais que je vais passer où vais-je passer ?

Lardenois

Personne ne peut répondre à cette question !

Katia

Allez, fais un effort !

Tout ce que j’ai été

Tout ce que j’ai fait, ça a eu lieu une fois pour toutes, pour toujours, sans

possibilité d’être effacé, ça va bien quelque part non ?

Lardenois

Je n’en sais rien. Nous oublions ce que nous avons fait, ce que nous avons été.

Parfois ça ressurgit avec un goût de la madeleine.

44Katia

Ca, c’est ce qui se passe durant le temps de notre vie. Durant le temps fini de

notre vie.Mais il y a l’autre temps, celui dans lequel je vais entrer

définitivement, le temps éternel, infini.

Lardenois

Tu nous fais mal !

Katia

Ce n’est pas ce que je veux. Je veux la vérité en face !

Lardenois

Tu veux la mort en face ? Celle de toute chose pour toujours ?

Katia

Oui, il y a des choses à penser sur ce qui se passe quand on passe.

Qu’est ce que nous devenons ?

Lardenois

Les Répondeurs religieux ont leur réponse.

Katia

Réponses toutes prêtes, pour tous, je veux que l’on cherche par nous même !

Lardenois

Tu te rends compte de ce que tu me demandes, penser l’impensable, ton

passage de vie à trépas. C’est surhumain. Ce qui est humain c’est notre

promesse : « A notre amour, jour après jour, jusqu’à ce que ça fasse toujours ».

Seize mille huit cent cinq jours 16805 aujourd’hui, mon p’tit chat !

Katia

J’arrive au bout de mon temps de vie

Mais pas à la fin de ce qui a eu lieu,

Puisqu’il sera toujours vrai

Que ça a eu lieu

avant la soirée, clown's not dead (j'aime beaucoup cette attitude, être son clown)

avant la soirée, clown's not dead (j'aime beaucoup cette attitude, être son clown)

(Temps)

Lardenois

EN MARCHE

Nous étions jeunes

Nous marchions vite

Nous nous laissions porter par la puissance de nos muscles

Leur énergie nous exaltait l’âme

Leur effort tendu et souple ne nous menait nulle part

Nos cœurs se gonflaient aux vents du large

Des ailes nous poussaient.

Katia

Sur la scène, un vieil homme assis, de dos, face à la caméra de son ordinateur.

Le vieil homme

Lardenois

Pourquoi je m’installe là aujourd’hui, mercredi 25 octobre 2020, à 6 heures du

matin ?

C’est mon anniversaire, 80 ans.

Arrivé au monde depuis déjà 5 heures.

80 ans.

Donc le temps existe.

Katia

Faut-il en douter ?

Lardenois

46Arrivé au monde.

Donc le monde existe

Katia

Faut-il en douter ?

Lardenois

Réveil sans réveil entre 4 et 5 heures.

J’ai accompli mes petits rituels du matin.

Laudes joyeuses

Bonjour le jour, nouveau jour, merci la vie.

Bonjour mes chéris, vivants et autrement vivants, vous les trans-parents. Que

cette journée de plus soit une journée de paix, de silence….

Katia

Où vais-je passer ? M’as-tu demandé avant de passer. Ce que tu m’as fait

découvrir avant de passer c’est que le temps ne se perd ni ne se retrouve.

Chaque instant passe mais il ne s’efface pas. Il s’inscrit comme vérité dans le

temps de l’éternité, enregistré pour toujours.

Eternellement vraies les traces de chair, les effluves de caresses, les signatures

de mains tendres que tu as laissées dans ton cahier d’amour, sans mots, ni

chiffres….

Lardenois

Le livre d’éternité que chacun écrit n’est pas à rendre à la fin de sa vie

Katia

Il n’y a pas de bibliothèques pour conserver nos livres d’éternité

Ni à l’intérieur du cerveau ni à l’extérieur

Il n’y a que le présent.

Lardenois

47L’éternité c’est le présent.

Et notre livre d’éternité s’écrit au présent

Se rend au présent.

Katia

Il n’y a ni début ni fin

Ni passé, ni naissance, ni mort, ni d’ici bas, ni de très-haut !

Lardenois

C’est par notre présence au présent que nous participons.

Katia

Présence selon les choix mouvant de chacun

Lardenois

Présence plus au moins consciente, agissante, aimante

Katia

La présence la plus créatrice possible est pour certains la plus souhaitable, la

plus désirable, la plus épanouissante, la plus joyeuse….

(temps)

Lardenois

L’été prochain, je repartirai au Baïkal

Pendant les quatre jours et quatre nuits de Transsibérien dans le wagon de

queue, par la porte donnant sur la voie, je regarderai le temps s’enfuir.

Devant, le train avalera le temps présent, traverse par traverse.

Katia

Moi, je regarderai s’éloigner les traverses arrières quelques centaines de

mètres après

Quelques secondes plus tard je ne les verrai plus mais elles ne disparaitront pas

pour autant

Lardenois

48Ta dak, ta dak ta dak ta dak ta dak ta dak ta dak

Katia

Le bruit solidien du train sur les rails

Me dira le temps qui passe…

Lardenois

dak ta dak ta dak

C’est au Baïkal que je me sens au plus prés des évidences du Temps :

Le contraire de ce que j’ai pensé trop longtemps :

Non la mort de tout,

Le refroidissement éternel, l’oubli perpétuel

Le Jamais Plus

Plus Jamais

Nervermore.

Katia

Mais tout coule,

Chaque seconde passe,

Se métamorphose en éternité d’une seconde Bleu Giotto,

Forever.

Pour toujours !

Lardenois

Premier épilogue emprunté au Livre VI de Et ton livre d’éternité ?

Katia

La naissance de Je Suis Vita Nova

Lardenois

Je Suis Vita Nova naquit le 25 décembre 2020.

Ce fut une naissance personnelle et confidentielle.

49Lui-Je avait mis en place un rituel pour le spécial solstice d’hiver 2020, qui

commençait le 21 décembre.

Le 21 décembre lui a été offerte une sacrée réponse (une réponse sacrée).

A la question : Qui suis-je ?

Katia

Sa fille, très sarcastique lui dit : « Tu es Dieu »

Lardenois

Elle adore son père.

Et il a répondu sans réfléchir : «

Oui c’est vrai, je suis divin, comme toi, comme

tout ce qui existe. Ce Dieu est personnel et incarné. C’est pourquoi pour

épitaphe, je souhaite : Ci Gît Dieu. »

A quoi un ami bienveillant à rajouté :

Katia

«

Le Vrai, Pas l’Autre ! »

Lardenois

Le 25 décembre 2020,

Lui-Je, Hyérosolymitain d’Avers sous les eaux depuis le Déluge, d’Avers sur les

eaux et de Corps ça vie, celui qu’on appelle communément J.C

Un peu allumé, un peu illuminé,

Ayant passé 80 ans,

Après des décennies d’errance et d’égarement

Décida de se donner une nouvelle identité.

Katia

Voilà qui Je Suis : Je suis Vita Nova.

Lardenois

Vita Nova se reconnait plurivers, multivers plus qu’univers

50Katia

Il se reconnait divers, ondoyant, contradictoire.

Lardenois

Il se reconnait semblable à une large bande sonore passante et à un large

spectre lumineux

Katia

Il se reconnait d’hiver, de printemps, d’été, d’automne, saisonnier

Lardenois

Il se reconnait impermanent, incohérent plus que cohérent, dispersé plus

qu’unifié, tout en sachant, sentant, éprouvant le passage à l’éternité de tout ce

bouillonnement.

Katia

Sorti en Livres VI des 9 cercles de l’Enfer, Vita Nova ne connut pas la phase

purgative et se retrouva au paradis sur terre.

Lardenois

Son ermitage est sur une colline d’Avers sur les eaux !

Katia

Second épilogue

Adresse de l’auteur à ses lectrices et à ses lecteurs à propos de Et ton livre

d’éternité ?

Lardenois

J’ai été happé par cette aventure d’écriture, en somnambule, en funambule,

sans plan, sans personnages, sans péripéties.

Katia

J’ai été littéralement possédé, porté par un flux me traversant, un flow créatif

par lequel je me suis laissé entraîner sans censure, sans jugement de surplomb,

laissant converger comme ça venait, souvenirs,

Lardenois

51Projets,

Katia

Réels,

Lardenois

Imaginaire,

Katia

Humour,

Lardenois

Pulsions intenses

Katia

Et moments présents.

Lardenois

Je ne regrette pas d’avoir suivi la voix qui m’a poussé à l’écriture.

Même si des bilans sont faits, il ne s’agit pas, me semble t’il, d’un bilan de vie,

d’une autobiographie, d’un exercice narcissique de satisfaction, d’auto-

satisfaction du travail accompli, du chemin parcouru.

Katia

Il me semble que l’essentiel est dans une transformation, une métamorphose

de l’auteur, tardive, surprenante, le surprenant ô combien.

Lardenois

C’est sur cette métamorphose que prend fin notre insolite traversée

sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis
sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis

sur la terrasse du bar de la Fontaine, une bande d'amis

la soirée du 29 septembre s'est passée
de 19 H 00 à 23 H
puis pour une dizaine d'amis jusqu'à 1 H 30
sur la terrasse du bar de la Fontaine
autour d'un magnum de La Baratonne
c'est passé, une fois pour toutes
mais le passé ne s'efface pas 
s'il est vrai (?) que ce qui se passe et passe
il sera toujours vrai que ça s'est passé
(là, doit commencer une réflexion sur la vérité 
soi-disant absolue, universelle, éternelle
doute nécessaire)
ce fut une des thématiques essentielles de la soirée
de la traversée
merci à Dominique Lardenois et Katia Ponomareva pour leur traversée d'une heure
merci à l'équipe technique : Yves, Jérôme, Laurent 
merci à Ange Musso, pour son discours improvisé et sincère
merci au service municipal, chargé de la restauration, pour l'impeccable et copieux buffet
merci aux présents, pour leur présence et leurs réactions
merci à l'amie descendue exprès de Paris
merci à l'amie descendue exprès de Lyon
merci pour les échanges pendant le buffet
(ébranlé par les malaises de Michelle et Sylvie, la fragilité de Marie-France, leur ai dit de prendre bien soin d'elles
félicitations à la retraitée Mü Geb, depuis 15 H, le 29 septembre)
merci à tous ceux qui par mail, SMS, FB se sont manifestés
merci aux absents remarqués
aux annoncés absents
merci à la pleine lune
à l'automne d'été indien
une autre traversée semble se dessiner
pour le printemps 
au Canard en Bois de Marcel Moratal
à Montréal-les-Sources
à 1500 m
dans la Drôme
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le flot-flow

24 Juin 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #album, #assaisonneur, #développement personnel, #cahiers de l'égaré, #films, #écriture- lecture

le pog de montségur, rocher demain bûcher; photo Annie Bergougnous du 8 janvier 2023 / de quel feu brûle le volcan éteint en face du pog de Montségur le 8 janvier 2023 / photo Annie Bergougnous
le pog de montségur, rocher demain bûcher; photo Annie Bergougnous du 8 janvier 2023 / de quel feu brûle le volcan éteint en face du pog de Montségur le 8 janvier 2023 / photo Annie Bergougnous

le pog de montségur, rocher demain bûcher; photo Annie Bergougnous du 8 janvier 2023 / de quel feu brûle le volcan éteint en face du pog de Montségur le 8 janvier 2023 / photo Annie Bergougnous

quand c'est chaud
un jour de flot-flow laissant s'écouler son eau-now
(avec liaison nasale)
flot-flow du jour chaud du 23 juin 2023
------------------------
tu es ton pays Mirapeis
mirapicienne
pog roc de Montségur 
albigeoise, ariégeoise, pure, sûre
rocher demain sera bûcher
------------------------
ce matin, 7 H 30, pendant "ma" méditation, 
centrée sur le respir, 
m'est venue cette image 
le pog et la Parfaite s'embrasent; 
c'est comme un négatif de photo argentique, 
en train de se révéler dans les bains faits main;
j'en ai pour la journée avec ce cadeau; 
accepter ce qui vient; c'est ainsi : accepter
ce qui s'offre, ce qui se présente, 
qui alerte l'attention, demande attention
ne pas se prononcer : c'est bien, ce n'est pas bien; 
laisser le flot-flow écouler son eau-now
laisser le rocher devenir bûcher
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la journée en cours apporte son lot de messages : 
Les gnostiques en général, et les cathares en particulier, ont pour particularité de chercher ce que la chrétienté nomme "salut" non pas dans des églises mais au plus profond de leur être. Cette "salvation", c’est à travers leur corps, par leur ascèses et prières qu’elle s’effectue. Cette mystique atypique, teintée d’un zeste d’anarchisme auréolée d’une indéfectible solidarité, ne s’est jamais bien entendue avec les structures autoritaires et centralisées. 
La compréhension de cette Gnose se pratique de nos jours sur un plan individuel. Et non plus collectif. 
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Ornolac-Ussat-les-Bains, massif montagneux, nommée "la montagne sacrée" 
On peut y découvrir la grotte des Eglises (Œuvre au Noir), la grotte de l’Hermite (Œuvre au Blanc), la grotte de Bethléem (Œuvre au Rouge) et ainsi percevoir son propre corps, à la foi(s), comme sanctuaire et creuset-athanor alchimique, vers la purification personnelle.
Lire Pacôme Thiellement :
La victoire des Sans Roi : Révolution Gnostique, PUF
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Autre remarque : le mot "cathare" n'est pas le meilleur pour parler des albigeois
Le nom de « cathares » a été donné par les adversaires de ce mouvement et il faut noter qu'il est tout simplement absent des milliers de protocoles de l'Inquisition languedocienne, où il n'est mentionné par aucun inquisiteur, accusé ou témoin de la persécution, pas plus qu'il n'est présent chez quelque auteur médiéval ou dans quelque récit de la croisade albigeoise que ce soit.
En outre, c'est tardivement qu'il a été adopté par les historiens : c’est en effet seulement depuis les années 1950 que le terme de « cathare » est plus largement préféré à d'autres — auparavant, les chercheurs parlaient plus volontiers d’« albigeois » et d’« albigéisme » — dans une évolution « dont les causes relèvent de l’histoire contemporaine et non de motifs scientifiques »2. Exclusivement utilisé par des sources savantes, qui se réfèrent généralement davantage aux hérésies de Rhénanie ou d’Italie qu'à celle du Languedoc, l’histoire du terme « cathare » est ainsi « exclusivement une histoire savante et textuelle, qui ne se confond pas (même si elle la rencontre à partir du XIIe siècle) avec celle des comportements et des idées des populations accusées d’hérésie » 
voir catharisme sur wikipedia
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à 9 H 02, tu écoutes le très beau message de 4' de Virginia Galván, te faisant retour sur la méditation hésychaste du père Seraphim que tu lui as fait découvrir et dont tu penses qu'elle est une méditation de lignée et de motivation 
la transmission : deux soifs qui se rencontrent; 
la lumière est toujours là, il faut des yeux pour la voir; 
la source est toujours là, il faut une soif pour y boire
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interruption de 2H, on vient inspecter le toit, la charpente...
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le flot-flow laissant s'écouler son n'eau-now, (avec liaison nasale)
ça donne un commentaire sur un message de 14 H 50 d'Annie Bergou :
"Aucun livre ne peut nous sauver de notre vie.
Aucune parole ne sait recueillir ces éclats qui nous reviennent et nous élancent, 
empêchant le soir de descendre, la paix de venir.
Il n’y a pas de consolation, puisque tout nous blesse et que rien ne nous fait mourir.
Christian Bobin.
Le huitième jour de la semaine"
mon commentaire (le poème 3 de Parole d'aimant(e) 
à cause du "tout nous blesse et rien ne nous fait mourir"
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à Odysseus Elytis et Xavier Bordes
pour Marie des Brumes et pour Avant Tout
–3–
Quand je la vis
le boléro blanc laissait apparaître
un peu de son ventre plat bronzé
avec un nombril de cliché
Un étonnement me vint comme éveil de printemps
Par l’échancrure du corsage
je vis le début de sa poitrine
lourde déjà de désirs d’enfants
Ma main à s’y poser
tremblerait d’une tendre maladresse
Au-dessous des seins commence
le cruel espace à caresses
lieu de vacuité et de plénitude
d’angoisse et d’ivresse
de refuge et d’expansion
où errer sans fin ni repos
jusqu’à l’oasis fertile accrochée à hauteur des cuisses
construites solides pour l’accueil des gros chagrins
Cheveux de paille longs frisés
Un mouvement de tête pour dégager les yeux
bleus pâles distillant des voluptés d’écumes
Quelquefois des lunettes
sans doute un peu de myopie pour approches de surface
Lèvres rondes qui se gonflent comme mappemonde
lorsqu’y passe une langue gourmande
Les dents blanches d’une pure carnassière
Des mains de cerfs-volants
pour jeux d’altitude sans prises
Des poses musicales
comme si immobile elle dansait
Sait-elle déjà
que la pensée est un chant
la vie un sentiment
On a envie de la parcourir
Mais vive elle s’esquive
Algue elle est
très aquatile pour des plaisirs d’effleurements
Quand elle rit
ses rires en mal d’envol
sont lourds de l’ambiguïté insondable
qui s’installe en elle les jours d’érotique tristesse
Des confidences enfouies
viennent s’enrouer dans sa gorge
Elle saura me les confier
lorsqu’insaisissable elle viendra à moi
certains soirs
Elle va et vient
ne coupe aucune fleur du monde
les chante toutes
j’aime qu’elle dédie leur parfum à qui l’émeut
elle se prend de grandes claques en rit et remet ça
C’est une fille odeur à respirer instant à danser
chambre d’échos pour désirs inouïs
une fille pour aujourd’hui
où tout nous fait souffrir et rien mourir
Quand je l’ai vue pour la première fois
une dépression m’a envahi
dont toute la Méditerranée a eu vents
Serai-je avec elle un ouvreur de voix
jusqu’à ce jour où l’amour se fera
La parole éprouvée, 2000, pages 28-29)
 
il y avait du Bobin dans l'atmosphère du côté du fort de la Repentance à Hyères, aux printemps-été 1988
 
ce 24 juin 2023 c'est son anniversaire, 51 ans
c'est l'anniversaire aussi de 35 ans de complicité, d'accompagnement de son travail d'artiste du papier végétal ou des plantes au papier et à la camigraphie expressive
avec trois oeuvres : la jupe de correspondance, la vague-sillage, la Subway dress
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aujourd'hui, 24 juin 2023,  elle a 51 ans
elle aime les arbres, l'eau vive, les végétaux, les peaux
elle prend ce que les japonais appelle des bains de forêt
avec des plantes, des feuilles, elle fabrique son papier végétal
avec ce papier fait main, elle réalise des pièces d'artiste
avec surimpression de mots d'images
elle y pratique des performances expressives
seule ou accompagnée d'un musicien
d'une danseuse de Nô 
elle transmet passionnément sa pratique jusqu'au Costa-Rica
elle apprend encore et encore, jusqu'au Japon 
elle est invitée dans de nombreux pays dont la Chine, l'Australie
en changeant de dizaine, elle a changé partiellement d'échelle, d'horloge
notre corps est réglé sur des milliards d'horloges synchrones ou non
la nature de même
harmonie-dysharmonie sont le lot du flow-flot du vivant laissant s'écouler son n'eau-now (avec liaison nasale)
pour Aïdée Bernard
la dendrochronologie ou lire un tronc d'arbre Placez-vous face à l'arbre et mesurez sa circonférence à 1.40 m de hauteur. Divisez le chiffre en centimètres obtenu par π (égal à 3.1416 environ) puis multipliez le résultat par le facteur multiplicateur qui correspond à l'arbre. Exemple : Pour un chêne qui mesure 2.45 m, on obtient 245 : 3.1416 = 77.99 x 3 = 233 ans /  la forêt, vulve végétale, y pénétrer avec respect / Le bain de forêt est une activité qui offre une forme de thérapie douce, par la forêt (sylvothérapie) qui nous vient du Japon sous le nom de « Shinrin-Yoku » depuis les années 80. / la parole de l'eau, création d'Aïdée Bernard, installée dans une chapelle de l'Aude / un kakémono d'Aïdée Bernard
la dendrochronologie ou lire un tronc d'arbre Placez-vous face à l'arbre et mesurez sa circonférence à 1.40 m de hauteur. Divisez le chiffre en centimètres obtenu par π (égal à 3.1416 environ) puis multipliez le résultat par le facteur multiplicateur qui correspond à l'arbre. Exemple : Pour un chêne qui mesure 2.45 m, on obtient 245 : 3.1416 = 77.99 x 3 = 233 ans /  la forêt, vulve végétale, y pénétrer avec respect / Le bain de forêt est une activité qui offre une forme de thérapie douce, par la forêt (sylvothérapie) qui nous vient du Japon sous le nom de « Shinrin-Yoku » depuis les années 80. / la parole de l'eau, création d'Aïdée Bernard, installée dans une chapelle de l'Aude / un kakémono d'Aïdée Bernard
la dendrochronologie ou lire un tronc d'arbre Placez-vous face à l'arbre et mesurez sa circonférence à 1.40 m de hauteur. Divisez le chiffre en centimètres obtenu par π (égal à 3.1416 environ) puis multipliez le résultat par le facteur multiplicateur qui correspond à l'arbre. Exemple : Pour un chêne qui mesure 2.45 m, on obtient 245 : 3.1416 = 77.99 x 3 = 233 ans /  la forêt, vulve végétale, y pénétrer avec respect / Le bain de forêt est une activité qui offre une forme de thérapie douce, par la forêt (sylvothérapie) qui nous vient du Japon sous le nom de « Shinrin-Yoku » depuis les années 80. / la parole de l'eau, création d'Aïdée Bernard, installée dans une chapelle de l'Aude / un kakémono d'Aïdée Bernard
la dendrochronologie ou lire un tronc d'arbre Placez-vous face à l'arbre et mesurez sa circonférence à 1.40 m de hauteur. Divisez le chiffre en centimètres obtenu par π (égal à 3.1416 environ) puis multipliez le résultat par le facteur multiplicateur qui correspond à l'arbre. Exemple : Pour un chêne qui mesure 2.45 m, on obtient 245 : 3.1416 = 77.99 x 3 = 233 ans /  la forêt, vulve végétale, y pénétrer avec respect / Le bain de forêt est une activité qui offre une forme de thérapie douce, par la forêt (sylvothérapie) qui nous vient du Japon sous le nom de « Shinrin-Yoku » depuis les années 80. / la parole de l'eau, création d'Aïdée Bernard, installée dans une chapelle de l'Aude / un kakémono d'Aïdée Bernard
la dendrochronologie ou lire un tronc d'arbre Placez-vous face à l'arbre et mesurez sa circonférence à 1.40 m de hauteur. Divisez le chiffre en centimètres obtenu par π (égal à 3.1416 environ) puis multipliez le résultat par le facteur multiplicateur qui correspond à l'arbre. Exemple : Pour un chêne qui mesure 2.45 m, on obtient 245 : 3.1416 = 77.99 x 3 = 233 ans /  la forêt, vulve végétale, y pénétrer avec respect / Le bain de forêt est une activité qui offre une forme de thérapie douce, par la forêt (sylvothérapie) qui nous vient du Japon sous le nom de « Shinrin-Yoku » depuis les années 80. / la parole de l'eau, création d'Aïdée Bernard, installée dans une chapelle de l'Aude / un kakémono d'Aïdée Bernard
la dendrochronologie ou lire un tronc d'arbre Placez-vous face à l'arbre et mesurez sa circonférence à 1.40 m de hauteur. Divisez le chiffre en centimètres obtenu par π (égal à 3.1416 environ) puis multipliez le résultat par le facteur multiplicateur qui correspond à l'arbre. Exemple : Pour un chêne qui mesure 2.45 m, on obtient 245 : 3.1416 = 77.99 x 3 = 233 ans /  la forêt, vulve végétale, y pénétrer avec respect / Le bain de forêt est une activité qui offre une forme de thérapie douce, par la forêt (sylvothérapie) qui nous vient du Japon sous le nom de « Shinrin-Yoku » depuis les années 80. / la parole de l'eau, création d'Aïdée Bernard, installée dans une chapelle de l'Aude / un kakémono d'Aïdée Bernard

la dendrochronologie ou lire un tronc d'arbre Placez-vous face à l'arbre et mesurez sa circonférence à 1.40 m de hauteur. Divisez le chiffre en centimètres obtenu par π (égal à 3.1416 environ) puis multipliez le résultat par le facteur multiplicateur qui correspond à l'arbre. Exemple : Pour un chêne qui mesure 2.45 m, on obtient 245 : 3.1416 = 77.99 x 3 = 233 ans / la forêt, vulve végétale, y pénétrer avec respect / Le bain de forêt est une activité qui offre une forme de thérapie douce, par la forêt (sylvothérapie) qui nous vient du Japon sous le nom de « Shinrin-Yoku » depuis les années 80. / la parole de l'eau, création d'Aïdée Bernard, installée dans une chapelle de l'Aude / un kakémono d'Aïdée Bernard

comme le flot-flow laisse s'écouler son n'eau-now, (avec liaison nasale), tu glisses de l'amie qui aura 51 ans demain à des échanges avec Chantal Montellier sur En attendant Beckett († en 1989) et La bande à Godot (1952) puis avec Martine Roffinella dont deux titres t'intéressent : Sang Fille (Rhubarbe) / J.-C. et moi (éditions Les Pérégrines); postés dans l'après-midi
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flow du flot, surgit ta fille au téléphone, rentrant à pieds du XVIII° à Saint-Denis, dont c'est l'anniversaire le 29 juin; 
tu ne le souhaiteras que le 1° juillet parce qu'elle devait arriver le 1° juillet 1968, 365 jours après ton mariage avec l'épousée (1° juillet 1967); 
elle est arrivée deux jours avant, un jour d'élection (2° tour des législatives de 1968), un jour de désastre après la trahison de la grève générale de mai 68 par toujours les mêmes; 
t'étais sur Croissy (78) pour voter et t'as raté la naissance de ta fille, au Quesnoy (59)
dans 8 jours, le 1° juillet 2023, tu fêteras 56 ans de mariage, seul, à Corsavy (66) où tu arriveras après avoir roulé toute la nuit; 
pour vos 50 ans de mariage, tu avais fait appel à Lola, fille de joie, soirée mémorable à La Coquette
récit en est fait pages 124 à 131 du livre d'éternité
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hier soir, 22 juin, t'as vu Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé 
ou un amour consommé et brisé portera ses fruits, 
je suis sûr que mademoiselle Chambon (titre impossible aujourd'hui) donnera naissance à un vigoureux futur maçon; 
Véronique l'annoncera-t-elle à Jean ? 
17 H 17, je prends mon pied
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flow du flot, coup de fil de Jean Delorme, vers 18 H
il m'apprend que le pied était le signe marqué sur les murs de Pompéi, indiquant le chemin vers le bordel 
et de me demander comment Héraclite, Parménide, Empédocle réagiraient dans notre monde surpeuplé, quelle philosophie, ils élaboreraient aujourd'hui
impossible de répondre
le devenir grec de Marcel Conche, c'est tenter de retrouver l'étonnement premier, conduisant à la philosophie, c'est une pratique donc, se nettoyer le regard
la méditation hésychaste de père Seraphim, c'est une pratique, se nettoyer le coeur pour, shallom, vivre entier
je prends mon pied, 18 H 18
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flot-flow n'eau-now, 
19 H coup de téléphone de la fetite pille, 15 ans, attendant son cours d'accordéon au conservatoire du XVIII° 
quelle fin d'année : 
en mai, 18 jours à Saint-Petersbourg chez son cousin 
finale nationale du concours robocup junior 2023 
juin : finale européenne, son équipe de 5 est championne d'Europe
ils seront reçus par le maire de Saint-Denis le 28 juin
le 21 juin, elle a joué à l'accordéon pour les enfants de l'hôpital Bichat avec les autres élèves du conservatoire
lundi 26-mardi 27 juin, BEPC
elle a été admise il y a 3 jours aux JSPP (jeunes sapeurs pompiers de Paris)
réception de sa tenue à la caserne, le 29 août
10-14 juillet : finale mondiale de robocup à Bordeaux
vacances avec moi au pays
je la laisse profiter au maximum de sa bande ; parfois, il y a des nuits pyjamas, des repas au restaurant du camping, des barbecues improvisés sur la place du village
19 H 53, le pied
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film choisi, déjà vu, il y a des années mais si chaud show 
- avec celui qui a des visions, Angel, facilement en état d'hypnose, de transe, qui trouve les cadavres des femmes qu'il n'a pas tuées mais dont il s'est accusé
- avec le flow du flot pulsionnel, érotico-sadique, de mise à mort réciproque en épectase-extase des deux protagonistes, tous deux metteurs à mort, façon corrida 
elle, Maria, avocate, de deux hommes au moins 
lui, Diego, matador célèbre, de deux femmes au moins 
pendant une éclipse
"je n'ai jamais vu de morts aussi heureux"
conclusion du commissaire
et fin d'un film que je trouve savoureux
dans son apologie transgressive, iconoclaste du rouge sang, du rouge fard, du rouge de la robe, du rose de la rose
 
apothéose de la vie-la mort mêlées dans le rut, le rush final, l'amour étant impuissant à sauver les deux amants de l'outrepassement
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Matador de Pedro Almodovar, 1986
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fin de soirée, 22 H
une affiche / les deux amants ont joui, fusionné en se mettant à mort, épectase-extase
une affiche / les deux amants ont joui, fusionné en se mettant à mort, épectase-extase

une affiche / les deux amants ont joui, fusionné en se mettant à mort, épectase-extase

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jusqu'à l'os

13 Juin 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #assaisonneur, #développement personnel, #écriture- lecture, #films, #théâtre

tu crois marcher sur le sol solide, tu marches dans les espaces-temps einsteinien / tu te crois d'os, t'es fluide / tu te crois résistant, t'es collabo / tu te crois communiste anti-fasciste, tu participes au stalinisme des purges, des procès, du goulag, des déplacements de populations, de la terreur / tu veux faire entendre la spirale des silences de  Sebald et tu déclenches bruits et fureurs, polémiques, avant de te retirer avec ton enfant mort / est-ce le monde, l'atmosphère du temps qui est secouée par les turbulences de la guerre en cours dont on se demande où elle a cours ou ces turbulences sont-elles les remous remontant de nos abysses ?  image :  BRENDAN MONROE – ISLANDS COMIC ZINE Art // octobre 18th, 2011

tu crois marcher sur le sol solide, tu marches dans les espaces-temps einsteinien / tu te crois d'os, t'es fluide / tu te crois résistant, t'es collabo / tu te crois communiste anti-fasciste, tu participes au stalinisme des purges, des procès, du goulag, des déplacements de populations, de la terreur / tu veux faire entendre la spirale des silences de Sebald et tu déclenches bruits et fureurs, polémiques, avant de te retirer avec ton enfant mort / est-ce le monde, l'atmosphère du temps qui est secouée par les turbulences de la guerre en cours dont on se demande où elle a cours ou ces turbulences sont-elles les remous remontant de nos abysses ? image : BRENDAN MONROE – ISLANDS COMIC ZINE Art // octobre 18th, 2011

jusqu'à l'os
ou il est question
de l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault, spectacle-monde qui tourne
de Prévert et de la chasse à l'enfant
des Émigrants de Kristian Lupa, spectacle-monde, annulé
des blessures vives liées à l’histoire en train de se faire
et de voix d'intranquillité autres que l'art et l'histoire

 

Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie
Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie
Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie
Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie

Prévert et sa petite fille / le radeau de la méduse d'après l'esthétique de la résistance de Peter Weiss et Sylvain Creuzevault = spectacle-monde qui tourne et va tourner / les acteurs et leur rêve de Kristian Lupa = les émigrants, spectacle annulé par la Comédie de Genève / deux spectacles-mondes, deux sorts opposés / le rêve yeux ouverts de l'âne Diego de Kheira Belahouel = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

il y a des blessures en lien avec l'histoire au présent, celle qui se joue et dont on sait que c'est l'histoire, qui ne cessent de nous travailler jusqu'à l'os
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désolé si je déçois
mais le mouvement pour le retrait de la réforme des retraites à 64 ans ne me semble pas un moment historique
manifester 14 ou 15 fois en soumettant le retrait à un vote à l'assemblée nationale, attendre plus d'un mois entre le 1° mai et le 6 juin, c'est clairement faire le choix de l'acceptation et de la démobilisation;
aucun mot d'ordre genre préparons la grève générale jusqu'au retrait,
aucun appel à constituer des comités d'action, à inventer des formes
(décentraliser au lieu de tout centrer sur Paris ou sur le blocage des raffineries, pour affaiblir la répression qui ne pourrait s'exercer dans tout le pays);
bref, les organisations syndicales (les directions-les appareils) n'ont pas facilité l'auto-organisation d'une puissante grève générale jusqu'au retrait
et à la base, très peu d'initiatives, d'actions de blocages
plus essentiel, combattre pour freiner l'exploitation du travail des salariés par le capitalisme néo-libéral sans poser la question de l'exploitation forcenée de la planète au moyen du travail des salariés, exploitation qui mène à l'effondrement, révèle une fois de plus l'aveuglement collectif (hypnose collective) sur ce système de prédation qui conduit au suicide collectif de l'humanité
pour peut-être changer de paradigme, nécessité enfin de mettre radicalement en cause nos modes de consommation, de divertissement, nos addictions audiovisuelles, internautiques qui font de nous en tant que consommateurs des collaborateurs, des soumis volontaires du système d'exploitation et de domination
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par contre le mouvement des GJ  fut un mouvement historique, plus par les ronds-points et AG que par les manifestations aux Champs-Elysées, davantage que Nuit debout;
des graines ont été semées dont certaines germinent et donneront des fruits par rhizomes
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ainsi pour moi, qui arrive en Algérie en septembre 62, qui en repart en février 64 et qui a vécu de près, le putsch des généraux en 61, qui a vu De Gaulle passer de l'Algérie française à l'Algérie indépendante entre 1960 et 1962, la fin de la guerre d'Algérie (1959-1964) est une blessure toujours vive en lien avec un double sentiment, de trahison et de gâchis ;
depuis l'indépendance, l'Algérie a vécu des événements terribles (la décennie noire) qui bien sûr interrogent, mettent mal à l'aise
enfin, l'échec du Hirak laisse un goût amer
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si j'étais arrivé avant, j'aurais été confronté à la question de la torture;
il y a des tortionnaires qui vivent toujours avec le souvenir de cette pratique; comment vivent-ils leur soumission aux ordres ?
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blessure qu'on essaie de calmer en s'informant, en lisant, en choisissant, en débattant, en créant
ainsi le bocal agité algéro-varois de 3 jours en juin 2002 au Revest
ainsi l'accueil du spectacle El Halia de Louis Arti aux Comoni
ainsi ma réaction récente devant la toile Djamila Boupacha d'Alain Le Cozannet à l'espace Saint-Nazaire à Sanary
ainsi une soirée récente où l'Algérie, Camus, une 3° voie, nous occupa pendant 5 H
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ces blessures vives indiquent que l'histoire n'est pas déterminée
on sent qu'il aurait suffi de peu pour qu'une autre voie s'ouvre
ces blessures, malgré la durabilité des sentiments de trahison, de gâchis, ouvrent sur l'espoir que ça peut changer et ça change
60 ans pour que l'État français reconnaisse sa responsabilité et celle de l'armée dans l'usage systémique de la torture et du viol
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https://www.facebook.com/jeanyves.clement.5/videos/1625002551321269
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Partir  
Sachant seulement un matin qu'il faut partir
Ignorant tout de ce que sera l'avenir
Partir au loin pour un ailleurs.
Partir
Pour d'autres cieux, d'autres soleils, d'autres matins
Partir comme une ombre brisée sur le chemin
Partir en y laissant son coeur.
Partir
Quitter sa ville, son village, sa maison
Quitter sa terre, ses racines, ses chansons
Partir pour un monde meilleur.
Partir
Fuyant l'enfer, l'intolérable, la folie
Pour garder comme un semblant de sens à sa vie
Partir en y laissant son coeur.
Partir
Le coeur à l'agonie, le coeur brisé
En infidèle, en clandestin, en accusé
Partir avant le petit jour.
Partir
Pour que l'espoir encor' survive dans nos coeurs
Pour juste un peu de liberté et de chaleur
Peut-être encore un peu d'amour.
Partir
Quitter sa ville, son village, sa maison
Quitter sa terre, ses racines, ses chansons
Partir pour un monde meilleur.
Partir
Pour que l'espoir encor' survive dans nos coeurs
Pour juste un peu de liberté et de chaleur
Partir au loin pour un ailleurs
Partir pour oublier la peur.
Partir.
Alain Barrière 1980

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si je tente d'inventorier mes blessures en lien avec l'histoire, j'en trouve 4

- blessure reconstituée, j'avais 2-3 ans, le sabordage de la flotte à Toulon, le 27 novembre 1942; la flotte aurait pu s'échapper

- mai 68, à la fois au Quesnoy dans le Nord, élu membre du comité de grève de la ville, et à Nanterre dans le sillage de Cohn-Bendit et les autres membres du mouvement du 22 mars; le pouvoir aurait pu changer de camp, des possibles étaient disponibles; les négociations de Grenelle ont sauvé le capitalisme

- 11 septembre 2001, l'invention de la nouvelle forme de l'axe du Mal par l'impérialisme américain

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aujourd'hui, ces blessures qui font tourner le regard vers le monde, me semblent ne pas devoir être surestimées; l'essentiel des blessures qui nous tiennent debout sont très lointaines, familiales, inter-générationnelles, archétypales et travailler sur soi, prendre conscience de comment on fonctionne me semble plus décisif que de tenter vouloir changer le monde, à l'image de nos tumultes intérieurs

j'entends parler de résistants, il y a donc des collabos; tous ces mots produisent de la séparation, du conflit; idem avec lutte des classes ou ultra-riches et pauvres; quand on emploie le langage de la séparation, évidemment, on est du bon côté, du côté de la justice, du droit, de l'humanisme, des grandes valeurs

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

Interview de Joëlle Gayot :

Mis en cause pour ses méthodes de travail à la Comédie de Genève, le Polonais réagit, dans un entretien au « Monde ». S’il reconnaît avoir « déraillé », il pointe le « forcing scandaleux » des équipes techniques.

Après avoir été déprogrammé de la Comédie de Genève en raison de manquements du metteur en scène aux règles du théâtre suisse, Les Emigrants, spectacle du Polonais Krystian Lupa, ne sera pas non plus joué à Avignon. L’annonce en a été faite mercredi 7 juin par Tiago Rodrigues, le nouveau directeur du festival. Nous avons joint l’artiste polonais à Cracovie.

Quelle est votre réaction après ces deux annulations successives ?

Je suis très surpris. Je n’avais jamais connu, jusqu’ici, une telle situation. A Genève, j’ai été confronté à la révolte d’une équipe technique qui a conduit la direction du théâtre à retirer le spectacle de son affiche.

Je tiens à rappeler le contexte. En Suisse, nous avions perdu une semaine de travail, car j’avais attrapé le Covid, début avril, de manière très violente. Pour ces raisons, la fin des répétitions s’annonçait très stressante. Nous avons commencé les répétitions techniques tardivement, or Les Emigrants est un spectacle extrêmement compliqué sur ce plan. Au tout début de ces ultimes séances de travail, j’ai tenu à prévenir tout le monde : en raison du manque de temps, une période difficile nous attendait. J’ai donc dit que j’essaierais de mener les répétitions de la façon la plus apaisée qui soit. Je me connais bien : non seulement je suis moi-même quelqu’un de très émotionnel, mais nous opérons, avec les comédiens, sur les émotions. Je me suis excusé à l’avance pour d’éventuels débordements dont je savais qu’ils pouvaient surgir. C’est ce qui a eu lieu, à deux reprises. Lorsque je suis dans un élan avec les acteurs et dans un état d’accélération intime, je cultive le fou intérieur en moi pour m’en servir et accéder à d’autres zones de pensée.

C’est dans ce contexte particulier que je me suis heurté aux équipes techniques. Celles de la lumière, qui, parce qu’elles me soumettaient des réglages à l’inverse de ce que je réclamais avec insistance, m’ont précipité dans une sorte de schizophrénie. J’ai déraillé. J’en ai honte. Puis j’ai aussi eu des problèmes avec le régisseur son, chez qui j’ai senti d’emblée le refus d’adapter sa méthode à la mienne. Je ne m’en cache pas, ces dernières répétitions techniques m’épuisaient, mais je n’étais pas agressif. Ce n’est pas mon ego surdimensionné qui est la source de ce conflit, mais l’ego surdimensionné de cette équipe.

Après ces événements, vécus comme un traumatisme par le théâtre de Genève, par les comédiens et, sans doute, par vous-même, diriez-vous que deux mondes incompatibles se sont rencontrés ? Celui des techniciens suisses et de leurs valeurs, et le vôtre, avec les exigences artistiques qui vous appartiennent ?

Il est certain qu’il s’agit du contraste de deux mondes. Je pense que l’équipe technique, qui ne voulait rien changer à ses façons de travailler, a fait le forcing auprès des directeurs de la Comédie de Genève, malgré les tentatives de ces derniers de calmer les choses. Je trouve ce forcing scandaleux. Pas par rapport à moi, mais par rapport aux acteurs. En cherchant à me punir ou à me contraindre à adopter leurs méthodes, ces techniciens n’ont absolument pas pris en considération l’immense travail accompli par les autres partenaires. Ils auraient dû trouver le moyen de s’en prendre à moi, et à moi seulement, sans affecter l’ensemble de la troupe artistique.

Pensez-vous que ce qui vient de se passer peut influer, demain, sur vos marges de manœuvre dans une salle de répétition ?

Il y a eu, voici deux ans, en Pologne, une discussion générale sur la violence au théâtre. J’ai appris que certains cherchaient des reproches à me faire. Je l’ai très mal vécu, mais j’ai profité de ce débat public pour me remettre en question. Dans ce travail que je mène un peu « à la sauvage », il a pu m’arriver d’aller trop loin. Au nom des rêves qui m’animent, je me suis permis d’exprimer mes émotions ou de formuler mon opinion de façon extrême, sans me rendre compte que mon attitude pouvait provoquer de la souffrance. J’ai toujours été partisan de la plus grande sincérité. Je l’exige de moi-même et je l’attends des autres. Mais je suis sans doute quelqu’un de fort, ce que tout le monde n’est pas. Lorsque j’ai eu compris ça, j’ai fait plus attention. Comment peut-on dire la vérité sans blesser ceux qui nous font face ? Cette réflexion est nécessaire.

Cette prise de conscience a permis au travail sur Imagine – spectacle que j’ai créé en avril 2022 mais dont les répétitions, à Varsovie, avaient démarré fin 2021 – de se dérouler dans une incroyable harmonie, avec l’équipe technique comme avec les acteurs. Nous en étions extrêmement heureux, nous avons tous senti que cette voie était la bonne. Arrivant à Genève, je voulais revivre la même harmonie, mais je n’ai pas réussi. Je crois qu’après avoir attrapé le Covid je suis tombé dans un état psychique critique. Le temps me manquait, mes nerfs étaient en morceaux alors qu’il faut une discipline stable et une bonne condition psychique. Des éléments qui ne dépendent pas seulement de moi, mais aussi de l’ambiance générale. Or j’ai ressenti, et les acteurs également, une animosité immédiate à mon égard de la part de l’équipe technique genevoise.

Cette création des « Emigrants », d’après le récit de W. G. Sebald, occupe-t-elle une place singulière dans votre parcours ?

Il y avait dans ce spectacle quelque chose d’important, d’infiniment personnel et de très nouveau. Raisons qui expliquent, aussi, cette montée de pression émotionnelle. Je ne voulais surtout pas gâcher ce rêve. Avec les comédiens, nous étions parvenus à quelque chose d’assez exceptionnel. Il s’agit pour moi du spectacle le plus important depuis Factory 2, que j’ai créé en 2008 à Cracovie et joué à Paris en 2010.

Qu’est-ce qui l’emporte en vous aujourd’hui : la colère, le chagrin, l’incompréhension, le remords ?

J’ai 79 ans, je suis trop vieux pour être en colère. Etant donné mon âge, il me semble que je mérite un peu d’indulgence. Je suis rentré chez moi à Cracovie et je me sens abandonné. Mon enfant est mort. J’ai perdu un enfant.

(alors là, sur les réseaux sociaux, haro sur le vieux Lupa qui ose dire ça) JCG

Traduction assurée par Agnieszka Zgieb, dont Imagine, un livre d’entretiens avec des acteurs et Krystian Lupa, doit sortir en juillet aux éditions Deuxième époque.

Cet article est paru dans Le Monde.

 

 

À partir des années 90, des milliers d'emplois inutiles ont squatté les crédits des Théâtres du Service Public. Des milliers d'emplois fixes de médiateurs culturels et autres accompagnateurs administratifs, ont détourné l'argent public pour remplir des bureaux !... Et nous, artistes, intermittents, avons alors alors entendu l'éternel refrain : "Il n'y a plus d'argent". Oui, il n'y a plus d'argent pour la création car il a été détourné. Et aujourd'hui, les emplois fixes avec le syndicats dont c'est évidemment le rôle de protéger l'emploi, ont détruire la "fragilité" des artistes, des intermittents qui, pour ce que nous savons de l'histoire de Lupa, ont soutenu cet immense créateur jusqu'au bout ! Je viens de voir les 5 heures de Sylvain Creuzevault/Peter Weiss où l'on voit combien les époques fascisantes détruisent, en plus de tout le reste… la création, les œuvres d'art, les créateurs artistique. À suivre en résistance ! Moni Grégo.

 

 

 

PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb
PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb
PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb
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PHOTO Natan Berkowicz via Agnieszka Zgieb

Les Émigrants de Krystian Lupa
Entretiens avec les acteurs suisses et français par Arielle Meyer-Macleod de la Comédie de Genève. via
Agnieszka Zgieb
PIERRE BANDERET (LE NARRATEUR)
Krystian Lupa génère par la parole un processus infini de dépliage qui implique que, moi aussi, je dois me déplier. Pour être disponible à recevoir ce qu’il m’offre.
Sa lecture du texte – cultivée, érudite et ample – est avant tout de l’ordre du sensible. Il ne parle pas comme un professeur, mais comme un médium qui jette une lumière entre le texte et ce qu’on peut y voir.  Il n’explique pas les choses, il me les donne. Un cadeau qui n’est pas toujours facile à ouvrir d’ailleurs – il faut, là aussi, le déplier, et fouiller dedans.
Il mâche et marche le discours autour des Émigrants en se laissant porter par ses impulsions, avec une grande curiosité et beaucoup de joie, comme s’il allait chercher tous les possibles – pas forcément pour les jouer – mais pour nous remplir d’images dont il attend que nous les remâchions, les intégrions et nous inscrivions dedans.
Cela crée une sorte de précipitation, comme on dit en chimie – des vibrations. L’air devient plus dense.  
J’ai rencontré un metteur en scène qui m’emmène ailleurs, vraiment, qui ouvre quelque chose en moi. Après presque 50 ans de carrière, je suis heureux de vivre ça. J’en sors comme agrandi.
MANUEL VALLADE (PAUL BEREYTER)
Son approche des Émigrants est étrangement très physique, alors même que nous avons passé des semaines assis autour de la table. Lorsqu’une idée surgit, sa joie est palpable et s’exprime physiquement– il a l’œil qui frise, il rougit, indiquant que quelque chose vibre là, à cet instant, qu’une piste intéressante à creuser ensemble vient d’émerger de son imaginaire toujours en mouvement.
Ce travail nous emmène vers des zones inexplorées pour créer d’abord un paysage intérieur d’où naissent non des personnages, mais des situations, des rapports, des états. Ensuite seulement surgit la parole, dans le creux de laquelle se dessine alors un personnage fait surtout de ce qu’il ne peut pas dire, de tous ces mots qui, comme dans la vie, sont empêchés.
Lupa a un rêve, d’une puissance extraordinaire, et nous fait confiance pour le réaliser à partir de qui nous sommes, de la façon dont nous allons nous l’approprier et le faire vivre.
Notre imaginaire s’ouvre et il nous incombe de le maintenir en mouvement, pour que jamais il ne se fige – c’est en cela que ce travail est physique, au sens de sensible, organique, et très concret.
MÉLODIE RICHARD (HELEN)
Le travail avec Krystian Lupa agit comme une drogue, clairement. Une drogue qu’il nous apprend à fabriquer nous-mêmes. Si on a déjà en soi un désir d’intensité, une propension à l’amour fou, travailler avec lui est un cadeau, parce qu’il nous donne la possibilité d’être en permanence dans cet état d’amour fou, pas pour lui – il garde une grande distance avec nous – mais pour le mystère dans lequel il nous plonge.
Il nous fait goûter à cette drogue, nous emporte dans son tourbillon, mais c'est une initiation pour nous permettre d’être autonomes, et d’ouvrir notre propre laboratoire clandestin.
MONICA BUDDE (LUCY LANDAU)
Je pourrais répondre que  je ne sais pas comment ça agit, ce qui serait une réponse juste. Mais ça agit évidemment. Incroyablement. Comme si Krystian Lupa nous demandait de faire pousser un arbre, très grand, en creusant d’abord un trou, très profond – Krystian n’a pas peur des abîmes – et on crée des racines aussi étendues que l’arbre est haut. Le tronc surgit, des branches apparaissent, et le rêve serait que le spectateur puisse percevoir le frémissement du vent dans les feuilles.
Georges Büchner, dans Woyzeck, dit : « chaque être humain est un abîme, on a le vertige quand on le regarde ». Krystian regarde dans cet abîme. Et c’est très joyeux. En physique quantique, on sait que le regard qu’on porte sur la chose non seulement l’influence mais possiblement la crée. D’une certaine manière, Krystian Lupa fait cela, exactement – du théâtre quantique.
LAURENCE ROCHAIX (TANTE FINI)
Je me sens remplie d’une nourriture qu’il me faut digérer et qui me fait grandir. On avance sur des sables mouvants, comme sur le fil du rasoir, sans bien savoir où l’on va, en faisant confiance au processus, en essayant de rester en équilibre sur cette crête et ne pas tomber du mauvais côté.
J’y pense tout le temps, au réveil, dans la journée, je vis avec ce projet, je m’abandonne à cet univers, avec beaucoup d’humilité et de plaisir.
PIERRE-FRANÇOIS GAREL (AMBROS JEUNE)
Krystian Lupa nous invite à faire comme lui : déverser notre inconscient de notre tête, notre cœur, notre corps, pour l’offrir à son oreille à lui et à celle de nos partenaires au plateau.
Il active en lui un état animal d’où surgissent des intuitions créatives, et nous contamine, nous fait accéder à un état où tout ce qui nous entoure, partout, tout le temps, ouvre notre imaginaire. Comme si nous n’avions plus qu’à nous baisser, à cueillir ce que nous sentons et le faire vibrionner.
Alors, d’un seul coup, on s’offre, comme les enfants qu’on a été, avec la possibilité de rêver follement.
JACQUES MICHEL (AMBROS VIEUX ET KASIMIR)
C’est une expérience unique, jamais je n’ai travaillé de cette façon, jamais je n’ai été à quinze jours d’une première en ne sachant pas vraiment ce qui va se passer au plateau.
Une expérience d’autant plus unique que Lupa ne parle ni français, ni anglais – bien qu’il en comprenne plus que ce qu’il laisse entendre. II a lu Sebald en polonais alors que nous l’avons lu en français – deux traductions différentes depuis l’allemand, langue originale du texte. Il écrit les scènes du spectacle en polonais, qui sont ensuite traduites en français. Il y a là comme une mise en abyme.
Je n’ai donc pas mes repères habituels – ceux du texte et de la langue – mais des clefs formidables pour construire le « paysage intérieur » que Lupa cherche. Il m’a parlé d’Ambros comme d’une figure de la souffrance, un personnage qui porte le stigmate profond de l’homosexualité, un homme au soir de la vie qui sait qu’il n’a plus le temps, qu’il ne pourra pas réparer et que les blessures demeurent.
Ces pensées produisent un écho en moi. Elles font remonter les pleurs, les chagrins, les peines, les morts, les insatisfactions – tout ce qui sommeille en chacun de nous. Et ça me bouleverse.
PHILIPPE VUILLEUMIER (LE DR ABRAMSKY)
J’ai le sentiment que tout ce que j’entends agit au niveau de mes cellules, comme si elles étaient pleines d’atmosphères, de sensations, de situations. A chaque instant, les détails qui m’entourent créent des échos en moi, dans un état de pleine conscience, comme en suspens.
Je n’ai répété qu’une seule fois sur le plateau pour l’instant, mais je me sens en confiance, comme porté par tout ce que j’ai entendu, au point que si on me disait maintenant, Philippe, ce soir on joue, je n’aurais pas peur.
Lupa me met en contact avec les ruines qui se trouvent sur scène. Ce sont ces ruines qui parlent à travers moi, ce n’est pas moi qui parle devant les ruines. Je suis le porte-parole, le porte-paysage de ces ruines. Une sorte de medium
C’est une expérience magnifique.
AURÉLIEN GSCHWIND (COSMO)
Krystian Lupa nous livre son propre monologue intérieur et parle la langue des personnages. Il nous transmet son désir, qui commence à s’incarner lorsque notre propre vie vient se déposer sur son imaginaire à lui
A l’inverse du processus habituel, dans lequel on travaille les scènes encore et encore, Lupa repousse le moment du plateau comme pour le préserver et le rendre encore plus précieux et magique. Cela crée une tension, à la fois une frustration et une énergie, un désir qui n’est jamais désamorcé par le fait de refaire, et qui reste très vivant.
J’ai l’impression que la liberté va naître de ce « grand maintenant », comme il dit, qu’est la représentation. Comme si nous étions en train de préparer une improvisation magistrale qui aura lieu le soir de la première.
PHOTO Natan Berkowicz

Chères toutes et chers tous,
Je vous informe que le livre Imagine de Krystian Lupa que j’ai dirigé et traduit sort aujourd’hui de chez l’imprimeur !
À partir des paroles de la célèbre chanson de John Lennon qui fut, pour la génération hippie, comme un nouvel évangile porteur de la promesse d’un monde différent — soit une humanité sans guerres ni frontières, sans haine, sans religion — Krystian Lupa et ses acteurs donnent à penser quant à la viabilité de l’utopie, sur une planète où la spiritualité a été commercialisée ou dévoyée en politiques identitaires, où les valeurs humanistes, les droits de l’homme, l’égalité et la liberté individuelle sont sans cesse bafoués, et où l’omniprésence de la destruction semble s’être substituée à l’idée même d’un développement positif de l’être humain.
Imagine nous convie à un surprenant voyage intime au sein du labyrinthe intérieur de l’être humain, et interroge, en nous, les aspirations utopiques à un monde plus libre, à une humanité meilleure.

Agnieszka Zgieb

vient de paraître, en souscription
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Quelques extraits des réactions de l'équipe technique de La Comédie de Genève

La RTS a eu connaissance d'un document de neuf pages rédigé par l'équipe technique de La Comédie qui revient sur les faits concernant la création du spectacle "Les Emigrants" de Krystian Lupa et dont le déroulement s’étale de mars à mai 2023.

En voici quelques extraits:

"M. Lupa demande un micro pour s’exprimer, afin d’appareiller sa voix très puissante, compréhensible en tout point de la salle, dans laquelle il règne un silence absolu lorsqu’il parle. Sa voix rempli l’espace à un niveau très fort pendant toute la durée de la répétition, et il nous est refusé d’en baisser le niveau. M. Lupa s’exprimant en polonais, un deuxième micro est fourni à la traductrice qui s’efforce de traduire le discours extrêmement prolixe et ininterrompu du metteur en scène, qui la plupart du temps ne prend pas la peine de laisser l’espace nécessaire à la traduction et qui parle par-dessus celle-ci. Il nous devient très difficile de comprendre le discours qui s’énonce au plateau et il est toujours très fatigant à écouter et à transformer en actions claires.

De plus, la traductrice ne possédant pas du tout le langage technique, les maigres informations captées s’avèrent souvent imprécises ou totalement confuses pour tous les corps de métier. Il règne donc une ambiance sonore écrasante où seule la voix de M. Lupa est autorisée. Lors de nos rares interventions, M. Lupa nous coupe la parole et impose toujours le même niveau sonore."

"Les 8 heures de répétitions quotidiennes sont donc, jusqu’à quelques jours de la première (...), constituées de 5 à 7,5 heures de monologue de M. Lupa, entrecoupées de 5 à 20 minutes consécutives maximum de jeu des comédiens."

"A la seconde où le résultat visuel ou sonore diverge de sa vision, M. Lupa interrompt la répétition par des cris de colère et d’indignation, et repart dans une diatribe qui laisse les régisseuses-eurs sidérés et tétanisés."

"M. Lupa n’a jamais assumé sa part de responsabilité dans l’impasse dans laquelle se trouvait la création. Nous subissions son courroux et son dénigrement et régulièrement, il commençait la journée de travail nous menaçant que s’il y avait des erreurs, il annulerait la première, voire le spectacle, puisqu’il était selon lui impossible de travailler ainsi!"

"Que M. Lupa ait une manière totalement à lui de diriger ses comédiennes-iens, c’est son droit le plus strict. Mais nous ne sommes pas des comédiens, nos outils ne sont pas nos corps, nos voix."

"Toutes les créations de M. Lupa mettent les équipes techniques sous une pression énorme. Pour encaisser cette pression, les directions des théâtres ont eu recours à un turn-over des équipes très important. Les régisseurs étaient régulièrement remplacés une fois épuisés, déprimés, voire hospitalisés. Des équipes ont été entièrement remplacées suite à leur refus de continuer, y compris en Pologne.

C’est plutôt la position des directions de théâtre qui a permis, à un prix humain exorbitant, de faire aboutir ces créations. Ces éléments nous ont été relatés par la collaboratrice même et traductrice de longue date de M. Lupa, mais aussi par ses collaborateurs artistiques."

"Nous avons reçu de nombreux témoignages venant de Pologne où 'il est un abuseur connu bien que personne n’ait eu le courage de s’opposer à lui… Mais la communauté du théâtre est au début d’un processus de contre-attaque'..."

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

Eva Doumbia se coltine à cette affaire, avec une grande honnêteté

(pour moi, JCG, toute réaction renvoie celui qui réagit, qui juge, à lui-même; croyant parler de l'autre, il parle de lui-même; prendre conscience de l'effet-miroir peut contribuer à passer du combat contre ceci ou cela, qu'on croit juste, nécessaire, en acceptation de tout ce qui existe, sans tri, sans jugement)

"J’ai lu ce matin le témoignage des techniciens de la Comédie de Genève concernant la création de Krystian Lupa et ça m’a touchée et déplacée, et surtout attristée. Comme quand on assiste à un conflit entre deux personnes que l’on estime et dont on pensait qu’elles allaient s’entendre. Malgré l’affection et l’admiration que j’éprouve pour ce metteur en scène, je reconnais que les faits qui sont décrits ne sont pas défendables.
En lisant et parce que je connais Lupa et Piotr je pense à ces calques que l’on pose sur des dessins et qui ne correspondent pas.
Cette affaire provoque disputes passionnées parce qu’elle met le doigt sur les relations de pouvoir qu’il faut dénoncer et supprimer au théâtre.
Mais aussi, elle pose la question des affects dans nos métiers. Et c’est très important.
J’ai lu ici et là que si les acteur.ices et la traductrice défendaient Krystian et voulaient aller jusqu’au bout du processus créatif c’est qu’ils et elles étaient sous emprise.
Elle, Agnieska serait comme atteinte du syndrome de Stockholm. Je ne le crois pas.
Au printemps 2003, je suis allée avec d’autres metteurs/ses en scène en formation à Cracovie au Stary Theatr, et j’ai été éblouie. Je reste impressionnée (au sens propre) par ces moments de recherche. Je ne vais pas raconter ici parce que tout a été écrit sur l’univers et la méthode de Lupa. À ce moment-là, et je crois que c’est important, les plus pragmatiques d’entre nous disaient que c’était inapplicable en France car personne chez nous n’avait 8 mois pour faire une création. La démarche créative de Lupa nécessite de sortir du temps compartimenté.  J’avais lu quelque part, (je crois chez Thibaudat d’ailleurs), un texte qui parlait de ce que ses spectacles étaient des expérience d’étirement du temps. Peut-être ce n’est pas pour rien si cette histoire se passe au pays des horloges.
Le travail d’entrainement qu’il propose aux interprètes leur permet d’être toujours en improvisation, ouvert.es au moment. Cela a quelque chose du rituel et nécessite un guide. Comme dans les cérémonies.
Sans doute, peut-être, Krystian et Piotr ont été méprisants, et ils n’ont pas calculé le temps et la présence de ceux qui n’étaient pas acteur.ices. C'est une faute que de ne pas embarquer l'ensemble de l'équipe de création. Cela doit changer.
Moi, je n’ai pas souvenir d’avoir vu en 2003 un tyran maltraitant les techniciens et les interprètes, mais peut-être j’étais aveuglée. Ce dont je me souviens, c’est d’avoir été embarquée dans un monde poétique, infiniment littéraire, d’une grande spiritualité et surtout qui posait chaque jour la question qui pour moi est la plus essentielle au théâtre : qu’est ce que c’est qu’être humain ? Cette idée du corps rêvant, du fou intérieur. Quelque chose de la transe qui m’était familier.
Il y avait déjà des gens, acteur.ices, certains de ses élèves polonais qui étaient réfractaires et le disaient manipulateur. (D’ailleurs, il l’a évoqué dans Le Monde ou Libé et dit que mortifié, il en a pris acte.)
Moi j’ai aimé vivre ce moment.
C’était il y a 20 ans, je n’étais pas « gourou-isable ». Je ne l’ai jamais été. Même si je parle de rituel. C’était il y a 20 ans. On pourrait se dire que sans doute il a changé, qu’il est devenu cette mauvaise personne. Je ne le crois pas. Je veux dire que ce qui est décrit par les techniciens était sans doute là, si les circonstances le faisait émerger. Car je crois que tout est question de circonstances.
D’alchimie.
Parmi les descriptions d’une ambiance merdique, de faits de violence verbale, de tensions permanentes, je sens dans le  témoignage de Benjamin Vick, l’ingénieur son qui a écrit, que dès le départ il y a eu rejet de la méthode de création. L’auteur du post parle de monologues incessants qui durent des mois.
Evidemment, si on ne sait pas à quoi ça correspond, on a tous les éléments qui constituent le pire du patriarcat. Un homme d’un certain âge qui monopolise l’espace verbal et physique.
Tout ce que personnellement je ne supporte pas. Contre lequel je me bats.
Là, je sais, parce que j'en ai été témoin, et l'ai vécu qu'il s'agit d'autre chose. De ce guide dont je parle plus haut. C'est pour cette raison que j'ai écrit que le dogmatisme était une très mauvaise chose. Lupa a sans doute perdu pied, mais n'est pas un patriarche tyrannique.
Les technicien.ne.s  parlent aussi d’alcool et de cris.
C'est très important.
Car là, vient la question des affects. Cette question des affects dont on parle si peu, qui est si présente pourtant.
Le costumier ivre dont parle le texte des technicien.nes, c’est Piotr, le compagnon de Lupa. C'est un des plus grands acteurs que j'ai jamais vu; C'est aussi une personne attachante. Mais je crois qu'il souffre d'addictions et est bipolaire.
Je crois qu’on connait tous et toutes des artistes, des hommes et des femmes, dans tous les mondes professionnels d’ailleurs qui ne gèrent pas les croisements entre vie affective et travail.
Ça m’est arrivé. Plusieurs fois. Je travaille avec mon conjoint, je dirige mon fils dans Le iench. Je collabore avec mes meilleurs ami.e.s. J’ai travaillé longtemps avec mon frère, dont je porte le deuil depuis 4 ans. Il était bipolaire, alcoolique et toxicomane. Et c’était une belle personne, un artiste doué.  Et oui, il lui est arrivé plusieurs fois de venir ivre et défoncé en répétition et oui, ça me tiraillait. Et oui je l’ai souvent protégé. Et je me suis fâchée longtemps avec lui. Puis réconciliée. C’était difficile parce que je l’aimais, essayais de le, de nous sauver. Et ce qui n’était pas acceptable c’était que les collaborateurs/trices assistaient à cela, et souvent n’osaient pas le dire, parce que c’était mon frère. Celui de la metteuse en scène.
Parfois mon compagnon, qui compose les musiques de mes spectacles et moi nous disputons sur des questions artistiques devant le reste de l'équipe, qui assiste à quelque chose d'obscène, parce que le ton dénote une intimité qui ne leur appartient pas. J’en suis désolée, mais je ne regrette rien. C'est aussi la vie. Les erreurs, les éléments auxquels on est soumis, les choix qu'on n'arrive pas à faire.
Mais j’ai aussi été soumise dans le travail à des affects envers des personnes qui m’étaient beaucoup moins proches, parfois j’en ai été dévastée.
On a tous et toutes été, ou on le sera tous et toutes un jour, en contradiction avec nos idéaux parce qu'on aime telle ou telle personne qui se comporte de telle ou telle manière.
Ce que j’écris n’excuse pas les insultes, ni la violences, ni aucun débordement.
D’ailleurs moi, je ne pratique pas la violence dans le travail. Ni nulle part.
Mais je me dis que s’identifier à ceux que l’on dénonce est une manière de lutter contre tout ça, les dominations, la violence.
Tenter de comprendre comment un homme, mon père biologique en est arrivé à me frapper alors que j'étais un bébé m'a permis de survivre à la folie, d'écrire, de créer. Comprendre comment ça marche, en soi, chez soi, le partager pour avancer.
Je suis convaincue que Lupa va apprendre. On peut changer en bien même quand on est très vieux.
Et je finirai ce long post (trop long/moi-même je l’aurais jamais lu jusqu’au bout), je finirai donc avec une conviction sur l’âgisme.
J’ai pas attendu d’être un peu vieille moi-même pour penser qu’il faut respecter les ancien.ne.s. J’apprends à chaque visite de Maryse Condé, et j’ai appris de Lupa, de Marie Claire Doumbia aussi (elle n’est pas aussi vieille). Je prends conseil auprès d’Alain Fourneau des Bernardines quand j'ai un problème de théâtre ou de mes amies plus âgées que moi lorsque j'ai des problèmes dans mon couple.
Ce sont des femmes plus âgées qui m'ont appris à allaiter; et d'autres encore auprès de qui je me confie lorsque je suis angoissée pour la scolarité de mon enfant. J’étais en conflit avec mon père (l'autre, le deuxième) mais il savait répondre à mes interrogations existentielles (croire ou pas en Dieu). La sagesse de mon vieil oncle Sériba me manque à Abidjan, mais j’ai encore celle de Tonton Ladji au Mali. Les livres qui m'accompagnent sont écrits par des personnes nées au début du siècle dernier ou même au 19ème.
J'essaie de transmettre ce que je sais aux élèves que je suis
Nous ne sommes pas des poulpes et c’est tant mieux.
Edward Bond, un autre vieux que j’admire a écrit dans « Olly’s Prison » :  « Nous apprenons en vieillissant »." Eva Doumbia

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

le rêve yeux ouverts de l'âne Diego = la voie

Et parce que l'art, comme l'histoire, n'ont pas le monopole des voies et voix autres, trois liens mettant en avant les voies et voix d'intranquillité de

- Christiane Singer

- Christian Bobin

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le phallus ? et le néant ?

17 Mars 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #Michel Pouquet, #assaisonneur, #films, #écriture- lecture, #note de lecture, #développement personnel, #cahiers de l'égaré, #agora, #agoras, #Paul Mathis, #FINS DE PARTIES

le phallus ? et le néant ?

voilà un article comportant 35 liens

il y aura très peu de lecteurs ouvrant les liens

mais au moins je pose la tentation

les liens en lien avec mes blogs sont sous le signe de Freud et Lacan (ce fut une partie de ma formation universitaire) que tente de déconstruire Sophie Robert

aujourd'hui, je suis sorti de cette matrice ou de ce paradigme

je pense qu'il faut plus recevoir que voir

voir en voyant la lumière qui éclaire par derrière ou sur le côté ou par en dessous...

place au miracle et au mystère de la naissance, de la vie, de la mort, des origines, des chemins, des fins

de la faim sans fin par tous les moyens

à la fin sans faim

mise entre parenthèses des prétendus savoirs

les mondes de chacun, de chaque espèce nous sont opaques et inaccessibles; et sans doute notre propre monde (conscience et inconscient, individuel, transgénérationnel, collectif)

JCG

je ne sais plus comment je suis arrivé sur ce documentaire de Sophie Robert, dont le titre est le phallus et le néant (2 H)
----------------------------------
je l'ai visionné,
puis j'ai cherché Sophie Robert (FB, Wikipédia, articles de journaux, polémique et procès contre son autre documentaire Le mur (sur l'autisme), un temps interdit puis autorisé à nouveau)
----------------------
je pense que les pratiques et discours théoriques sont à interroger, à soumettre au débat comme tout ce qui relève des savoirs-pouvoirs
(et ce n'est pas facile d'amener gens de savoir-pouvoir à faire preuve d'humilité, de distance par rapport à leurs pratiques;
il y faut conflit, provocation, scandale et peut-être alors débat ou justice)
on va voir ce qui va se produire dans les années à venir à propos des vaccins anti-covid à ARN messager qu'on nous a imposés
--------------------------
le travail de Sophie Robert me semble salutaire pour un devoir et un droit d'inventaire des effets de la psychanalyse;
il serait bien que d'autres se mettent au travail pour comparer;
existe déjà Le livre noir de la psychanalyse (auquel a répondu L'anti-livre noir de la psychanalyse)
ou le travail d'Elizabeth Roudinesco
---------------------------
- pour avoir invité plusieurs fois aux Comoni, lors d'agoras, Paul Mathis, psychanalyste lacanien décédé, Michel Pouquet, psychiatre décédé,
- pour avoir rendus publics sur le blog des bric à bracs, leurs causeries attirant une salle pleine
- pour avoir édité Les petits riens dans la clinique analytique de Jean-Paul Charancon, jeune psychanalyste décédé
pour avoir accompagné Annie dans son analyse dite didactique de 15 ans au moins, dans son parcours de psychologue clinicienne puis de psychanalyste
- pour avoir entrepris une analyse de six mois avec une analyste Carmen M.
sans parler de ma fréquentation de Lacan à Guyancourt vers 1964, à mon retour d'Algérie, écoeuré
 
- pour avoir bien étudié Freud et Lacan dès 1964
- pour avoir été interpellé par les scissions dans les mouvements analytiques (comme dans les mouvements politiques se prétendant émancipateurs), me semblant indiquer des tendances sectaires (en lien avec la toute puissance de ceux qui se prétendent détenteurs de la Vérité)
- pour m'interroger depuis de longues années sur mes rapports et relations à certaines femmes, cheminement qui me semble "tordu", idéalisé, style amour courtois (à réinventer si je ne fais pas un usage fantasmé de Lacan), à installer dans la durée du toujours, pour toujours
- ça a donné Your last video (porn theater), texte non paginé, non indiqué dans le sommaire de Et ton livre d'éternité, paru le 14 février 2022
 
- pour avoir fait écrire un livre pluriel Elle s'appelait Agnès (paru après les deux procès en février 2016) sur le viol et meurtre d'Agnès (13 ans) par Matthieu (17 ans, psychopathe qui entend des voix) à Chambon-sur-Lignon en novembre 2011
- pour avoir édité Battements d'ailes (Clichés Féminins/Masculins aujourd'hui) d'Elsa Solal et Dominique Loiseau, préfacé par Michelle Perrot en 2015
- pour avoir consacré le chapitre XII Livre III du livre d'éternité à metoo, l'affaire Weinstein, balance ton porc ainsi qu'au livre Le consentement de Vanessa Springora sous emprise de Gabriel Matzneff
- et pour avoir mis en ligne un docu très bien réalisé sur l'affaire Olivier Duhamel

------------------------------------

documentaire (bien réalisé) dont pas mal de choses me semblent audibles à l'opposé de beaucoup de réactions hostiles des commentaires comme du sous-titre du documentaire
(à la découverte du vrai visage de la psychanalyse);
 
à chacun de se demander ce qu'il va mettre en question,
ce qu'il va garder
faut-il jeter le bébé avec l'eau du bain ?
-----------------------------
dès qu'il y a le mot vrai, méfie-toi
il y a de la guerre dans l'air
et même si selon Héraclite, la guerre est...
-------------------------------
voici le commentaire que j'ai posté sur you tube :
le devoir et le droit légitimes d'inventaire des effets "pervers-père-vers" sur les individus et la société des théories et pratiques analytiques freudienne et lacanienne se transforment en réquisitoire hostile, sans contrepartie vraiment scientifique ; dans la mesure où on est au niveau de "sciences" dites humaines et animales, et même si on allait jusqu'au niveau biologique, génétique, il me semble impossible de dire le vrai visage de la psychanalyse;
le prétendre comme dit le sous-titre est du même registre performatif que le registre analytique :
dire c'est faire;
si je dis que c'est vrai, c'est vrai;
documentaire bien réalisé mais pour moi, peu convaincant;
ou pour le dire autrement, documentaire dans l'air du temps
c'est-à-dire à la mode avant d'être démodé car l'air du temps c'est l'air à la mode
donc la réalisatrice situe son documentaire dans un contexte de combats multiples, du genre déconstructions
(tout est en déconstruction en ce moment
comme d'ailleurs psychanalyse et structuralisme déconstruisaient le sujet sartrien et sa liberté)
allant jusqu'à la destruction;
évidemment les TCC sont préférés au divan
la réalisatrice sait qu'elle est une femme, sait ce qu'est une femme, un sexe de femme, une sexualité féminine, elle n'est pas un néant, un trou et que sais-je;
elle substitue aux "concepts" scandaleux de la psychanalyse d'autres versions qui lui semblent acceptables et surtout vraies
donc à prendre avec beaucoup de prudence, au 3° degré
---------------------------
cela n'enlève rien à la nécessaire clarification (impossible, dois-je préciser) des notions de désir, de fantasme, d'inceste, de viol, de masculin, de féminin
mais je crois plus au travail sur soi (prendre soin de soi-Soi) qu'au travail monnayé sur un divan
et plus à l'hypnose style Roustang qu'à la psychanalyse ou aux TCC
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la 1° partie du film Un ange à ma table, de Jane Campion, To the Island, montre on ne peut plus clairement l'intérêt vif des fillettes pour le phallique
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en lien avec le film Un ange à ma table de Jane Campion qui évoque les 8 ans d'hôpital psychiatrique et les 200 électrochocs subis par la poétesse Janet Frame, une amie Voragine Fosproy m'a donné le lien d'une série de 4 docus sur l'hystérie, une parole confisquée
 
le phallus ? et le néant ?
le phallus ? et le néant ?
le phallus ? et le néant ?
le phallus ? et le néant ?
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Rencontre avec Joe Black

6 Février 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #FINS DE PARTIES, #J.C.G., #écriture- lecture, #films, #développement personnel, #pour toujours

la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun
la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun

la mort comme révélatrice de la vérité profonde de chacun

Rencontre avec Joe Black

 

3 h à la rencontre de la Mort incarnée en Joe Black

j'avais déjà vu ce film qui m'avait impressionné, il y a deux trois ans; j'avais fait focus sur l'amour entre Susan Parrish et Joe Black

vers 18 H ce 24 décembre 2022, une plage de temps s'est présentée; nous avons donc été 3 à le regarder en home-cinéma (video-projection sur drap blanc) pendant que des cookies au chocolat se préparaient en cuisine, les pâtissiers regardant le film à l'envers comme cela se passe dit-on au moment du passage, nous reverrions à toute vitesse notre film de vie à l'envers

spectateur, j'accepte le film sans esprit critique, vivre cette proposition telle qu'elle est offerte; je ne me laisse pas envahir par clichés, préjugés, genre c'est un film américain avec tous les codes-stéréotypes du genre film romantique-fantastique, musique trop appuyée, scènes convenues, téléphonées, longueurs et dialogues en sourdine sauf rares explosions, valeurs bourgeoises véhiculées...

ce qui m'a retenu dans cette projection, c'est le comportement de la Mort, pas seulement avec Susan mais d'abord avec elle-même qui ne sait rien de la Vie et de l'Amour;

selon Epicure quand la vie est là, la mort n'est pas là; quand la mort est là, la vie n'est plus là; il n'y a donc pas à craindre la mort dont on ne saura jamais rien;

inversement (c'est moi qui produit cet énoncé), la mort ne sait rien de la vie

et c'est cette plongée dans sa découverte de la vie que j'ai trouvé stimulante;

Joe Black goûte, il découvre avec la bouche, comme le nouveau-né, le goût du beurre de cacahuètes, le goût du thé avec un nuage de lait, le goût d'un sandwich à la viande, le goût des lèvres de Susan, c'est un gourmand du stade oral (le contraire du stade anal où l'enfant veut garder pour lui ses déjections, son pipi-caca), un découvreur qui s'émerveille du bon goût de toutes choses goûtées; cette aptitude déconcerte certains puisqu'il semble absent des enjeux de la vie de la famille Parrish; en réalité, chacun se révèle à lui-même au contact de Joe Black (c'est un peu la même chose avec l'ange de Théorême de Pasolini) comme lui se révèle au contact des vivants, il sympathise avec le mari d'Allison, il démolit la taupe qui veut détruire l'empire de Bill Parrish, il renonce à la mort de Susan et lui permet de vivre son amour avec le jeune homme rencontré au café (scène fondatrice méritant bien des développements);

il permet à Bill Parrish de mettre de l'ordre avant de passer et ainsi d'accepter le passage le soir de son anniversaire (65 ans); Bill et Joe tissent entre eux une relation de complicité parfois conflictuelle où la peur n'a plus sa place, Bill sait dire non, se rebiffer, Joe use, abuse un peu de son pouvoir;

ce qui ressort dixit Joe Black, c'est qu'une opinion peut toujours être argumentée de deux façons contraires, que la liberté existe, qu'on a le choix

mais l'essentiel est dit par Bill, une vie sans amour ne vaut pas la peine d'être vécue;

ça la Mort ne peut le dire, elle l'apprend de Bill et de Susan

ce film fut un gros échec au box-office; le directeur des studios Universal Pictures fut licencié

passez un bon Noël, en compagnie du divin enfant, quelles que soient vos croyances et incroyances

 

 

complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic
complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic

complicité parfois conflictuelle entre Joe Black et Bill Parrish / la mort découvre la vie comme le nourrisson, par la bouche, stade oral ou buccal / Là où le psychanalyste tend son oreille, l’hypnotiseur tend sa bouche à la recherche d’une autre bouche qui enfin sort de la plainte.Nous sommes dans le bouche-à-bouche, donc dans la respiration, et non dans un bouche-à-oreille. Nous sommes dans la mélopée amniotique où le sujet reprend des forces, une autre vitalité, une autre disposition. Celui qui revient n’est plus le même. Un ordre s’est reconstruit bien avant la verbalité. Celui qui revient, plus fort, ne sera plus soumis. Thierry Zalic

pour apprivoiser la présence permanente de Joe Black comme préconisait Michel Eyquem et se préparer à l'effacement
qui commence peut-être avec le choix du silence, en lien avec la conviction que nous ne savons rien; opter résolument pour l'incompétence, l'inexpérience, l'ignorance, l'innocence
faire comme le nourrisson, bouche bée
faire comme Joe Black, goûter le monde et les gens avec la bouche
Chaque mot est comme une souillure inutile du silence et du néant, écrit ou dit Beckett
en ce qui me concerne, le seul mot qui ne me semble pas approprié dans cette citation, aujourd'hui, au point où j'en suis de mes mises au point, est le mot néant
l'effacement, la mort (mystère) ne me semble pas
être chute dans le néant, néantisation
mais être dissolution de ce que que je crois être, corps vivant, personne identifiée-identifiable,
dissolution dans la mousse quantique
ou retour dans la mousse quantique des interconnexions d'où je suis sorti (miracle et mystère de la naissance),
virtuel devenu pour un temps réel (un éclair dans la nuit éternelle, dit Michel Eyquem), redevenant virtuel...
à creuser, reformuler;
je lis ici ou là des exhortations à se connecter avec l'univers... mais on est nécessairement connecté, qu'on en est ou pas conscience et le vouloir en conscience ne me semble pas apporter grand chose si ce n'est une satisfaction narcissique;
à poursuivre
Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie
Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie

Bill disant à sa fille Susan qu'une vie sans Amour c'est être passé à côté de la vie

Une nuit le magnat William Parrish ressent une violente douleur tandis qu'une voix surgissant des tenebres lui annonce sa mort prochaine. A ce moment-là, un jeune inconnu se présente à son domicile pour l'accompagner à son dernier voyage. Ce messager de l'au-delà impose à Parrish de l'heberger chez lui afin de lui donner l'occasion de partager un temps les experiences, les joies, les émotions et les drames des vivants, qui semblent lui être etrangers. En l'espace de trois jours, Joe Black révèlera toute la famille Parrish à elle-même.
 
 
- Je sais que ce n'est pas très original... L'amour est passion, obsession... Sa présence est vitale. Je veux dire tombe à la renverse, trouve quelqu'un que tu aimeras à la folie et qui t'aimera de la même manière. Trouver cet homme ? Et bien, laisse de côté ta tête et sois à l'écoute de ton cœur. S'il bat en tout cas je n'entends rien. La vérité ma chérie c'est que sans amour, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. Être passé sur cette Terre sans connaître l'amour, le vrai, eh bien, c'est être passé à côté de la vie. Il faut essayer de le trouver, parce que si tu n'as pas essayé, tu n'as pas vécu.
- Bravo.
- Tu es cruelle.
- Excuse-moi. Redis le moi encore mais en version courte cette fois.
- D'accord... Sois prête. Qui sait ? Ça existe les coups de foudre.

 

Joe Black (Brad Pitt) : 7

Après avoir joué au chat et à la souris avec Bill Parrish en lui parlant sans se montrer ("Ouiii…"), Joe Black se présente enfin et annonce la raison et le but de sa visite : "Depuis peu, vous petites affaires ont piqué mon intérêt. Appelle ça de l'ennui, de la curiosité de ma part. […] Fais-moi visiter. Sois mon guide. […] L'important, c'est que je ne m'ennuie pas."

Joe veut satisfaire ses désirs et ne supporte pas les frustrations. Il a "besoin d'un corps", il le prend. Il manifeste plusieurs fois à William Parrish qu'il est en position dominante ("Cela n'est pas sujet à discussion. Rien ne l'est."), mais contrairement à lui, il exprime cela calmement, sans colère, en énonçant un fait plutôt qu'en se livrant à une épreuve de force. Joe est optimiste : "Dans la vie, il y a toujours des solutions."

Dans le monde des humains, Joe découvre avec ravissement dès le premier soir le moyen d'exercer au sens propre la passion de son type, la gloutonnerie :

 

Joe :

C'est quoi ça ?

 

Maître d'hôtel :

Ça, vous voulez dire ?

 

Joe :

Oui.

 

Maître d'hôtel :

Du beurre de cacahuète, Monsieur.

 

Joe :

Et vous aimez ça ?

 

Maître d'hôtel :

Et bien, si vous sollicitez mon opinion, je dirais que c'est à mi-chemin entre la damnation et le paradis. Euh… Vous voulez goûter, Monsieur ?

 

Joe :

Oui. [Il sourit. C'est la première fois depuis qu'il est sur terre.]

 

Maître d'hôtel :

Tout de suite.

 

 

[…]

 

Maître d'hôtel :

Vous voilà dépendant du beurre de cacahuètes, Monsieur.

 

Joe :

Oui. Je crois bien que oui. Je suis content de connaître le beurre de cacahuètes.

Le plaisir apporté par le beurre de cacahuètes devient la référence absolue. Quelques instants plus tard, il ne lâche même pas la cuillère pour tendre une serviette à Susan qui sort de la piscine. Il en réclame au repas. Il cherchera à en obtenir à nouveau lors de la réception finale, seule consolation possible à la perte de Susan. Celle-ci d'ailleurs doit affronter la concurrence :

 

Susan :

Tu as aimé faire l'amour avec moi ?

 

Joe :

Oui.

 

Susan :

Plus que le beurre de cacahuètes ?

 

Joe :

Oui. Beaucoup plus.

Bien entendu, il n'en néglige pas pour autant les autres plaisirs alimentaires. Le sandwich au gigot "est éblouissant". Quant aux réunions du Comité Directeur de Parrish Communication, leur intérêt réside dans les pâtisseries :

 

Joe :

Est-ce que je peux encore avoir de ces délicieux gâteaux ? Ceux à la confiture. Et une tasse de thé… avec un nuage de lait. J'essaye le style anglais. Ouais ! Un thé au lait je vous prie.

 

Drew :

Ce sera tout, monsieur Black. Un peu d'eau, peut-être ?

 

Joe :

Oui, avec joie.

Sa gloutonnerie se manifeste aussi dans ses autres plaisirs. Après que Susan l'ait embrassé pour la première fois, il lui dit : "Vos lèvres sur les miennes, et votre langue… Ça avait un goût vraiment merveilleux."

Bien entendu, du 7 Joe Black a aussi la peur de la souffrance. Il va voir Susan à l'hôpital et elle est surprise de sa venue :

 

Susan :

Qu'est-ce que vous faites ici ? Vous êtes malade ?

 

Joe :

Oh ! Dieu merci non !

Là, il rencontre une vieille femme jamaïquaine et lui assure : "Je suis désolé. Je n'ai rien à voir avec la douleur." Le spectacle de cette souffrance lui est insupportable et il réalise brusquement que sa "présence [à l'hôpital] n'est pas appropriée" et s'enfuit littéralement. Parce qu'elle souffre, cette femme est le premier être humain pour lequel il ressent une véritable émotion : "C'est quelqu'un qui a très mal." Le soir au dîner, il demande de ses nouvelles : "Je suis très inquiet pour la femme qui est venue vous voir. La douleur s'est-elle calmée ?"

Plus tard, il retourne la voir à l'hôpital et lui amène des fleurs. La vieille femme essaye de le convaincre qu'il n'est "pas à sa place" sur terre. Amoureux et aimé de Susan, il ne veut rien entendre : pourquoi abandonner un plaisir ? La Jamaïquaine perçoit bien ce qu'il y a de puéril dans cette attitude : "C'est plein de gamineries dans ta tête."

Elle lui raconte alors une métaphore, le langage du 7, pour lui faire comprendre que son plaisir va bientôt se changer en souffrance : "C'est joli ce qui a pu t'arriver. Tu sais, c'est comme si tu étais dans les îles en vacances. Le soleil ne te brûle pas rouge-rouge, juste marron, tout doré. Il n'y a pas de moustiques. Mais la vérité, c'est que c'est fatal que ça arrive si tu veux rester trop longtemps. Alors garde les jolies images que t'as dans la tête et retourne chez toi. Mais il faut pas te faire avoir."

Joe change de visage. Il se rend immédiatement chez William Parrish et lui annonce qu'ils vont s'en aller : "J'ai le sentiment que tous comptes faits l'objectif visé par ce voyage est aujourd'hui pleinement atteint." Cette phrase est une rationalisation (le mécanisme de défense du 7) destinée à (se) masquer la raison véritable de son départ.

Plus généralement pour Joe Black, le langage est un outil permettant de justifier n'importe quelle idée : "Quoi que vous disiez, on peut soutenir une opinion de deux façons différentes", explique-t-il à Drew.

Joe pratique volontiers un humour à froid plutôt agressif :

 

Bill :

Vous pensez rester longtemps ?

 

Joe :

Nous pouvons espérer que ce sera le cas.

Ou après une colère de Bill : "Du calme, Bill. Tu vas faire une crise cardiaque au beau milieu de mes vacances."

Joe ne sait pas réellement ce qu'est une émotion. Même quand il aime Susan, il est étonnamment froid et distant, plus dans le plaisir que dans l'amour comme le perçoit bien William Parrish :

 

Bill :

Vous prenez ce que vous voulez par simple fantaisie. Ce n'est pas de l'amour.

 

Joe :

Qu'est-ce que c'est ?

 

Bill :

[…] Il manque les ingrédients importants.

 

Joe :

Et quels sont-ils ?

La fin du film montre un début d'intégration par le renoncement à Susan et en même temps son châtiment : lui qui a joué avec les sentiments des autres et avec leur vie va devoir apprendre à vivre seul… pour l'éternité.

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B bbb J / place aux joyeux

8 Janvier 2023 , Rédigé par grossel Publié dans #J.C.G., #album, #développement personnel, #pour toujours, #écriture- lecture

noeuds de Michel Dufresne offert à JCG, vues à 8 H 45 depuis mon poste de travail, le 8 janvier 2023
noeuds de Michel Dufresne offert à JCG, vues à 8 H 45 depuis mon poste de travail, le 8 janvier 2023
noeuds de Michel Dufresne offert à JCG, vues à 8 H 45 depuis mon poste de travail, le 8 janvier 2023

noeuds de Michel Dufresne offert à JCG, vues à 8 H 45 depuis mon poste de travail, le 8 janvier 2023

Sappho de Mytilène Σαπφώ / Sapphṓ VII° av.J.C.
Sappho de Mytilène Σαπφώ / Sapphṓ VII° av.J.C.

Sappho de Mytilène Σαπφώ / Sapphṓ VII° av.J.C.

Αρχαίο κείμενο της Σαπφούς (7ος π. Χ. αιώνας)
Δέδυκε μὲν ἀ Σελάννα καὶ Πληίαδες,
μέσαι δὲ νύκτες,
παρὰ δ’ ἔρχεται ὤρα,
ἔγω δὲ μόνα κατεύδω

Μετάφραση Άκου Δασκαλόπουλου (1937-1998)
Να το φεγγάρι έγειρε,
βασίλεψε και η Πούλια.
Είναι μεσάνυχτα.
Περνά, περνά η ώρα.
Κι εγώ κοιμάμαι μόνη μου.

Μετάφραση Αργύρη Εφταλιώτη (1849-1923)
Το φεγγαράκι εμίσεψε
μεσάνυχτα σημαίνει,
οι ώρες φεύγουν και περνούν
κι εγώ κοιμάμαι μόνη

 

Texte ancien de Sappho (7e siècle av. J. C.)
Se sont couchées donc la lune et les Pléiades
mais au milieu de la nuit
les heures passent
et moi je dors seule.

Traduction à partir du texte d'Akos Daskalopoulos (1937-1998)
Voici la lune s'est penchée
s'est couchée aussi la Poulia1.
Il est minuit.
Passent, passent les heures.
Et moi je dors seule.

Traduction à partir du texte d'Argyris Eftaliotis (1849-1923)
La petite lune a migré
il se fait minuit
les heures partent et passent
et moi je dors seule.

un entretien avec Vladimir Jankélévitch sur le bonheur a engendré un échange entre Annie Bergou Eric Borgniet et moi
Bonheur avec B majuscule
bonheurs minuscules, bbbbb au pluriel et éphémères 
pas plus d'1 seconde selon Vladimir Jankélévitch ou Sylvain Tesson
je pratique le B et les petits b à gogo
est-ce indécent ?
un autre mot est possible, Joie avec J
je me suis dit 
propose une galerie de gens H J
Siddhartha Gautama, VI° av. J.C.
Siddhartha Gautama, VI° av. J.C.

Siddhartha Gautama, VI° av. J.C.

Le Dhammapadda, chapitre 15

LE BONHEUR

 

197Ah ! vivons heureux, sans haïr ceux qui nous haïssent ! Au milieu des hommes qui nous haïssent, habitons sans les haïr !

198Ah ! vivons heureux, sans être malades, au milieu de ceux qui le sont ! Au milieu des malades, habitons sans l’être !

199Ah ! vivons heureux, sans avoir de désirs au milieu de ceux qui en ont ! Au milieu des hommes qui ont des désirs, habitons sans en avoir !

200Ah ! vivons heureux, nous qui ne possédons rien ! Nous serons semblables aux dieux Abhâsvaras[1], savourant comme eux le bonheur.

201La victoire engendre la haine, car le vaincu ressent de la douleur. Celui qui vit en paix est heureux, sans plus songer ni à la victoire ni à la défaite.

202Il n’est pas de feu comparable à la  passion, de désastre égal à la haine, de malheur tel que l’existence individuelle, de bonheur supérieur à la quiétude.

203La faim est la pire des maladies, les agrégations d’éléments, le plus grand des malheurs. Pour celui qui sait qu’il en est ainsi, le Nirvâna est le bonheur suprême.

204La santé est la meilleure des acquisitions ; le contentement, la meilleure des richesses ; la confiance, le meilleur des parents ; le Nirvâna, le bonheur suprême.

205Après avoir savouré le breuvage de l’isolement, et celui de la quiétude, on ne craint plus rien, on ne pèche plus, et l’on savoure celui de la loi.

206Pleine de charme est la visite aux Aryas, plein de charmes leur commerce. Débarrassé de la vue des sots, on serait à jamais heureux.

207Celui qui marche en compagnie d’un sot souffre tout le long de la route. La société d’un sot est aussi désagréable que celle d’un ennemi ; la société d’un sage, aussi agréable que celle d’un parent.

208Celui qui est un sage, un savant, ayant beaucoup appris, patient comme une bête de somme, et fidèle à ses vœux, un Arya, — ce mortel vertueux, doué d’une heureuse intelligence, suivez-le, comme la lune suit le chemin des étoiles. 

  1.  

Abhâsvara, lumineux, éclatant.

Jésus, à chacun d'imaginer son visage de Jésus qui est le visage de l'amour inconditionnel y compris de ses ennemis, ce qui n'est pas un sentiment naturel; avec Jésus on change de niveau / il y en a qui combattent pour un autre visage du Christ, moins blanc; va-t-on assister à un déferlement wokiste sur comment représenter Jésus ?
Jésus, à chacun d'imaginer son visage de Jésus qui est le visage de l'amour inconditionnel y compris de ses ennemis, ce qui n'est pas un sentiment naturel; avec Jésus on change de niveau / il y en a qui combattent pour un autre visage du Christ, moins blanc; va-t-on assister à un déferlement wokiste sur comment représenter Jésus ?

Jésus, à chacun d'imaginer son visage de Jésus qui est le visage de l'amour inconditionnel y compris de ses ennemis, ce qui n'est pas un sentiment naturel; avec Jésus on change de niveau / il y en a qui combattent pour un autre visage du Christ, moins blanc; va-t-on assister à un déferlement wokiste sur comment représenter Jésus ?

Les béatitudes

A la vue de ces foules, Jésus monta sur la montagne. Il s'assit et ses disciples s'approchèrent de lui. Puis il prit la parole pour les enseigner; il dit:

«Heureux ceux qui reconnaissent leur pauvreté spirituelle, car le royaume des cieux leur appartient! Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés! Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre! Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés! Heureux ceux qui font preuve de bonté, car on aura de la bonté pour eux! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! 10 Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux leur appartient! 11 Heureux serez-vous lorsqu'on vous insultera, qu'on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de moi. 12 Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, parce que votre récompense sera grande au ciel. En effet, c'est ainsi qu'on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés.

13 »Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on? Il ne sert plus qu'à être jeté dehors et piétiné par les hommes. 14 Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut pas être cachée, 15 et on n'allume pas non plus une lampe pour la mettre sous un seau, mais on la met sur son support et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. 16 Que, de la même manière, votre lumière brille devant les hommes afin qu'ils voient votre belle manière d’agir et qu’ainsi ils célèbrent la gloire de votre Père céleste.

Christ et la loi

17 »Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. 18 En effet, je vous le dis en vérité, tant que le ciel et la terre n’auront pas disparu, pas une seule lettre ni un seul trait de lettre ne disparaîtra de la loi avant que tout ne soit arrivé. 19 Celui donc qui violera l'un de ces plus petits commandements et qui enseignera aux hommes à faire de même sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux; mais celui qui les mettra en pratique et les enseignera aux autres, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. 20 En effet, je vous le dis, si votre justice ne dépasse pas celle des spécialistes de la loi et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux.

21 »Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens: ‘Tu ne commettras pas de meurtre[a]; celui qui commet un meurtre mérite de passer en jugement.’ 22 Mais moi je vous dis: Tout homme qui se met [sans raison] en colère contre son frère mérite de passer en jugement; celui qui traite son frère d’imbécile[b] mérite d'être puni par le tribunal, et celui qui le traite de fou mérite d'être puni par le feu de l'enfer. 23 Si donc tu présentes ton offrande vers l'autel et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, 24 laisse ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier avec ton frère, puis viens présenter ton offrande. 25 Mets-toi rapidement d'accord avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu'il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l'officier de justice et que tu ne sois mis en prison. 26 Je te le dis en vérité, tu n'en sortiras pas avant d'avoir remboursé jusqu'au dernier centime.

27 »Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras pas d'adultère.[c] 28 Mais moi je vous dis: Tout homme qui regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. 29 Si ton œil droit te pousse à mal agir, arrache-le et jette-le loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d'un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer. 30 Et si ta main droite te pousse à mal agir, coupe-la et jette-la loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d'un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer.

31 »Il a été dit: Que celui qui renvoie sa femme lui donne une lettre de divorce.[d] 32 Mais moi, je vous dis: Celui qui renvoie sa femme, sauf pour cause d'infidélité, l'expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme divorcée commet un adultère.

33 »Vous avez encore appris qu'il a été dit aux anciens: Tu ne violeras pas ton serment, mais tu accompliras ce que tu as promis au Seigneur.[e] 34 Mais moi je vous dis de ne pas jurer du tout, ni par le ciel, parce que c'est le trône de Dieu35 ni par la terre, parce que c'est son marchepied,[f] ni par Jérusalem, parce que c'est la ville du grand roi. 36 Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux pas rendre blanc ou noir un seul cheveu. 37 Que votre parole soit ‘oui’ pour oui, ‘non’ pour non; ce qu'on y ajoute vient du mal[g].

38 »Vous avez appris qu'il a été dit: Œil pour œil et dent pour dent.[h] 39 Mais moi je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l'autre. 40 Si quelqu'un veut te faire un procès et prendre ta chemise, laisse-lui encore ton manteau. 41 Si quelqu'un te force à faire un kilomètre, fais-en deux avec lui. 42 Donne à celui qui t’adresse une demande et ne te détourne pas de celui qui veut te faire un emprunt.

43 »Vous avez appris qu'il a été dit: ‘Tu aimeras ton prochain[i] et tu détesteras ton ennemi.’ 44 Mais moi je vous dis: Aimez vos ennemis, [bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous détestent] et priez pour ceux [qui vous maltraitent et] qui vous persécutent, 45 afin d'être les fils de votre Père céleste. En effet, il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. 46 Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous? Les collecteurs d’impôts n'agissent-ils pas de même? 47 Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les membres des autres peuples n'agissent-ils pas de même? 48 Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait.

Les pratiques religieuses

»Gardez-vous bien de faire des dons devant les hommes pour qu’ils vous regardent; sinon, vous n'aurez pas de récompense auprès de votre Père céleste. Donc, lorsque tu fais un don à quelqu'un, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme le font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues afin de recevoir la gloire qui vient des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. Mais toi, quand tu fais un don, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton don se fasse en secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra [lui-même ouvertement].

»Lorsque tu pries, ne sois pas comme les hypocrites: ils aiment prier debout dans les synagogues et aux coins des rues pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra [ouvertement].

»En priant, ne multipliez pas les paroles comme les membres des autres peuples: ils s'imaginent en effet qu'à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.

»Voici donc comment vous devez prier: ‘Notre Père céleste! Que la sainteté de ton nom soit respectée, 10 que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. 11 Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien; 12 pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; 13 ne nous expose pas à la tentation, mais délivre-nous du mal[j], [car c'est à toi qu'appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen!]’

14 »Si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi; 15 mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos fautes.

16 »Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste comme les hypocrites. En effet, ils présentent un visage tout défait pour montrer aux hommes qu'ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. 17 Mais toi, quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage 18 afin de ne pas montrer que tu jeûnes aux hommes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.

Les biens matériels

19 »Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les mites et la rouille détruisent et où les voleurs percent les murs pour voler, 20 mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les mites et la rouille ne détruisent pas et où les voleurs ne peuvent pas percer les murs ni voler! 21 En effet, là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur.

22 »L'œil est la lampe du corps. Si ton œil est en bon état, tout ton corps sera éclairé; 23 mais si ton œil est en mauvais état, tout ton corps sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien ces ténèbres seront grandes!

24 »Personne ne peut servir deux maîtres, car ou il détestera le premier et aimera le second, ou il s'attachera au premier et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent[k].

25 »C'est pourquoi je vous dis: Ne vous inquiétez pas de ce que vous mangerez [et boirez] pour vivre, ni de ce dont vous habillerez votre corps. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement? 26 Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment pas et ne moissonnent pas, ils n'amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux? 27 Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter un instant à la durée de sa vie? 28 Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement? Etudiez comment poussent les plus belles fleurs des champs: elles ne travaillent pas et ne tissent pas; 29 cependant je vous dis que Salomon[l] lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas eu d’aussi belles tenues que l'une d'elles. 30 Si Dieu habille ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui et qui demain sera jetée au feu, ne le fera-t-il pas bien plus volontiers pour vous, gens de peu de foi? 31 Ne vous inquiétez donc pas et ne dites pas: ‘Que mangerons-nous? Que boirons-nous? Avec quoi nous habillerons-nous?’ 32 En effet, tout cela, ce sont les membres des autres peuples qui le recherchent. Or, votre Père céleste sait que vous en avez besoin. 33 Recherchez d'abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus. 34 Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.

Les relations humaines

»Ne jugez pas afin de ne pas être jugés, car on vous jugera de la même manière que vous aurez jugé et on utilisera pour vous la mesure dont vous vous serez servis. Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil? Ou comment peux-tu dire à ton frère: ‘Laisse-moi enlever la paille de ton œil’, alors que toi, tu as une poutre dans le tien? Hypocrite, enlève d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour retirer la paille de l'œil de ton frère.

»Ne donnez pas les choses saintes aux chiens et ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu'ils ne les piétinent et qu'ils ne se retournent pour vous déchirer.

»Demandez et l'on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l'on vous ouvrira. En effet, toute personne qui demande reçoit, celui qui cherche trouve et l'on ouvre à celui qui frappe. Qui parmi vous donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain? 10 Ou s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? 11 Si donc, mauvais comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, votre Père céleste donnera d’autant plus volontiers de bonnes choses à ceux qui les lui demandent.

12 »Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux, car c'est ce qu'enseignent la loi et les prophètes[m].

L’entrée dans le royaume

13 »Entrez par la porte étroite! En effet, large est la porte, spacieux le chemin menant à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là, 14 mais étroite est la porte, resserré le chemin menant à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.

15 »Méfiez-vous des prétendus prophètes! Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au-dedans ce sont des loups voraces. 16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des ronces ou des figues sur des chardons? 17 Tout bon arbre produit de bons fruits, mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. 18 Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits. 19 Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits est coupé et jeté au feu. 20 C'est donc à leurs fruits que vous les reconnaîtrez.

21 »Ceux qui me disent: ‘Seigneur, Seigneur!’ n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste. 22 Beaucoup me diront ce jour-là: ‘Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en ton nom? N'avons-nous pas chassé des démons en ton nom? N'avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom?’ 23 Alors je leur dirai ouvertement: ‘Je ne vous ai jamais connus. Eloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal![n]

24 »C'est pourquoi, toute personne qui entend ces paroles que je dis et les met en pratique, je la comparerai à un homme prudent qui a construit sa maison sur le rocher. 25 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont déchaînés contre cette maison; elle ne s’est pas écroulée, parce qu'elle était fondée sur le rocher. 26 Mais toute personne qui entend ces paroles que je dis et ne les met pas en pratique ressemblera à un fou qui a construit sa maison sur le sable. 27 La pluie est tombée, les torrents sont venus, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison; elle s’est écroulée et sa ruine a été grande.»

28 Quand Jésus eut fini de prononcer ces paroles, les foules restèrent frappées par son enseignement, 29 car il enseignait avec autorité, et non comme leurs spécialistes de la loi.

 
François d'Assise mon frère le soleil, ma soeur la lune, ... XII°-XIII° ap. J.C.

François d'Assise mon frère le soleil, ma soeur la lune, ... XII°-XIII° ap. J.C.

Très Haut, tout puissant et bon Seigneur, 

à toi louange, gloire, honneur,

et toute bénédiction ;
à toi seul ils conviennent, O Très-Haut,
et nul homme n’est digne de te nommer.

Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil,
par qui tu nous donnes le jour, la lumière ;
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de toi, le Très Haut, il nous offre le symbole.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l’air et pour les nuages,
pour l’azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.

Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur Eau,
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu,
par qui tu éclaires la nuit :
il est beau et joyeux,
indomptable et fort.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi ;
qui supportent épreuves et maladies :
heureux s’ils conservent la paix,
car par toi, le Très Haut, ils seront couronnés.

Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour notre sœur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu’elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.

Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité.

un songe drolatique attribué à Rabelais, gravure de François Desprez, livre paru en 1565

un songe drolatique attribué à Rabelais, gravure de François Desprez, livre paru en 1565

PROLOGUE de Gargantua de François Rabelais, 1534
Buveurs très illustres, et vous vérolés très précieux, car c'est à vous, non aux autres, que je
dédie mes écrits, Alcibiade, dans un dialogue de intitulé le Banquet, faisant l'éloge de son
précepteur Socrate, sans conteste le prince des philosophes, déclare entre autres choses
qu'il est semblable aux silènes. Les Silènes étaient jadis de petites boites, comme
celles que nous voyons à présent dans les boutiques des apothicaires, sur
lesquelles étaient peintes des figures drôles et frivoles : harpies, satyres, oisons
bridés, lièvres cornus, canes batées, boucs volants, cerfs attelés, et autres figures
contrefaites à plaisir pour inciter les gens à rire (comme le fut Silène, maitre du
Bacchus). Mais à l'intérieur on conservait les drogues fines, comme le baume,
l'ambre gris, l'amome, la civette, les pierreries et autres choses de prix. Alcibiade
disait que Socrate leur était semblable, parce qu'à le voir du dehors et à l'évaluer par
l'aspect extérieur, vous n'en auriez pas donné une pelure l'oignon, tant il était laid de corps
et d'un maintien ridicule, le nez pointu, le regard d'un taureau, le visage d'un fou, le
comportement simple, les vêtements d'un paysan, de condition modeste, malheureux avec
les femmes, inapte à toute fonction dans l'état ; et toujours riant, trinquant avec chacun,
toujours se moquant, toujours cachant son divin savoir. Mais en ouvrant cette boite, vous y
auriez trouvé une céleste et inappréciable drogue : une intelligence plus qu'humaine, une
force d'âme merveilleuse, un courage invincible, une sobriété sans égale, une égalité
d'âme sans faille, une assurance parfaite, un détachement incroyable à l'égard de tout ce
pour quoi les humains veillent, courent, travaillent, naviguent et bataillent.
A quoi tend, à votre avis, ce prélude et coup d'essai ? C'est que vous, mes bons disciples,
et quelques autres fous oisifs, en lisant les joyeux titres de quelques livres de votre
invention, comme Gargantua, Pantagruel, Fesse pinte. La dignité des braguettes, des pois
au lard avec commentaire, etc., vous pensez trop facilement qu'on n'y traite que de
moqueries, folâtreries et joyeux mensonges, puisque l'enseigne extérieure est sans
chercher plus loin, habituellement reçue comme moquerie et plaisanterie. Mais il ne faut
pas considérer si légèrement les oeuvres des hommes. Car vous-mêmes vous dites que
l'habit ne fait pas le moine, et tel est vêtu d'un froc qui au-dedans n'est rien moins que
moine, et tel est vêtu d'une cape espagnole qui, dans son courage, n'a rien à voir avec
l'Espagne. C'est pourquoi il faut ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est
traité. Alors vous reconnaitrez que la drogue qui y est contenue est d'une tout autre valeur
que ne le promettait la boite : c'est-à-dire que les matières ici traitées ne sont pas si
folâtre que le titre le prétendait.

Marcel Proust Céleste Albaret Céleste Albaret racontant avec joie, la joie de Marcel Proust lui annonçant qu'il a écrit le mot FIN au bas de tous les feuillets qu'elle avait eu l'ingéniosité de coller, plier... au service de Marcel Proust de 1913 à 1922
Marcel Proust Céleste Albaret Céleste Albaret racontant avec joie, la joie de Marcel Proust lui annonçant qu'il a écrit le mot FIN au bas de tous les feuillets qu'elle avait eu l'ingéniosité de coller, plier... au service de Marcel Proust de 1913 à 1922

Marcel Proust Céleste Albaret Céleste Albaret racontant avec joie, la joie de Marcel Proust lui annonçant qu'il a écrit le mot FIN au bas de tous les feuillets qu'elle avait eu l'ingéniosité de coller, plier... au service de Marcel Proust de 1913 à 1922

« Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint- Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse: ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D'où venait- elle? Que signifiait-elle? Où l'appréhender? (...)
Et tout d'un coup le souvenir m'est apparu. Ce goût c'était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l'heure de la messe), quand j'allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m'offrait après l'avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m'avait rien rappelé avant que je n'y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d'autres plus récents; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s'était désagrégé; les formes - et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot - s'étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d'expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.
Et dès que j'eus reconnu le goût du morceau de madeleine trempé dans le tilleul que me donnait ma tante (quoique je ne susse pas encore et dusse remettre à bien plus tard de découvrir pourquoi ce souvenir me rendait si heureux), aussitôt la vieille maison grise sur la rue, où était sa chambre, vint comme un décor de théâtre s'appliquer au petit pavillon, donnant sur le jardin, qu'on avait construit pour mes parents sur ses derrières (ce pan tronqué que seul j'avais revu jusque là) ; et avec la maison, la ville, depuis le matin jusqu'au soir et par tous les temps, la Place où on m'envoyait avant déjeuner, les rues où j'allais faire des courses, les chemins qu'on prenait si le temps était beau. Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé. »
PROUST Marcel, Du côté de chez Swann, GF Flammarion, Paris, 1987, p. 140-145

vu un remarquable documentaire de 55', Le Monde de Marcel Proust sur Arte
avec la voix et le rayonnement de Céleste Albaret filmée en 1973, 50 ans après
"À mon avis, même dès sa jeunesse, il n’a voulu qu’écrire… Ses sorties de salons n’ont été qu’une espèce d’alimentation de son œuvre. Parce que depuis toujours il emmagasinait, et il n’a vécu que de ça."
La voix qui raconte est celle de Céleste Albaret, gouvernante et confidente des huit dernières années de Marcel Proust, de 1914 à 1922 (quarante-neuf heures d’entretien avec elle, enregistrées en 1973, ont été retrouvées récemment dans les fonds de la Bibliothèque nationale de France). Armé de son sens de l’observation et de son acuité psychologique, l’auteur d’"À la recherche du temps perdu", fils d’une héritière de la bourgeoisie juive et d’un père médecin, incarnation même du mérite républicain, s’est immergé dans les boudoirs de la Belle Époque comme dans les hôtels de passe homosexuels pour donner chair aux centaines de personnages qui peuplent son œuvre-monde. C’est par l’entremise du flamboyant comte de Montesquiou, dandy insolent immortalisé sous les traits épaissis du baron de Charlus, que le futur écrivain, à force de flatteries, a réussi à pénétrer les hautes sphères de la société. De la belle et influente comtesse Greffulhe, qui inspira la figure de la duchesse Oriane de Guermantes, au jeune et aimé Alfred Agostinelli, qui fut l’un des modèles du personnage d’Albertine, les êtres qui accompagnèrent la vie de Marcel Proust sont entrés, métamorphosés et mêlés à d’autres, dans le chef-d’œuvre éternel qu’il nous a légué, odyssée sur la mémoire, la hiérarchie sociale, l’amour et l’écriture, qui débute à la fin des années 1870 pour s’achever au lendemain de la Grande Guerre.
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intéressant de me souvenir de ce que mon esprit a retenu de ce documentaire
- le livre imaginé et fabriqué comme une robe et pas conçu, réalisé comme une cathédrale 
et de vagabonder, Marcel rencontrant YSL, j'ai imaginé, je ne raconterai pas
Marcel va assister aux sévices corporels que se fait infliger Charlus dans un hôtel de passe parce que ça ne peut pas s'imaginer
mais son esprit, son corps est si réceptif que lorsqu'il goûte la madeleine qui aurait pu être une biscotte ou du pain grillé (mots présents, raturés, dans le manuscrit), c'est à une remontée de sensations qu'il nous fait participer, nous mettant l'eau à la bouche
- quand il se met à l'écriture, il écrit le début et la fin, d'emblée; entre, ce sera le flux, ce seront les entremêlements
je fais une fois de plus l'expérience qu'un film impressionne autrement que des mots
allez, je me fais une deuxième séance
B bbb J / place aux joyeux
promenade au pays de Proust via internet suite au documentaire vu sur Arte
et de penser à la fabrique du Guépard de Lampedusa
qui se penchera sur les mystères de telles oeuvres
érudits, suivez vos chemins
rêveurs et poètes, cheminons sur chemins qui sont comme sillages sur la mer suggère Antonio Machado
incroyable comme je perçois maintenant que tout est une question de points de vue
 
change tes mots, change ton regard, change le souvent
et ce que tu crois être, comme Marcel Proust l'exprime, métamorphose de toi par le temps (donc passif dans ce jeu où les amours inconstantes se défont, où la monstrueuse t'attend) 
devient toi te métamorphosant, jouant à retourner le temps, au soleil des jeunes filles en fleurs
cher Marcel, j'ai raté ton centenaire, je rate beaucoup d'anniversaires 
mais je célèbre beaucoup, un moment, une personne, un souvenir 
tout passant dans l'éternité de l'instant présent
j'aime ce titre Mourir n'est pas te perdre de Christophe Dauré
Michel Eyquem proposait qu'on se la représente de toutes les manières possibles
je ne cherche plus à me la représenter comme à venir, devant moi, dans un futur qui se rapproche 
je la sens présente en permanence, mêlée à ma vie sous la forme de l'apoptose et autres formes indicibles mais sensibles
cela rend léger et ouvre à la J, au B et aux bbb à glouglouglou
B bbb J / place aux joyeux
Vu Le temps retrouvé de Raoul Ruiz
film que j'ai trouvé éblouissant, qui a déjà 24 ans (1999)
je l'ai reçu comme rembobiné
le temps retourné de Proust Marcel
ou au soleil des jeunes filles en fleurs
réel retentissement du film sur moi (nuit de pleine lune et petit matin d'encore pleine lune) : 
de la recherche du temps perdu au temps retrouvé semble se dessiner un chemin emprunté par Marcel Proust découvrant me semble-t-il que le seul temps est le présent, à vivre dans l'immédiateté des sensations, émotions, sentiments qui passent comme fleurs fanent et tombent après avoir écloses
évidemment l'oubli des souvenirs, la traversée du Léthé, la mort des amours sont vécus intensément, asthmatiquement, par Marcel, au souffle court, aux phrases interminables semblant vivre au flux des associations 
les flots de la rivière en générique donnent le la
allez à 2 H 26, dialogue dans le miroir entre le Marcel adolescent et le Marcel adulte 
moi je suis déjà mort plusieurs fois, j'ai tenu à Albertine plus qu'à ma vie puis j'ai cessé de l'aimer, pareil pour Gilberte, à chaque fois je suis devenu quelqu'un d'autre, c'est comme ça que la mort nous devient petit à petit indifférente
tu dis ça pour te rassurer
non ce n'est pas pour moi que j'ai peur, c'est pour mon livre, il me faut encore un peu de temps
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cher Marcel, je ne vis pas les amours dites mortes comme mortes
un amour pour moi est vécu sur le mode de la fidélité, en ce sens qu'un amour me semble demander du temps, devoir prendre tout son temps pour telle une fleur donner tout son potentiel
la mort de l'autre n'achève pas l'amour 
c'est pourquoi j'ai écrit au soleil des jeunes filles en fleurs, le contraire de ta façon de vivre le temps, toi, à l'ombre, moi, au soleil des jeunes filles
place maintenant à la femme de pleine maturité, l'accueilles-guérisseuse
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani
Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic /  Issâ Padovani

Yves Tanguy / Joseph Delteil / Georges Brassens / Agnès Varda / Christian Bobin / Jean-Yves Leloup / Thierry Zalic / Issâ Padovani

Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi
Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi
Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi
Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi

Lucy Pereyra Marie Morel Joie à Mirepoix Rachel Kaposi

Eric Borgniet Annie Bergougnous
Eric Borgniet Annie Bergougnous

Eric Borgniet Annie Bergougnous

jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
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jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange
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jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange

jeu heureux sur la plage / heureux à corps ça vit / le baiser à Avers sur les eaux / Katia / Cyril / Katia / Cyril Roméo / Rosalie et la mésange

à Lisbonne en conversation avec Fernando Pessoa et ses hétéronymes qui lui dit

"Je ne suis pas pressé. Pressé pour quoi ?
La lune et le soleil ne sont pas pressés : ils sont exacts.
Être pressé, c’est croire que l’on passe devant ses jambes
Ou bien qu’en s’élançant on passe par-dessus son ombre.
Non, je ne suis pas pressé.
Si je tends le bras, j’arrive exactement là où mon bras arrive.
Pas même un centimètre de plus.
Je touche là où je touche, non là où je pense.
Je ne peux m’asseoir que là où je suis.
Et cela fait rire comme toutes les vérités absolument véritables,
Mais ce qui fait rire pour de bon c’est que nous autres nous pensons toujours à autre chose
Et sommes en vadrouille loin d’un corps." 

Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse
Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse

Annie Le Quesnoy 1966 / Avers sur les eaux 25/12/2020 à 00H 00 = naissance de Vita Nova / Rosalie et Katia / Rosalie par Hélène Théret / en conversation avec Pessoa à Lisbonne en août 2022 / Dieu est amour au Christ-Roi à Lisbonne / par la fenêtre du peintre Michel Dufresne / Voeux du peintre JP Grosse

Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00
Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00
Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00
Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00

Bonheur et Bonheur 2, correspondance heureuse entre Emmanuelle Arsan et JCG / la métamorphose de J.C. en Vita Nova le 25/12/2020 à 00H 00

La parole éprouvée
Chant pluriel singulier
(116 poèmes écrits entre 1956 et 2002, Les Cahiers de l'Égaré, 14/02/2002)
profère
à la lumière de l’aphorisme de Marie de Gournay
– fille d’alliance de Michel de Montaigne –
L’homme est l’œuvre d’une ombre et son œuvre est son ombre
« Pour le poète, et Jean-Claude Grosse est poète, le temps le plus désirable du verbe est, non le passé ni le futur, mais le présent. Et les dés désespérés des mots ne tiennent pas leur pouvoir seulement de la science et du style mais d’abord de l’amour. L’amour et la mémoire de l’amour, comme les chats de Schrödinger, ont plusieurs vies possibles. Chacune d’elles ne
se réalise que lorsqu’elle est exprimée. Alors, à force de mots justement proférés, le solstice d’été aux bords saphiques de l’Égée, Aphrodite aux seins de violettes, Hélène, la lyre d’Orphée, la tentation du labyrinthe inventent le seul langage voué à la durée. Il suffit qu’un baiser soit interdit pour toujours au poète – et désir, délire, dérive, plaisir sont faits œuvre par la parole éprouvée. »
Emmanuelle Arsan
-----------------------------------------
116 poèmes écrits, édités en 46 ans
aujourd'hui j'en supprimerais quelques-uns de la section poèmes engagés
quel con ai-je été de me croire en charge de changer le monde !
il m'a fallu atteindre 80 ans passés pour passer de connard à Bonnard
c'est donc un changement récent
il me semble aujourd'hui qu'il n'y a rien à changer, rien à ajouter, rien à retrancher
y en a un qui a dit (un physicien, je crois)
rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme
mais ce n'est pas de notre fait
croire au pouvoir de la volonté ajoute de la négativité
tout accepter
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002
La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002

La Parole éprouvée, parue le 14/02/2002

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Méphisto Rhapsodie / Samuel Gallet

6 Octobre 2020 , Rédigé par grossel Publié dans #agora, #note de lecture, #spectacle, #développement personnel

A quoi bon faire du théâtre quand l’extrême droite frappe aux portes du pouvoir ? Mephisto {rhapsodie} traverse les petitesses de la scène pour donner à penser l’avenir brûlant.

C’est la première création de Jean-Pierre Baro mise à l’affiche du Théâtre des Quartiers d’Ivry, CDN qu’il dirige depuis le mois de janvier. Mephisto {rhapsodie} raconte l’ascension d’un comédien arriviste, ses compromissions pour accéder au succès, jusqu’à sa nomination à la tête d’un théâtre, dans un contexte de montée de l’extrême droite. Fruit d’une commande passée à Samuel Gallet, auteur dramaturge avec lequel Jean-Pierre Baro travaille pour la seconde fois, Mephisto (rhapsodie) est inspiré d’un roman de Klaus Mann, fils de Thomas, qui, à partir d’une histoire vraie, développe cette trame du carriérisme à tout prix dans le contexte de l’Allemagne nazie. Parallèlement à l’intrigue, au cœur de ce spectacle d’envergure porté par huit comédiens aux multiples rôles, une question taraude les personnages : « Pourquoi faire du théâtre aujourd’hui ? ». On aimerait bien le savoir, en effet. Pour tenter de trouver des réponses, suivons donc l’action de Mephisto se déployer à Balbek, imaginaire petite ville de province, rampe de lancement de la carrière d’Aymeric Dupré, cet acteur obsédé par le nombre de rappels qu’opère le public à l’issue de la représentation. Autour de lui, une directrice vieillissante ne jure que par Tchekhov, un comédien cherche à articuler son travail avec le territoire qui l’entoure, et un apprenti du cru, lui, est tenté par l’idéologie des « Premières lignes », groupe fasciste à l’irrésistible ascension. Pendant ce temps, à la capitale, se déploie le territoire bourgeois, mondain et décadent du show business et des pouvoirs.

Pourquoi faire du théâtre aujourd’hui ?

Il y a des éléments agaçants dans cette pièce. Des personnages caractérisés à l’excès. Des dilemmes rebattus. Des morceaux de bravoure un peu bavards. Une association du peuple à l’extrême droite potentiellement simpliste. Et le risque du propos endogame, d’une pièce qui ambitionne d’ouvrir le théâtre au monde mais parle avant tout du monde du théâtre. Néanmoins, convenons-en, le texte de Gallet, très bien servi par la mise en scène simple, fluide et rythmée de Jean-Pierre Baro, et par un jeu aux multiples couleurs, emporte le morceau. Sans concession sur le narcissisme de l’artiste, le surplomb moralisateur du monde du théâtre et son asthénie tchekhovienne d’univers moribond, Mephisto n’épargne rien à une société du spectacle qu’il griffe de partout – son propos mordant jusqu’au public même. Mais il porte en même temps une véritable tendresse pour le théâtre, un attachement, un amour. Avec ses personnages complexes et profonds, pris dans leurs contradictions, cherchant la meilleure façon d’agir, avec ou sans le théâtre, face aux dangers qui menacent, Mephisto rend de plus plausible, présente, là, véritablement devant nous, cette dystopie malheureusement de plus en plus probable d’un monde où s’imposera l’extrême droite. Quels choix cette situation nous demandera-t-elle d’opérer ? Préparons-nous à cet avenir brûlant, propose Méphisto. De réponse définitive on ne trouvera pas dans le théâtre. Mais en s’aidant du théâtre, peut-être.

Eric Demey La Terrasse, 23 octobre 2019, N° 281

Méphisto de Klaus Mann vu dans la mise en scène d'Ariane Mnouchkine 

Mephisto, Le roman d'une carrière 1979  De Klaus Mann  

Traduction et adaptation Ariane Mnouchkine  

Le roman Méphisto pose la question du rôle et de la responsabilité des intellectuels à la naissance du Troisième Reich. La fable qui, pour nous, s’est dégagée du roman pourrait se formuler ainsi : le spectacle serait l’histoire de deux comédiens, liés par l‘amitié, également passionnés de théâtre, également talentueux, également préoccupés de la fonction politique, voire révolutionnaire, de leur art, dans l’Allemagne de 1923.  « Pour qui est-ce que j’écris ? Qui me lira ? Qui sera touché ? Où se trouve la communauté à laquelle je pourrais m’adresser ? Notre appel lancé vers l’incertain tombe-t-il toujours dans le vide ? Nous attendons quand même quelque chose comme un écho, même s’il reste vague et lointain. Là où on a appelé si fort, il doit y avoir au moins un petit écho. » Klaus Mann

Mes nouvelles convictions politiques

J'ai assisté samedi 4 octobre 2020 à 17 H à une lecture d'une durée d'1 H à la Bibliothèque Armand Gatti à La Seyne sur Mer dans le cadre de la résidence d'écriture de Samuel Gallet accueilli pour un mois par la Saison Gatti-Le Pôle, lecture d'entrée de résidence, à 8 voix, d'un découpage de son dernier texte Méphisto Rhapsodie, inspiré du Méphisto de Klaus Mann. Lecture puissante qui m'a interpellé.

J'ai pu mesurer à cette occasion combien j'avais évolué.

Le combat politique mondial (un certain combat politique, au minimum à gauche, plus souvent à l'extrême-gauche, pro-révolution tendance trotskyste, PCI, anti-stalinien, anti-social-démocrate, anti-capitaliste, anti-impérialiste / jugement de François Mauriac dans ses Mémoires intérieures : « Du point de vue de l'Europe libérale, il était heureux que l'apôtre séduisant de la révolution permanente ait été remplacé par l'horreur stalinienne : la Russie est devenue une nation puissante, mais la Révolution (en Europe) a été réduite à l'impuissance. Plus j'y songe et plus il apparaît qu'un Trotsky triomphant eût agi sur les masses socialistes de l’Europe libérale et attiré à lui tout ce que le stalinisme a rejeté dans une opposition irréductible : Staline fut à la lettre " repoussant ". Mais c'est là aussi qu'il fut le plus fort, et les traits qui nous rendent Trotsky presque fraternel sont les mêmes qui l'ont affaibli et perdu et de mettre Trotsky au niveau de Tolstoï et Gorki) qui me paraissait nécessaire il y a peu encore, jusqu'à l'épuisement du mouvement des Gilets Jaunes quand le mouvement syndical a repris la main avec le combat pour la défense des retraites (décembre 2019), entraînant confusion et collusion a cessé de me paraître nécessaire avec la crise de la Covid 19 et la sortie partielle du confinement (quelle aubaine pour un pouvoir déliquescent de pouvoir faire ramper des millions de gens à coups de mensonges et manipulations médiatiques !). Dès octobre 2019, je participais à un groupe Penser l'avenir après la fin des énergies fossiles (en lien avec la collapsosophie de Pablo Servigne) tout en continuant à participer à un groupe Colibris (faire sa part). J'avais renoncé à assister à des assemblées citoyennes de Gilets Jaunes tant à Toulon qu'à Sanary dès juillet 2019.

Le combat politique local que j'ai aussi mené comme conseiller municipal d'une majorité (1983-1995) puis comme tête de liste d'une opposition éco-citoyenne (2008) me paraît encore jouable. Encore faut-il gagner les élections municipales ? Dans l'opposition, on ne change pas les choses.

Où en suis-je aujourd'hui, à quelques jours de mes 80 ans, le jour de la révolution d'octobre (sans doute un coup d'état de Lénine, mensonge inaugural du régime soviétique), le même jour que Pablo ?

J'ai enfin décidé que personne ne peut se substituer à nous pour prendre conscience de sa place et de sa mission de vie (qui est autre chose que vivre comme feuilles au vent selon l'image d'Homère). Aucun porte-voix, aucune instance dite représentative ne peut (ne doit) parler et agir à ma place. Décision : je ne voterai plus. Abstention.

La démocratie représentative ne représente que les intérêts du pouvoir en place (république bananière, corrompue jusqu'à la moelle) et des rapaces qu'il représente pour l'avoir mis en place (cette prise de conscience est essentielle, la démocratie représentative n'est pas la démocratie, il m'a fallu 60 ans pour l'admettre). La démocratie représentative est le leurre savamment entretenu nous faisant croire qu'en changeant de gouvernement par les élections - qui sont la dépossession de nos voix, un vol de voix - (nous perdons notre pouvoir constituant, Octave Mirbeau, Etienne Chouard, et quelques autres sont indispensables à lire), que passer de droite à gauche, de gauche à l'extrême-centre puis un jour à l'extrême-droite, on va changer les choses. Mais il est possible de savoir maintenant, par expérience depuis 40 ans avec la pensée unique, le TINA thatchérien (There is no alternative) que droite, gauche, extrême-gauche, extrême-droite, extrême-centre n'ont qu'un objectif : arriver au pouvoir et le garder. Il est possible de se convaincre aussi que les gens au pouvoir savent depuis relativement peu (20 ans) qu'en cas de mouvements profonds, durables, pacifiques ou révolutionnaires, insurrectionnels, il ne faut surtout pas lâcher le pouvoir, le quitter comme de Gaulle ou Jospin. Il faut le garder coûte que coûte par la répression, la négociation. Il faut s'accrocher, laisser passer la colère. Il faut en conclure que tout affrontement frontal n'a aucune chance d'aboutir, de changer l'ordre des choses (le mouvement des GJ autour des ronds-points fut une forme géniale; les GJ manifestant sur les Champs-Elysées, inaccessibles jusqu'à eux aux mouvements revendicatifs ou insurrectionnels, ce fut un sacré challenge réussi mais un échec).

Il faut aussi constater que dans le cadre des nations, la politique ne peut défendre que les intérêts particuliers de la nation. Et ce particularisme ne change pas avec les entités supra-nationales comme l'UE, qui ne sont pas mondiales. L'ONU elle-même ne peut être le lieu d'une politique universelle.

Deux paradoxes sont à signaler. Le 1° paradoxe c'est que les GAFA (les géants du web, américains et chinois) ont une politique mondiale, une visée de domination mondiale, haïssant la démocratie (c'est le libertarianisme anglo-saxon d'une part et l'autoritarisme bureaucratique chinois d'autre part). Le 2° paradoxe, c'est que pour les révolutionnaires, la révolution est toujours imminente alors que la réalité montre depuis 40 ans que comme le dit un ultra-riche Warren Buffet : « il existe bel et bien une guerre des classes mais c'est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c'est nous qui gagnons".

Seule peut-être une politique universelle en vue du Bien serait souhaitable, en vue du Bien c'est-à-dire satisfaisant la nourriture, la santé, l'instruction et le divertissement de tous. À ce niveau universel, souhaitable ? nécessaire ? la question démographique est peut-être la plus difficile à aborder : ne sommes-nous pas trop sur une terre aux ressources limitées. Déjà Lévi-Strauss le pensait et avant lui, Malthus.

Individu n'ayant qu'un peu de pouvoir sur moi, ne croyant qu'au travail sur soi pour devenir meilleur, j'ai fait choix de ne pas écouter les informations, de ne pas regarder la télé, de ne pas aller sur les réseaux sociaux. Finie la pollution anxiogène, finie la manipulation par les fake news, dont la plupart sont distillées par les médias et le pouvoir.

Quant à toi qui es au pouvoir, tu veux y rester, tu n'y es que pour un temps, tu passeras de toute façon, tu es déjà passé. Il en sera de même pour tes successeurs. Tchao, pantins et magiciens.

Vous êtes au pouvoir, vous prenez des mesures, vous légiférez à tour de bras mais votre pouvoir sur moi est réduit à quasiment rien, j'ignore par ignorance 99% de vos lois qui ne modifient quasiment rien à mes conditions de vie. Je respecte le minimum, je porte un masque, je respecte les règles du savoir-vivre, du code de la route.

Je m'invisibilise de vos systèmes de contrôle, je suis cosmopoli avec ce qui existe, minéraux, faune, flore, vivants. Je choisis qui je fréquente (quelques amis), je travaille sur moi (à gérer mes émotions souvent archaïques, mes pulsions souvent excessives). Je n'ai plus d'ennemis; même les adversaires politiques, je les ignore dorénavant. Cette affirmation n'est pas à prendre comme un constat mais comme un processus vivant (quand je me découvre un ennemi, y compris moi-même, je m'observe, je me mets à distance, je me nettoie de l'agressivité avec une technique de clown s'ébrouant, se débarrassant de sa poussière jusqu'à ce que l'indifférence me gagne). Je n'ai plus de boucs émissaires (processus vivant avec nettoyage, dépoussiérage) : les arabes et musulmans pour les racistes (dont je suis parfois), les blancs pour les ex-colonisés (dont je suis parfois), les machistes pour les féministes (dont je suis parfois), les putes pour les machistes (dont je suis souvent). Ces binarisations du monde sont toutes douteuses : elles nous font croire que nous sommes du bon côté, du côté de la justice, de la vérité. Par exemple, la théorie du Grand Remplacement justifie les mouvements néo-fascistes. Inversement, le refus de toute relation avec la Haine du FN et du RN justifie l'extrême-gauche et l'islamo-gauchisme.

Qui aura raison, Michel Houellebecq avec Soumission, Boualem Sansal avec 2084, Alain Damasio avec Les furtifs... ?

J'ai vu au tout début des GJ (novembre 2018), le rejet de ceux-ci par tout un tas de gens bien-pensants (tous bords politiques) qui n'ont même pas compris que ceux qu'ils appelaient des bruns, venaient de la périphérie, les petits blancs invisibilisés par la société marchande et touristique, la société des bobos. Ce que j'ai compris et accepté, c'est que tout ça existe, co-existe, s'affronte et que c'est en moi, potentiellement, réellement. J'ai vu des GJ aux idées racistes être changés en deux, trois discussions. Cela veut dire que prendre pour du dur, des opinions de circonstances, en lien avec un mal-être, un mal-vivre est préjudiciable à la recherche de la paix, civile et sociale. Rien de pire qu'une guerre civile, qu'une société qui se délite, les uns dressés contre les autres.

Cela dit, nos opinions de circonstances peuvent tenir longtemps. Nous les faisons nôtres comme si le monde allait s'effondrer si on cessait de les croire nôtres. 60 ans pour moi de fidélité imbécile aux valeurs "humanistes" de la gauche radicale. C'est cette fidélité toxique aux "convictions politiques" d'à peine plus de 50% des électeurs (qui faisait que rien ne changeait si ce n'est l'alternance des couleurs politiques) qui a expliqué la montée de plus en plus massive de l'abstention pendant une vingtaine d'années, phénomène repéré mais pas pris au sérieux (c'étaient les déçus de la politique, les pêcheurs à la ligne du dimanche, les traîtres au devoir électoral, au droit de vote arraché de haute lutte par nos anciens) et qui explique en 2017, le dégagisme qui a frappé à droite, à gauche, a vu sortir du chapeau une bulle de savon miroitante.

Avec ces nouvelles convictions (plus question d'être fidèle sur le plan des soi-disant convictions politiques, ce ne sont qu'opinions largement induites par le milieu, l'époque et on les prétend siennes, c'est "mon" opinion et on s'y accroche, 60 ans durant comme moi), je n'attends plus du théâtre qu'il donne de la voix, qu'il m'ouvre la voie, une voie. J'ai fait partie du milieu, bénévolement, pendant 22 ans, créateur du festival de théâtre du Revest puis directeur des 4 Saisons du Revest dans la Maison des Comoni (1983-2004). J'ai cru par passion à la nécessité de soutenir la création artistique, de l'écriture à la mise en scène, de soutenir et susciter des formes innovantes, de soutenir et susciter l'émergence de jeunes créateurs. Ce fut une période passionnante que je ne renie pas. Mais j'ai pris conscience progressivement vers 2017-2019 que le "vrai" travail est à faire sur soi et par soi. Pas d'agir sur les autres, d'influencer les autres. Pas d'être agi par les autres, influencé par les autres.

Au théâtre, au spectacle, on est dans la représentation, pas dans la présence, pas dans le présent (le moment et le cadeau), je suis spectateur, spectacteur pour certains, je ne suis pas acteur de mon destin, de mes choix de vie à mes risques et périls. Le théâtre, lieu de représentation est comme la politique représentative. Enjeux de pouvoir, luttes de pouvoir, narcissisme exacerbé, carriérisme, opportunisme, compromissions, monde de petits requins persuadé d'avoir une mission de "création" et d'éducation (en fait, de formatage des goûts selon les critères de l'administration qui subventionne), se comportant comme le monde des grands requins (le marché de l'art est particulièrement instructif à cet égard).

Quand je vois l'éclectisme des programmations actuelles, quand je vois la pléthore de propositions faites par les lieux, je pourrais être au théâtre, au concert tous les soirs, si les moyens suivent, le cul dans un fauteuil, à applaudir ou à bouder, comme si je passais ma soirée devant la télé. Je suis un consommateur culturel et je perds mon temps, je me distrais. On sait ce que reproche Pascal au divertissement.

Impossible d'aller à l'essentiel : je suis mortel, le monde s'effondre peut-être, l'humanité va peut-être se suicider. En quoi puis-je me mettre au service de plus grand que moi, de quelle mission de vie ? Pour un autre et même pour moi, à mon insu ou consciemment car nous sommes tous complices du système, ce sera : en quoi puis-je profiter un max de ce système ?

Pour moi aujourd'hui après 60 ans de fixation, de fixette idéologique : Contemplation des beautés de la nature. Action personnelle sur soi par la méditation en particulier. Actions d'harmonie, d'harmonisation, d'élévation. Ne pas ajouter la guerre à la guerre, ne pas faire le jeu du conflit, de la mort, même si je sais que l'inhumanité a encore de très beaux jours devant elle.

Dernier point : il est évident que l'on sait, si on le veut, reconnaître ce qui est inhumain en soi, en autrui. On sait que c'est possible, que c'est réel, on ne juge pas, c'est dégueulasse, injuste, à combattre. On fait choix tant que faire se peut de l'amour de la vie, de la Vie.

Bémol de taille : ce que j'ai écrit vaut pour les "démocraties" à l'occidentale (je peux l'écrire, le publier). Je ne sais comment je me comporterais tant en Chine qu'en Russie, en Arabie saoudite ou en Turquie.

Merci à cette lecture de m'avoir permis de faire le point sur moi, être changeant et sur mes "engagements" changeants.

Jean-Claude Grosse, 6 octobre 2020

Antigone aujourd’hui ?

Antigone, dans la tradition venue de la mythologie et du théâtre grecs, est celle qui dit NON à une loi inique de la cité, Thèbes, gouvernée par le tyran Créon et lui oppose une loi universelle, au-dessus de la loi d’état, une loi dite de droit naturel pouvant être opposée au droit positif. À la loi écrite, édictée par le tyran lui interdisant de donner sépulture à son frère Polynice, elle oppose la loi non écrite mais s’imposant à elle et à tous que tout défunt doit avoir une sépulture digne et non être livré aux chiens.

Enterrés, incinérés comme des « chiens », ce fut le sort des décédés par la Covid 19 dans les EPHAD pendant le confinement du printemps 2020. Quelles Anti- gones ont bravé l’ignominie des directives gouvernementales ?

Dans les sociétés modernes, on a tendance à considérer que le concept de droit naturel doit servir de base aux règles du droit objectif. Kant (1785) et la révo- lution française (la déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789) ont donc participé au progrès moral de l’humanité (en droit, mais pas dans les faits). Le droit naturel s’entend comme un comportement rationnel qu’adopte tout être humain à la recherche du bonheur (le droit au bonheur est inscrit dans la déclaration d’indépendance des Etats-Unis du 4 juillet 1776 : Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inalié- nables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur). Le droit naturel présente un caractère universel dans la mesure où l’homme est capable de le découvrir par l’usage de sa raison, en cherchant à établir ce qui est juste. L’idée est qu’un ensemble de droits naturels existe pour chaque être humain dès sa naissance (comme le droit à la dignité ou le droit à la sécurité) et que ces droits ne peuvent être remis en cause par le droit positif. Le droit naturel est ainsi considéré comme inné et inaltérable, valable partout et tout le temps, même lorsqu’il n’existe aucun moyen concret de le faire respecter. Les droits naturels figurent aujourd’hui dans le préambule de la Constitution française et dans les fondements des règles européennes. Le droit à la vie et le droit au respect pour tous ne sont cependant pas reconnus partout sur le globe. Pensons aux fous de Dieu. Le droit naturel selon cette conception s’impose moralement et en droit à tous. Dans les faits, ces droits naturels sont souvent bafoués, par des individus, des sociétés, des états. Ce qui fait que le droit naturel n’est pas universellement appliqué dans les faits c’est l’existence du mal radical, du mal absolu, injustifiable (la souffrance des enfants pour Marcel Conche, la souffrance des animaux d’élevage et de consommation pour d’autres), du mal impossible à éradiquer parce que si l’homme est un être de raison, il est aussi un être de liberté et c’est librement que l’on peut choisir le mal plutôt que le bien.

Le problème du mal radical et de la liberté de l’homme a conduit Kant à écrire les Fondements de la métaphysique des mœurs (1785)Selon Kant, la loi morale n’est imposée par personne. Elle s’impose d’elle-même, par les seuls concepts de la raison pure. Tout être raisonnable, du simple fait de sa liberté, doit respecter les deux impératifs, le catégorique et le pratiquepage19image1596576  page18image1668544 page18image1668752 page18image1668960

Impératif catégorique de Kant : «Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux aussi vouloir que cette maxime devienne une loi universelle. »

Impératif pratique de Kant : «Agis de telle sorte que tu traites l’humanité comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. »

Un principe mauvais, que le sujet se donne librement à lui-même, corrompt à la racine le fondement de toutes nos maximes : le mal radical.
L’intérêt commun pour le beau dans l’art ne prouve aucun attachement au bien moral, tandis qu’un intérêt à contempler les belles formes de la nature témoigne d’une âme bonne

Ces considérations m’amènent à tenter de dire ce que serait Antigone aujourd’hui. Antigone pourra aussi bien être une femme qu’un homme, un jeune, adolescent, adolescente, enfant même. Devant les atteintes massives, permanentes aux droits universels de l’Homme (de la Femme, de l’Enfant, des Animaux, des Végétaux, de la Terre, de la Mer, de l’Air, de l’Eau...) partout dans le monde, individuellement comme collectivement, devant cette insistance de la barbarie, du mal partout dans le monde, j’en arrive à penser que dire NON à tout cela, à cette barbarie, à tel ou tel aspect de ce mal sciemment infligé (l’exci- sion, le viol comme arme de guerre par exemple) n’est plus la seule attitude que devrait avoir l’Antigone d’aujourd’hui. Les résistants à la barbarie, celles et ceux qui disent NON servent souvent d’exemple. Leurs méthodes comme leurs buts, leurs champs d’action sont variés, de la désobéissance civile à la lutte armée, de la non-violence à l’appel insurrectionnel, des semences libres à l’abolition de la peine de mort ou de l’esclavage, de la lutte contre l’ignorance à la lutte contre le viol. D’une action à grande échelle, internationale à une action locale.

Sappho, Marie Le Jars de Gournay, Olympe de Gouges, Louise Michel, Vandana Shiva, Angela Davis, Naomi Klein, Gisèle Halimi, Audrey Hepburn, Simone Veil, Simone Weil, Emma Goldmann, Ada Lovelace, Marie Curie, Margaret Hamilton, Germaine Tillon, Rosa Parks, Rosa Luxemburg, Joan Baez, Lucie Aubrac, Frida Khalo, George Sand, Anna Politkovskaïa, Anna Akhmatova, Sophie Scholl, Aline Sitoé Diatta, Brigitte Bardot, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Greta Thunberg, Carola Rackete, Weetamoo, Solitude, Tarenorerer, Gabrielle Russier // Gandhi, Luther King, Trotsky, Che Guevara, Lumumba, Sankara, Nelson Mandela, Soljenitsyne, Vaclav Havel, Jean Jaurès, Victor Hugo, Victor Jarra, Victor Schoelcher, Aimé Césaire, Pablo Neruda, Jacques Prévert, Primo Levi, Janusz Korczac, Federico Garcia Lorca, Emile Zola, Joseph Wresinski, le dominicain Philippe Maillard, Charles de Gaulle, François Tosquelles, Malcolm X, Célestin Freinet, Jacques Gunzig, Stéphane Hessel, Marcel Conche, Jean Cavaillès, Muhammad Yunus, Socrate, Siddhārtha Gautama, Jésus

Le mal radical étant l’expression de la liberté de l’homme, un choix donc (même si les partisans de l’inconscient freudien et jungien posent que la « mons- truosité » n’est pas choisie mais causée), une attitude possible d’Antigone aujourd’hui serait de dire OUI à tout ce qui existe, y compris le mal radical. Antigone en disant OUI à tout ce qui existe n’extérioriserait pas sa responsabi- lité (c’est la faute de l’autre, de Créon). Tout ce qui existe est en elle et donc elle est co-responsable de tout ce qui existe et co-créatrice de tout ce qui s’essaie. C’est à un travail sur soi qu’Antigone s’attelle pour mettre en lumière dans sa conscience, ses peurs, ses envies, ses jalousies, ses espoirs, ses rêves, ses désirs. Antigone tente de se nettoyer, d’élever sa conscience, de gérer ses émotions (c’est autre chose que de les contrôler, il s’agit de les laisser émerger mais sans y adhérer, en témoin). La méditation est un puissant outil pour ce travail sur soi. À partir de ce travail personnel, spirituel, Antigone agit comme le formulent les deux impératifs kantiens (« agis »). Elle agira sous l’horizon de l’universalité de son action, animée par l’amour inconditionnel de tout ce qui existe, sans jugement. Elle sera animée plus par son devoir concret à accomplir (sa mission de vie exercée avec passion, enthousiasme) que par la défense abstraite du droit naturel.

Elle saura prendre la défense du « monstre » (comme l’avocat Jacques Vergès).

Elle, Il saura proposer des actions « bigger than us ». Elle s’appelle Melati, Indo- nésienne de 18 ans, et agit depuis 6 ans pour interdire la vente et la distribution de sacs en plastique à Bali. Il s’appelle Mahamad Al Joundé du Liban, 18 ans, créateur d’une école pour 200 enfants réfugiés syriens. Elle s’appelle Winnie Tushabé d’Ouganda, 25 ans et se bat pour la sécurité alimentaire des commu- nautés les plus démunies. Il s’appelle Xiuhtezcatl Martinez des USA, 19 ans, rappeur et voix puissante de la levée des jeunes pour le climat. Elle s’appelle Mary Finn, anglaise, 22 ans ; bénévole, elle participe au secours d’urgence des réfugiés en Grèce, en Turquie, en France et sur le bateau de sauvetage Aqua- rius. Il s’appelle René Silva du Brésil, 25 ans, créateur d’un média permettant de partager des informations et des histoires sur sa favela écrite par et pour la communauté, « Voz das Comunidades ». Elle s’appelle Memory du Malawi, 22 ans, figure majeure de la lutte contre le mariage des enfants. Il s’appelle le docteur Denis M., il est gynécologue au Congo, surnommé l’homme qui répare les femmes, Nobel de la paix, menacé de mort. Elle s’appelle Malala Y., à 17 ans elle obtient le Nobel de la Paix pour sa lutte contre la répression des enfants ainsi que pour les droits de tous les enfants à l’éducation. Elle s’appelait Wangari M., surnommée la femme qui plantait des arbres, Nobel de la paix 2004.

Elle s’appelle Michelle du Revest, anime un groupe colibri et un groupe penser l’avenir après la fin des énergies fossiles. Il s’appelle Norbert du Mourillon et Gilet jaune, il anime un atelier constituant (RIC et Constitution). Elle s’appelle Marie de La Seyne, a écrit sur José Marti, soigne des oiseaux parasités par la trichomonose. Il s’appelle Guillaume et après 17 ans dans la rue, il œuvre pour un futur désirable quelque part. Elle s’appelle Chérifa de Marrakech et s’oc- cupe de 47 chats SDF dans sa résidence à Targa Ménara. Il s’appelle Alexandre, a créé son univers auto-suffisant, Le Parédé, et a rendu perceptible le Chant des Plantes au Grand Rex en 2015. Ils s’appellent Aïdée et Stéphane de Puisser- guier et créent un collectif gardien d’un lieu de vie, à Belbèze en Comminges, organisme vivant à part entière, bulle de résistance positive.

Jean-Claude Grosse, Corsavy, 9/9/2020

D'autres mondes de Frédéric Sonntag au Théâtre de Montreuil jusqu'au 9 octobre 2020
D'autres mondes de Frédéric Sonntag au Théâtre de Montreuil jusqu'au 9 octobre 2020
D'autres mondes de Frédéric Sonntag au Théâtre de Montreuil jusqu'au 9 octobre 2020
D'autres mondes de Frédéric Sonntag au Théâtre de Montreuil jusqu'au 9 octobre 2020

D'autres mondes de Frédéric Sonntag au Théâtre de Montreuil jusqu'au 9 octobre 2020

De quoi parler au théâtre aujourd'hui ?

D’autres mondes (Science frictions)

NOUS SOMMES tout ce que nous n’avons pas fait. Notre vie est faite de tout ce que nous n’avons pas vécu. Tous les possibles, toutes les variantes, tous les chemins pas empruntés, toutes les virtualités, toutes les bifurcations. Non seulement un autre monde est possible, mais il est probable. Peut-être même qu’un autre monde, que d’autres mondes, que des infinités d’autres mondes sont bel et bien là, qui coexistent avec le nôtre, lui sont à la fois parallèles, et superposés, et même perpendiculaires, on ne sait pas bien. Houlà. Comment faire une pièce de théâtre avec tout ça ? Avec le principe d’indétermination d’Heisenberg, la physique quantique, les particules élémentaires, le chat de Schrödinger (remplacé ici par un lapin blanc tout droit jailli du pays des Merveilles), les doutes et les tremblements et la magie que la science jette sur notre connaissance du monde, mais aussi le présentisme, qui nous fait ignorer le passé et nous rend aveugles aux multiples possibles que recèle l’avenir ?

L’auteur et metteur en scène Frédéric Sonntag a pris toutes ces questions, et même plus, à bras-le-corps, et cela donne un spectacle qui déborde de partout, plein de vie et d’élans, de chausse-trappes et de prestidigitation, d’acteurs (ils sont jusqu’à neuf sur scène, plus un enfant) et de musique (les neuf acteurs jouent de la guitare, de la trompette, du piano, de la batterie, de l’accordéon, etc.), terriblement bavard (en français et en russe) mais jamais ennuyeux, avec même quelques écrans télé et cinéma en prime (heureusement, pas trop).On y suit les trajectoires entrecroisées de deux hommes, le physicien Jean-Yves Blan-chot (l’épatant Florent Guyot) et le romancier Alexei Zinoviev (l’excellent Victor Ponomarev), qui sont censés avoir travaillé tous deux, dans les années 60, dans leur coin et à leur façon, sur les univers parallèles. Ces deux personnages imaginaires, Sonntag leur construit des biographies plus que plausibles, et les incruste astucieusement dans notre réel. C’est ainsi qu’on pourra assister à une émission d’« Apostrophes » consacrée à la nouvelle science-fiction, avec le vrai Bernard Pivot de 1978, mais avec le faux Zinoviev. Lequel sidère les participants avec cette sortie : « L’un d’entre vous se souvient-il, même confusément, d’une Terre, aux alentours de 1978, qui soit pire que celle-ci ? Moi, oui. » Une scène qui ravira tous les amateurs de science-fiction, lesquels n’ont pas l’habitude de voir leur genre de prédilection ainsi honoré sur scène.Tout ça pour quoi ? Pour nous rouvrir l’imaginaire, combattre l'« atrophie de l’imagination utopique » qui est la nôtre, ridiculiser le très dominant « Tina » (There is no alternative). Ouf, de l’air !

Jean-Luc Porquet• Le Canard enchaîné. 30 septembre 2020.

Au Nouveau Théâtre de Montreuil

1- un retour de Samuel G

Merci Jean-Claude pour cet article

Je comprends parfaitement ce que tu pointes et la nécessité d'aller trouver de l'oxygène ailleurs loin des pouvoirs et des réifications. 
Je partage comme toi cette détestation du pouvoir et rêve parfois (c'est mon défaut) à des systèmes politiques où le pouvoir pourrait circuler et où des espaces de délibération permettrait d'éviter sa confiscation. Mais ces enjeux sont vieux comme les phéniciennes d'Euripide et je comprends qu'on puisse parfois avoir envie d'ailleurs. 
Belle journée et au plaisir, 
 

2 - un retour de Philippe C

Beau texte camarade Jean Claude, très stimulant ! bon ça t’arrive à 80 ans c’est pas un hasard … 

Plaisanterie mise à part, ce retrait du monde que tu prônes et que tu t’appliques, de plus en plus de gens se l’appliquent aussi je pense, ou commencent à y penser…. C’est  dans l’air du temps je crois. Mais je reconnais que ta lucidité fait du bien : que tu te résolves après 60 ans d’activisme à lâcher prise dans une forme de bonheur et de détermination est tout à fait salutaire !  

J’ai commencé à lire Tocqueville « de la démocratie en Amérique », il dit une chose au début du bouquin que la démocratie est un mouvement qui a commencé et qui ne peut plus s’arrêter, qui va tout emporter sur son passage. Il parle du temps long et entend la démocratie par l’affirmation de chacun, si j’ai bien compris. 

Et donc si l’affirmation de chacun est, aujourd’hui, à notre niveau d’évolution démocratique de se retirer de cette grande mascarade, parce qu’il considère qu’on est arrivé à un stade qui ne correspond plus à l’idée qu’on se fait de la démocratie, il se pourrait bien que le système actuel s’effondre tout seul sans combat, ni révolution. 

De la casse, ça il va y en avoir, c’est sûr ! mais n’est-on pas arrivé au bout ?  

Bien sûr il y a la Chine et tous les nouveaux impérialistes et les grandes multinationales ; mon optimisme tendrait à me faire penser qu’ils sont des colosses aux pieds d’argile, vivant uniquement de nos superficialités (consommation, bavardage sur les réseaux, etc…). Et donc si les gens se retirent c’est la fin, et leur stratégie sera bonne pour la poubelle.

 

3 - 

un échange avec le maire du Revest informé de la démarche d'harmonie effectuée à Corsavy.

- c'est une démarche intéressante. Dommage que ça ne mobilise pas davantage

- dans l'état actuel des consciences, ça ne peut pas mobiliser beaucoup, ça mobilise au mieux les créatifs culturels, les cellules imaginatives

- ça a au moins eu le mérite de décrisper la situation provoquée par l'emplacement de la 4G ; avec la 5G, on va être confronté à un sacré problème ; comme les antennes font moins de 15 m, les fournisseurs n'auront pas besoin de demander une autorisation ; la seule façon que nous aurons de réagir sera d'empêcher le raccordement sur le réseau électrique; action en justice du fournisseur...

- quand tu penses que ça sera pour voir des films, des séries, du porno sur son smartphone

- oui et pour jouer; plus de vie sociale, le confinement permanent dans sa bulle virtuelle


 


 

 
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Le Chercheur/Lars Muhl/Flammarion

16 Février 2017 , Rédigé par grossel Publié dans #développement personnel, #J.C.G., #note de lecture

présentation du livre par l'éditeur

présentation du livre par l'éditeur

Le Chercheur

Lars Muhl

Flammarion 2017

C'est sur proposition de Flammarion que je me suis retrouvé lecteur en avant-première de ce 1° tome d'une trilogie de Lars Muhl, O manuscript, comprenant The Seer, The Magdalene, The Grail.

The Seer, Le Voyant, Le Chercheur a été publié en 2012.

Traduit pour la 1° fois en français, Le Chercheur, est le récit d'une série de rencontres initiatiques entre le narrateur et le Voyant. Ayant de lui-même renoncé à une carrière de musicien, ayant renoncé à la plupart des illusions auxquelles aspirent la plupart des gens, réussite, reconnaissance, argent, pouvoir, vivant solitaire et de peu, le narrateur semble avoir atteint le fond car il n'a pas encore pleine conscience de la fausseté des artifices et paillettes qui attirent la plupart.

Il entreprend un voyage en train depuis Copenhague jusqu'en Espagne, voyage décrit en plusieurs épisodes, alternant avec le récit des rencontres, des expériences et leçons données par le Voyant. Entre chaque épisode de ce voyage, des rencontres ou plutôt dans un premier temps, des réponses à des invitations.

Il se rend là où un mystérieux interlocuteur l'invite à se rendre, révélant ainsi une disponibilité propice à l'initiation. Il en a déjà fini avec d'innombrables freins et liens, avec d'innombrables peurs. C'est au pied de Monségur que le mystérieux personnage, le Voyant, va se montrer, lui faisant vivre des montées ardues et des rencontres annoncées.

En grimpant cette montagne réelle, il va découvrir ce pour quoi il est destiné, ce qu'il désire vraiment qui consiste à « être présent en tant qu'être humain », sacrée montagne, autrement plus ardue que celle de Monségur.

L'initiation passe par des expériences, celle du sac à dos que le Voyant charge de pierres réelles, métaphores ou symboles de poids psychiques dont il doit se libérer, se soulager.

Le Voyant a des « pouvoirs » extraordinaires mais prenons le mot « pouvoir » avec précaution puisque ce mot est récusé par le Voyant. Pour un lecteur n'ayant pas été initié, cela ressemble à des pouvoirs. En réalité, c'est parce qu'il se hisse à une conscience nouvelle, plus globale que les niveaux de conscience acquis et transmis, parce qu'il réussit à se rendre isogyne, seulement et pleinement humain, non-déterminé par le genre, non-personnalité, disponible sans limites qu'il est capable de modifier, de transformer l'état de celui qui fait appel à lui, en dernier recours, pour le guérir de sa maladie ou le sortir de son état moribond car il est d'abord malade, il se meurt de ses pensées nocives. Ce sont nos poisons qui nous empoisonnent. Et c'est parce qu'il est en harmonie avec l'univers, qu'il est synchrone avec le flux de la Vie qu'il peut aider l'autre, induire en lui cette harmonie. Il est responsable de cet autre qui se livre à lui. Et peut donc répondre concrètement à la question que puis-je faire pour lui ?

La question de Hamlet, être ou ne pas être, doit retrouver toute sa force de questionnement. Pour être, il faut savoir ce qu'on n'est pas, se purifier, se raffiner, se rendre invisible, gagner en élégance et en humour, (l'humour doit être désarmant et donc me désarmer, surtout quand je me heurte à un obstacle, à un échec ; de lourd, le rendre léger), développer attention et concentration, remplacer l'instinct par l'intuition, devenir un véritable artiste c'est-à-dire être à l'écoute de l'harmonie universelle, en harmonie avec les lois universelles, devenir un danseur cosmique. Ce qu'est sans doute la Dona, la gitane croisée à Malaga dont l'élégance naturelle (elle est l'élégance) éclipse toutes les beautés artificielles qui cherchent à se mettre en valeur sur la Promenade.

De Vinci est décrit comme un ambassadeur de visions, transformant ce qu'il recevait dans un esprit identique à celui contenu dans ce qu'il recevait. L'artiste a pour mission de transformer ce qu'il a reçu avec sa conscience qu'il s'est exercé à aiguiser, à rendre extrêmement sensible, venu de l'humain et du cosmique. Et de lui proposer l'exercice de visualisation de la flamme d'une bougie. Deux sortes de lumières sont évoquées, la lumière bleu gaz qui renvoie à toutes les énergies physiques, la lumière dorée qui renvoie à l'énergie spirituelle.

Pour quelqu'un qui est en recherche spirituelle, ce récit est nourricier. Nombre de leçons, de formules sont audibles, parlantes, incitatives à un travail de dépouillement. Évidemment, on sent des influences venues de l'étude de nombreux textes des traditions et de la mystique. Assez peu de considérations de nature scientifique. Quand cela se produit, ça ne m'a pas semblé convaincant, par exemple les 24 énergies présentes dans une pièce et représentant les mésusages antérieurs de « son » pouvoir par le Voyant.

Pour conclure, ce récit d'initiation n'est pas austère. Le narrateur comme le Voyant sont aussi de bons vivants, aimant bons plats, bons vins, aimant se promener, profiter des lieux comme des gens.

Lars Muhl est entré en 2013 dans la liste Watkins des guides spirituels, le Dalaï Lama en 1° position, Deepak Chopra en 4°, Lars Muhl en 90°. Paulo Coelho est 7°, Jodorowsky, 27°, Benoît XVI, 33°, Rupert Sheldrake, 87°. Aucun des "maîtres" français: Matthieu Ricard, Frédéric Lenoir, Laurent Gounelle, Christophe André, Alexandre Jollien, Jacques Salomé. Bizarre cette liste anglo-saxonne.

On trouve sur you tube des vidéos, hélas aucune en français. Ce livre édité par Flammarion vient donc à propos.

 

Jean-Claude Grosse

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